Journal de l'année Édition 2004

Du 01 janvier 2003 au 31 décembre 2003

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • Le 40e anniversaire du traité de l'Élysée

      Cette relance spectaculaire de la coopération franco-allemande s'arrêtera-t-elle aux développements de l'affaire irakienne ou bien trouvera-t-elle dans les conditions de l'élargissement de l'Union européenne matière à se maintenir ? Jamais, depuis l'arrivée au pouvoir du leader social-démocrate Gerhard Schröder à la chancellerie allemande en 1998, le couple franco-allemand n'a semblé fonctionner aussi bien. Les manifestations organisées pour célébrer le 40e anniversaire de la signature entre le chancelier Konrad Adenauer et le président Charles de Gaulle, le 17 janvier 1962, d'un traité d'amitié et de coopération qui a fait date dans l'histoire diplomatique ont témoigné d'un sens du symbolique complexe : la réunion d'un conseil des ministres commun aux deux gouvernements s'est poursuivie à Versailles par celle de l'Assemblée nationale et du Bundestag, dans ce lieu hautement chargé d'histoire pour les deux pays. De ce palais, la monarchie française a exercé un temps un magistère culturel sur tous les princes allemands et a parfois lancé des ordres terribles contre des Allemands, si l'on se rappelle les destructions du Palatinat. C'est aussi dans ce palais que s'est exprimée pour la première fois une Allemagne unifiée par la proclamation triomphale de l'empire, en 1871, achevant de faire des deux pays des ennemis héréditaires. Et c'est encore dans ces lieux que la revanche a résonné tragiquement : comme l'a rappelé la presse d'outre-Rhin, Versailles est synonyme de malheur, la honte de Versailles, la « Versaillesschande », le traité de paix imposé en 1919.

    • Vote de dépit en Israël

      Victoire ambiguë du Likoud, défaite annoncée du Parti travailliste, percée inattendue d'un parti champignon, le Shinouï : les résultats des élections législatives du 28 janvier reflètent assez fidèlement l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui Israël. Impasse d'autant plus grave que les urnes ne semblent pas être, précisément, le moyen d'en sortir. Les électeurs en sont conscients : le taux de participation – 67,8 % – est le plus bas jamais enregistré depuis la création de l'État hébreu. Comme si ce scrutin ne pouvait en aucune façon contribuer au règlement des problèmes économiques et de sécurité auxquels se trouve confronté Israël.

    • Christine Malèvre, une infirmière seule face à ses juges

      Depuis, desservie par une médiatisation excessive et des rapports psychiatriques, l'égérie de la cause de l'euthanasie est apparue comme une « tueuse en série » devant répondre de 7 « assassinats » devant le tribunal de Versailles le 20 janvier. Cette évolution pèsera lourdement dans le verdict des jurés qui la condamnent à dix ans de réclusion criminelle le 31 janvier.

    • Columbia : seconde catastrophe pour la navette américaine

      Le 1er février, au terme d'une mission scientifique de seize jours qui s'est parfaitement déroulée, Columbia s'apprête à regagner la Terre avec son équipage de sept astronautes et, dans sa soute, le module de recherche Spacehab. L'atterrissage sur la piste du Centre spatial Kennedy, à cap Canaveral (Floride), est attendu à 14 h 16 UT. Une heure auparavant, au-dessus de l'océan Indien, l'équipage a, selon la procédure habituelle, procédé à l'allumage des moteurs pour que l'appareil, volant alors à 28 000 km/h, réduise sa vitesse, décroche de son orbite et amorce sa descente en vol plané dans l'atmosphère. À partir de 13 h 54, alors que l'engin est en plein freinage aérodynamique, les ingénieurs au sol commencent à recevoir des informations anormales : il y a d'abord une perte de données des capteurs de température dans les systèmes hydrauliques des gouvernes de l'aile gauche, puis la perte des mesures de pression des pneus sur le train d'atterrissage gauche, enfin l'indication d'une surchauffe anormale de l'aile gauche, constatée également par l'équipage. À 14 h UT (9 h en Floride, 15 h en France), les communications entre la navette et le sol s'interrompent brutalement, tandis que Columbia survole le Texas, à 63 km d'altitude, à la vitesse de 20 000 km/h. Au sol, les curieux qui suivent la course de l'engin dans le ciel observent sa désintégration : près de vingt-deux ans après sa mise en service, et au retour de son 28e vol dans l'espace, Columbia disparaît avec ses occupants en un feu d'artifice tragique.

