Oustachis

(en croate « Insurgés »)

Nom donné aux membres d'une organisation nationaliste et terroriste croate, fondée en 1929 par Ante Pavelić.

Dirigés par Ante Pavelić, les Oustachis organise l'attentat contre Alexandre Ier Karadjordjević (9 octobre 1934), au cours duquel le ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou trouve également la mort.

Le 17 avril 1941, le royaume yougoslave du jeune roi Pierre II Karadjordjević s'effondre face à l'offensive allemande. Il est dépecé par les forces de l'Axe. Les Italiens s'approprient le sud de la Slovénie, une partie de la Dalmatie (promise par A. Pavelić à Mussolini, en contrepartie de son aide), le Monténégro. L'Albanie, le Kosovo et l'ouest de la Macédoine sont également réunis au sein d'une grande Albanie sous protection italienne.

L'Allemagne annexe le nord de la Slovénie et une partie de la Vojvodine. Les Bulgares entrent en Macédoine du Vardar et les Hongrois reçoivent, pour leur part, une partie de la Vojvodine, la Baranja et le Medjimurje (Croatie) ainsi que le Prekmurje (Slovénie).

L'État indépendant de Croatie

Quatre jours après l'invasion allemande est proclamé à Zagreb l'État indépendant de Croatie (Nezavisna Država Hrvatska, NDH), qui englobe une large part de la Croatie (amputée de la Dalmatie) et de la Bosnie-Herzégovine. A. Pavelić, chef des Oustachis, se désigne immédiatement Poglavnik (l'équivalent du Duce de l'Italie fasciste ou du Führer de l'Allemagne nazie) et prend la tête de la nouvelle entité.

Membre de l'aile radicale du parti croate du Droit (HSP, formation nationaliste croate qui s'opposait depuis le xixe s. aux projets de yougoslavisme), Pavelić met rapidement en place un ensemble de lois racistes et xénophobes, en s'appuyant sur une idéologie nationaliste et cléricale. La hiérarchie catholique reconnaît le gouvernement du nouvel État, qui regroupe 6,5 millions d'habitants, dont une moitié de Croates catholiques, plus 2 millions de Serbes orthodoxes, et 700 000 musulmans considérés comme des catholiques convertis et qualifiés par le nouveau régime de « fleur de la nation croate ».

Une « grande Croatie » ethniquement pure

Le but de A. Pavelić est de constituer une « grande Croatie » ethniquement pure. Les Tsiganes sont systématiquement éliminés. Des mesures antisémites sont imposées par les nazis et reprises par les Oustachis, même si l'un des dirigeants historiques du HSP, Josip Frank (1844-1911), est Juif. Plusieurs dizaines de milliers de Juifs sont exterminés. Quant aux Serbes, le programme de Pavelić prévoit qu'un tiers d'entre eux doit s'assimiler (se convertir au catholicisme), un tiers doit être expulsé et le tiers restant disparaître.

Le camp de Jasenovac

Dès le mois de mai 1941, les campagnes d'élimination commencent. Quelque 300 000 Serbes sont massacrés sur le territoire du NDH par les Oustachis. Les opposants politiques, les résistants et les Tsiganes sont déportés et éliminés à Jasenovac, le plus grand camp de concentration de la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans.

Le massacre de Bleiburg (mai 1945)

Les forces oustachies sont combattues en Croatie et en Bosnie-Herzégovine par les Tchetniks serbes, et par les partisans du maréchal Tito qui finissent par mettre à bas le régime de Pavelić. Des dizaines de milliers de rescapés (civils, Oustachis et conscrits de l'armée régulière croate) sont massacrées en mai 1945 par les partisans, à Bleiburg, à la frontière entre l'Autriche et la Slovénie, alors qu'ils tentaient de fuir la progression des forces titistes.

Survivance et instrumentalisation

Plus de soixante ans après la fin des combats, le nombre des victimes du régime oustachi reste l'objet de débats idéologiques acharnés. Ainsi, lorsque le président croate, Franjo Tudjman, évoque le chiffre de 30 000 morts à Jasenovac et celui de 110 000 victimes du régime oustachi, certains propagandistes serbes parlent de 1 million de morts dans le seul camp de Jasenovac.

Les souvenirs de ces massacres sont instrumentalisés par les nationalistes arrivés au pouvoir au début des années 1990 dans les différentes républiques de l'ex-Yougoslavie et contribuent à justifier les guerres entreprises. Largement utilisé pour disqualifier les nationalistes croates, le terme oustachis est toujours revendiqué de manière positive par les milieux les plus radicaux.

Pour en savoir plus, voir l'article Yougoslavie.