Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Dans ce contexte, Jean-François Copé, porte-parole d'un gouvernement de droite, évidemment pris à partie par le rassemblement, a beau jeu de stigmatiser le « retour d'une extrême gauche organisée surfant sur les appréhensions engendrées par la mondialisation » et voulant « paralyser la société française ». Il n'empêche que le mouvement mobilise au-delà des extrêmes, notamment chez les jeunes, qui trouvent là un mélange d'utopie et d'enthousiasme, pour l'heure absent des partis de l'ancienne « gauche plurielle » étrangement atone. D'ailleurs, les organisateurs de « Larzac 2003 » ne comptent pas s'arrêter là. « Il faut construire un discours global de dénonciation et de revendications concrètes », explique Jean-Émile Sanchez, secrétaire général de la Confédération paysanne, « car le lien entre les revendications du printemps et les exigences de l'OMC, c'est la marchandisation de toutes les activités humaines, y compris les services ».

Certes, José Bové a affirmé plusieurs fois n'avoir aucune ambition politique. Mais Jacques Nikonoff, qui a succédé à Bernard Cassen à la présidence d'Attac après avoir quitté la direction du Parti communiste, a peut-être d'autres vues pour le mouvement altermondialiste. « Après le Larzac », affirme-t-il, « Attac se fixe deux objectifs : déconstruire l'idéologie néolibérale et réaliser un rassemblement majoritaire pour y parvenir ». De là à parler d'une nouvelle nouvelle gauche...

Benjamin Bibas

Militant, tu ne teuferas point

Sur le Causse s'est tenue le 15 août une autre forme de mobilisation collective, moins politique, mais également susceptible d'attirer des dizaines de milliers de jeunes : le Teknival, grande rave party dans la nature où les « teufeurs » « s'éclatent » pendant toute une nuit au son de la musique techno. Au départ, la fête devait avoir lieu dans le camp militaire du Larzac. Les conditions de sécurité n'étant pas réunies, le ministère de l'Intérieur a voulu réquisitionner les terrains agricoles privés utilisés le week-end précédent pour le rassemblement altermondialiste. Impossible, a répondu José Bové, évoquant des « questions de lisibilité ». Une habitante locale était plus explicite : « Ce n'est pas le même genre de public. On passe de gens responsables à des personnes qui ne respectent rien. » Visiblement moins appréciés que les altermondialistes, les teknivaliers ont dû se résoudre à faire la fête au bord de l'autoroute A 75 en cours d'achèvement.