    • Dialogue difficile entre Paris et Londres

      Initialement prévu le 3 décembre 2002, le sommet franco-britannique du Touquet s'est tenu le 4 février, maintenant les fils ténus d'un dialogue qui, pour avoir le mérite d'exister, n'en confirmera pas moins des divergences irréductibles sur les grandes orientations de politique étrangère. Provoqué officiellement par les désaccords sur la Politique agricole commune (PAC), ce report n'aura guère permis d'apaiser les tensions. Le fossé n'a cessé de se creuser entre Paris et Londres alors que la Grande-Bretagne s'associe activement aux préparatifs de guerre engagés contre le régime de Bagdad par George W. Bush.

    • Bernard Loiseau

      Le suicide de Bernard Loiseau a signé le triomphe paradoxal de la haute gastronomie française. Aussitôt qu'elle a été connue, la mort du grand chef du restaurant La Côte d'Or, à Saulieu, a fait non seulement la une de tous les grands journaux français, et notamment la couverture du plus people des magazines que compte la presse hexagonale, Paris Match, mais aussi celle du New York Times, du Los Angeles Times et même du South China Morning Post à Hongkong. Jamais un événement de ce type n'avait eu un tel retentissement. On était le lundi 24 février, à moins d'un mois du déclenchement de la seconde guerre du Golfe, et alors que le monde était suspendu aux faits et gestes de George W. Bush et de Saddam Hussein, le geste singulier d'un cuisinier français se donnant la mort recevait de la part des médias une couverture équivalente. La personnalité et le talent de Bernard Loiseau y entraient certes pour beaucoup. Mais l'importance accordée à cet événement semblait dépasser la personne même de Bernard Loiseau et signaler que la haute gastronomie, un plaisir réservé pourtant à une toute petite élite, s'était élevée dans la civilisation occidentale d'aujourd'hui au rang d'un art majeur, presque d'une religion. Et que la mort provoquée d'un de ses grands prêtres ne pouvait laisser personne indifférent, même parmi la vaste majorité de ceux qui n'avaient jamais goûté sa cuisine.

    • Lagardère, de père en fils

      Tout commence en 1928 dans le Gers. Jean-Luc naît dans une famille gasconne, dont le père, ingénieur, officiera plus tard au sein de l'Office national d'études et recherches aérospatiales. Le jeune homme héritera donc de la passion paternelle pour les avions et suivra sans peine des études techniques à l'école Supélec, dont il sort diplômé au tournant des années 1950. Il entre alors chez Dassault. Jean-Luc, sportif au physique avantageux, est un homme pressé. Il a rencontré Sylvain Floirat et Marcel Chassagny, dirigeants de la société Matra, fournisseur de Dassault en matériel électronique. Il les rejoint en 1963 et, avec eux, il va faire de Matra sa rampe de lancement. Dans les années qui suivent, la société va s'imposer dans le domaine du matériel militaire et participer au lancement du premier satellite français, Astérix, comme à celui de la première fusée française, Diamant, en 1965. De quoi confirmer chez le fougueux ingénieur la fibre nationale et la volonté de devenir un grand opérateur industriel.

    • Chronique d'une guerre annoncée

      Sur fond de préparatifs militaires, la bataille diplomatique fait rage à l'ONU, où le camp de la paix veut laisser ses chances au processus de désarmement, Américains et Britanniques cherchant à rallier une coalition mandatée par l'ONU autour d'une guerre dont le but avoué est le renversement de Saddam Hussein autant que la neutralisation des armes de destruction massive qui lui sont imputées. Déclenchée le 20 mars, la guerre devra se passer d'une caution de l'ONU, qui sort très affaiblie de cette longue crise.

    • Kyoto entre deux eaux

      Ce fut l'une des images les plus diffusées du conflit en Irak, et elle avait aussi sa part d'ironie. Comment oublier ce gamin irakien de Bassora, le visage en pleurs, tendant sa gourde pour quémander à boire, à travers un grillage, à des soldats américains impuissants ? Du 16 au 23 mars, au moment où les premiers missiles Tomahawk pleuvaient sur Bagdad et détruisaient au passage quelques infrastructures hydrauliques irakiennes, plus de 10 000 représentants venus de 160 pays se réunissaient à Kyoto (Japon) à l'occasion du IIIe Forum mondial de l'eau, après ceux de Marrakech (1997) et La Haye (2000).

