Cyrénaïque

Partie nord-orientale de la Libye.

GÉOGRAPHIE

Appliqué naguère à une vaste province (885 000 km2) réunissant à la région côtière tout son arrière-pays saharien (une des trois provinces du pays avec la Pour en savoir plus, voir l'article Tripolitaine et le Fezzan), le terme doit être réservé à la région de la Cyrénaïque propre, c'est-à-dire à la partie littorale, colonisée par les Grecs dans l'Antiquité, autour de Cyrène. Les villes principales sont situées sur la côte, de Benghazi à El-Beida et à Tobrouk, vers la frontière égyptienne.

La Cyrénaïque se présente sous la forme d'un dôme calcaire (essentiellement tertiaire, avec pointements crétacés), fortement karstifié (nombreuses dolines remplies d'argile de décalcification), découpé par des failles en plateaux étagés (plaine côtière, plateau de Barka à 200-300 m, plateau de Cyrène à 450-600 m, avec sommets à 880 m), qui accroche les précipitations méditerranéennes (jusqu'à plus de 500 mm annuels sur le plateau supérieur) et dont le couvert végétal forestier (chênes et pins), souvent transformé en maquis, lui a valu son nom arabe de djebel Akhdar (« la Montagne verte »).

La Cyrénaïque avait abrité dans l'Antiquité une population sédentaire dense, avec des villes prospères. Elle fut totalement submergée par les invasions nomades arabes à partir du xie s., et ne comptait au début du xixe s. que deux agglomérations permanentes, Benghazi et Derna, auxquelles la réoccupation ottomane, à partir de 1835, ajouta quelques forts, qui, avec les zawiya (lieux de culte) de la confrérie senousi, constituèrent les premiers points de cristallisation des tribus, amorce d'un réseau urbain renaissant. Après l'intermède de la colonisation de peuplement italienne (essentiellement à partir de 1930 et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale), les Bédouins avaient repris leurs anciens parcours (restreints pour ceux de la plaine côtière du Nord ; beaucoup plus amples sur le plateau, où les tribus ne passaient que la saison chaude, près de leurs cultures, descendant d'automne au printemps vers le revers intérieur saharien), jusqu'à la fortune pétrolière récente de la Libye, qui a permis d'accélérer leur fixation par la construction massive de logements en dur.

HISTOIRE

La Cyrénaïque tire son nom de la ville de Cyrène. Dans son sens le plus large, elle englobait tout l'ensemble du pays de Barqa, de la Grande Syrte au golfe de Solloum, et du littoral de la Méditerranée au groupe des oasis d'Awdjila. La Pentatole cyrénaïque comprenant les cités de Cyrène, Apollonia (Marsa Susa), Ptolémaïs (Toltmeita), Teuchira-Arsinoé (Tocra) et Euhesperides-Bérénice (Benghazi).

Province romaine prospère jusqu'à la révolte juive de 45, la Cyrénaïque tombe, avec l'Égypte, dans la mouvance arabo-musulmane à la suite de deux campagnes dirigées en 642 et 643 par le calife Umar Ier. La conquête ottomane (1551) ouvre une période d'agitation. En 1711, un notable d'origine turque, Ahmed Pasa Karamanh, rejette la suzeraineté ottomane et fonde une dynastie qui règne sur la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan jusqu'en mai 1835, date à laquelle la Porte intervient pour établir son autorité. Colonie italienne en 1912, elle fut rattachée à la Libye italienne en 1934. L'Italie ayant renoncé à ses colonies (traité de Paris, 1947), la Cyrénaïque, sous administration britannique depuis 1942, reçut son autonomie sous la présidence de l'émir Idris al-Sanusi (Constitution de 1949). Depuis 1951, elle fait partie de la Libye.

Pour en savoir plus, voir l'article Libye.