    • Un mathématicien français inaugure le prix Abel

      Ce prix, qui porte le nom du mathématicien norvégien Niels Henrik Abel dont on marquait le bicentenaire de la naissance en 2002, consacre la longue carrière du chercheur français de soixante-dix-sept ans dont les travaux sur les mathématiques abstraites, qui ont trouvé d'importantes applications, ont déjà été couronnés par de nombreux prix.

    • Les chars américains à Bagdad

      Mettant un terme à trois semaines d'une guerre qui a laminé l'armée irakienne, la bataille de Bagdad assure aux Américains et aux Britanniques le contrôle de l'Irak. Mais ils peinent à mettre en place une administration provisoire, en butte à une situation d'anarchie provoquée par des pillages et à l'hostilité d'une grande partie de la population, tandis que commence à l'ONU une autre bataille pour faire accepter le fait accompli à la communauté internationale.

    • Proche-Orient : Abou Mazen sort de l'ombre

      D'une façon assez incompréhensible, lorsque Abou Mazen a accepté le 19 mars de devenir le premier Premier ministre de l'Autorité palestinienne, la presse internationale a parlé d'avènement au pouvoir d'un inconnu. Peu connu, Abou Mazen l'était certes du grand public, qui ne l'avait jamais vu évoluer sur le devant de la scène. Mais les observateurs qui s'intéressent au conflit israélo-arabe avaient plus d'une fois entendu parler de cet homme de l'ombre qui, dès les années 1960, a joué un rôle crucial dans le mouvement national palestinien.

    • Nestor Kirchner prend les rênes de l'Argentine

      L'arrivée d'un chef de l'État issu des urnes a mis un terme à une parenthèse institutionnelle de dix-sept mois. On se souvient que son prédécesseur, Eduardo Duhalde, n'avait pas été élu, mais désigné par le Congrès le 1er janvier 2002 dans une Argentine au bord du chaos.

    • Attentats terroristes au Maroc

      Les attaques à la bombe et à la voiture piégée ont frappé pour l'essentiel des restaurants, un hôtel, mais aussi un centre culturel juif et le consulat de Belgique de la ville. Une dizaine de kamikazes ont trouvé la mort et trois suspects, tous de nationalité marocaine, ont été arrêtés par la police. Les attentats se sont produits alors que les Marocains vivaient, depuis une semaine, au rythme des festivités organisées à l'occasion de la naissance, le 8 mai, du prince héritier Moulay Al-Hassan, premier fils du roi Mohammed VI. Interrogé sur un éventuel rapport entre les attentats de Casablanca et ceux de Riyad (Arabie saoudite) qui avaient fait 34 morts le 12 mai, selon un bilan saoudien, Moustapha Sahel, le ministre de l'Intérieur, a souligné « la concomitance et la similitude du mode opératoire » entre ces deux séries d'actions. Le ministre a également affirmé que le but visé par les terroristes était de porter atteinte au processus démocratique au Maroc et à son « pluralisme » politique. « Le Maroc ne se laissera pas intimider par ceux qui ont choisi de tuer des innocents », a-t-il ajouté.

    • Tremblement de colère en Algérie

      La terre algérienne a souvent tremblé, ces dernières années. Mêlées à celles des violences islamistes qui continuent d'ensanglanter le pays, les images de destructions, de désolation et de colère produites par les séismes récurrents ont fini par se banaliser. Le tremblement de terre qui a dévasté la région située à l'est d'Alger, le 21 mai, est toutefois d'une ampleur exceptionnelle. Près d'un demi-siècle après le séisme catastrophique d'Orléansville, demeuré dans toutes les mémoires, la catastrophe s'est rapidement avérée la plus destructrice et la plus meurtrière depuis la secousse qui avait rasé El-Asnam en octobre 1980. La magnitude du séisme a atteint 6,7 sur l'échelle de Richter au plus fort de la secousse, dont la force tenait à la faible profondeur : une dizaine de kilomètres de la surface seulement. L'épicentre du séisme a été localisé au niveau de la ville de Thenia, à 70 km à l'est de la capitale, mais sa violence a été ressentie d'Alger à la Kabylie et jusqu'à la côte espagnole.

    • Un printemps social agité sur fond de réforme des retraites

      Malgré six semaines d'un mouvement social sans précédent depuis 1995, le projet de loi est approuvé en Conseil des ministres le 28 mai et soumis le 10 juin à l'Assemblée, où l'opposition prend le relais des syndicats pour batailler contre un texte que le gouvernement veut faire entériner avant les vacances parlementaires.

    • George Bush à la recherche de la paix au Proche-Orient

      Le processus de paix au Proche-Orient a rattrapé George W. Bush qui, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2001, avait pris soin de se tenir à l'écart de ce dossier comme des grands sujets de politique étrangère dont il prétendait pouvoir s'exonérer, en orientant les États-Unis sur la voie d'un protectionnisme qui les aurait mis à l'abri du tumulte du monde, tout en leur permettant de continuer à en assumer le leadership économique. Mais le repli sur soi n'était plus de mise alors que le monde se rappelait violemment aux États-Unis avec les attentats du 11 septembre 2001, qui ont contraint le président américain à changer son fusil d'épaule et à accorder la priorité à une politique étrangère qui s'apparente à celle de la canonnière, au service de la sécurité du pays menacée par le terrorisme international.

    • Les Britanniques toujours sceptiques face à l'euro

      S'il a donc été une fois encore reporté, cet objectif s'inscrit néanmoins toujours à l'horizon du mandat de Tony Blair, qui s'est engagé personnellement en faveur de l'adoption de la monnaie européenne. Après la participation controversée de l'armée britannique à la guerre contre l'Irak, c'est un nouveau défi que devra relever le Premier ministre, en ayant raison du scepticisme tenace de l'opinion à l'égard de l'euro, qui doit faire l'objet d'un référendum dont le cadre sera défini à l'automne, et plus généralement de l'Europe.

    • La réforme de la PAC

      Au terme de trois semaines de négociations souvent houleuses, les ministres de l'Agriculture des Quinze sont parvenus le jeudi 26 juin à un accord qui doit entrer en vigueur dès janvier 2005. Présentée par la Commission européenne en juillet 2002, la réforme fait écho aux récriminations des pays en voie de développement concernant les distorsions de la concurrence. Elle devrait permettre de glisser d'un modèle d'agriculture productiviste à une approche plus écologique et qualitative en entérinant notamment le principe de découplage des aides financières du volume de la production (versement d'un paiement unique aux exploitations, indépendamment des quantités et des denrées produites). Ces aides seraient désormais conditionnées au respect de critères environnementaux, sanitaires et sociaux. Seul le Portugal, opposé au volume des quotas de lait pour les Açores, continuait à s'opposer à l'accord au lendemain de sa signature.

    • Corse : la réforme en panne

      « Approuvez-vous les orientations proposées pour modifier l'organisation institutionnelle de la Corse ? » Appelée le 6 juillet à se prononcer sur cette question posée par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, la Corse est ressortie profondément divisée de ce référendum régional, le premier du genre jamais organisé en France, le « non » emportant la faveur des électeurs corses, par 50,98 % des suffrages.

    • Un été sans festivals

      Le protocole d'accord a été signé par trois organisations patronales (le MEDEF, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, ou CGPME, et l'Union professionnelle artisanale, ou UPA) et trois syndicats, la CFDT, la CFTC et la CGC. La CGT et FO refusant de parapher le texte. Selon le régime des intermittents du cinéma, de l'audiovisuel et du spectacle, le nombre des bénéficiaires a doublé en dix ans. Ainsi, plus de 75 000 personnes ont été indemnisées en 2002 sur un total de 135 000 salariés cotisants. Mais, alors qu'en 2002 les dépenses s'élevaient à 952 millions d'euros, les recettes plafonnaient à 124 millions. Soit un déficit de 828 millions d'euros. Refusant catégoriquement un nouveau statut, qu'ils jugent discriminatoire, des milliers d'intermittents s'organisent, se fédèrent en collectifs et optent pour l'annulation hautement symbolique du Festival d'Avignon le 10 juillet.

    • L'affaire Kelly

      Le 17 juillet, le docteur David Kelly, cinquante-neuf ans, expert en armes bactériologiques du ministère de la Défense, quitte son domicile d'Abingdon dans l'Oxfordshire, à quelque 70 km à l'ouest de Londres. Le lendemain matin, les policiers découvrent à proximité de la propriété un cadavre correspondant à sa description. Le docteur David Kelly a succombé à une hémorragie après s'être tranché les veines. Une semaine auparavant, ce scientifique mondialement connu, avait été appelé à témoigner dans l'affaire des armes de destruction massive (ADM) de Saddam Hussein, sur la possession desquelles Tony Blair avait justifié, le 3 septembre 2002, l'engagement du Royaume-Uni dans la guerre contre l'Irak.

    • Trintignant-Cantat

      Alors qu'elle achevait le tournage de Colette, un téléfilm pour France 2, à Vilnius, en Lituanie, sous la direction de sa mère Nadine et de son frère Vincent, premier assistant réalisateur, la comédienne française Marie Trintignant a été hospitalisée le 27 juillet, dans un état jugé sérieux, après une dispute survenue pendant la nuit dans une chambre de l'hôtel Domina Plaza occupée par son ami Bertrand Cantat, le chanteur du groupe rock français Noir Désir.

    • Les altermondialistes au Larzac

      En France, l'altermondialisme a le vent en poupe. Début juin, il y a eu la grande manifestation d'Annemasse (Haute-Savoie), où environ 100 000 personnes sont venues crier leur rejet du G8 rassemblé non loin de là, à Évian. Début novembre, Paris et Saint-Denis ont accueilli des délégations altermondialistes venues d'Europe entière pour le deuxième Forum social européen, déclinaison continentale du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil). Entre-temps, du 8 au 10 août, ce sont près de 300 000 militants qui se sont rendus à L'Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), pour manifester notamment leur défiance vis-à-vis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont une réunion allait se tenir un mois plus tard à Cancún (Mexique).

    • La mollarchie iranienne en sursis ?

      Au printemps 2003, un événement est passé inaperçu : au cours du scrutin local, les réformateurs iraniens ont subi leur première défaite électorale depuis que leur chef, l'actuel président de la République islamique Mohammad Khatami, a accédé au pouvoir en 1997. Les Iraniens ont ainsi signifié leur lassitude quant à la lenteur des changements politiques dans un pays où les principaux leviers du pouvoir sont encore contrôlés par le clergé chiite conservateur et le Guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei.

    • Un été meurtrier

      Les maladresses des pouvoirs publics face à ce drame national ainsi que le silence du chef de l'État jusqu'à son retour de vacances le 20 août ont été à l'origine d'une grave crise politique, qui s'est amplifiée à mesure que s'alourdissait le bilan des victimes. Après les turbulences sociales du printemps, la crise de la canicule constitue une nouvelle épreuve pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, auquel elle ne laissera décidément pas de répit avant une rentrée sociale et politique qui s'annonce agitée.

    • L'OMC soigne son image avec les médicaments génériques

      À dix jours de son sommet de Cancún, l'Organisation mondiale du commerce a été soupçonnée de vouloir rehausser son crédit grâce à cet accord qui a d'ailleurs suscité des critiques parmi certaines organisations, en raison des difficultés liées à son application.

    • Le bourbier irakien

      L'entrée des troupes américaines à Bagdad, la révélation de l'ampleur des crimes perpétrés par le régime de Saddam Hussein, les images des populations accueillant en libérateurs GI et marines ont incontestablement concouru à modifier les perspectives et à brouiller les mémoires. Dans le miroir déformant de la victoire, les âpres débats sur le bien-fondé même de la guerre, la question de sa légitimité dès lors que les États-Unis avaient choisi de se passer de la bénédiction de l'ONU, sa justification par la présence hypothétique d'armes de destruction massive – sans oublier les liens supposés du régime de Saddam Hussein avec le réseau al-Qaida –, de tout cela, il ne restait rien. Ou presque. Ceux-là mêmes, simples citoyens, intellectuels, politiques, qui s'étaient élevés contre l'intervention américaine paraissaient ébranlés par la nouvelle donne. La guerre en Irak devenait l'objet d'un étonnant escamotage : croisade américaine aux forts relents d'unilatéralisme manichéen, elle trouvait sur le terrain, avec l'écroulement du régime de Bagdad, une fin aux accents humanitaires. La planète ne venait-elle pas d'être débarrassée d'un tyran de la pire espèce ? Dans ses fourgons, l'armée des États-Unis n'apportait-elle pas la Liberté ? La messe semblait dite, et seules quelques Cassandre se risquaient à évoquer un parallèle avec les armées de Napoléon, qui, pour avoir voulu exporter les idéaux de la Révolution, n'avaient fait que réveiller les nationalismes, ici et là, dans l'Europe des rois et des princes.

    • Le pape nomme trente nouveaux cardinaux

      Au terme de la cérémonie d'investiture qui se déroulait à Rome le 21 octobre, 26 des nouveaux prélats devaient rejoindre le collège composé désormais de 135 électeurs chargés de désigner en conclave le prochain pape à la succession de Jean-Paul II. Le pape entend toutefois accomplir sa mission jusqu'à la fin, c'est-à-dire tant que « les forces du corps et de l'esprit » le lui permettront.

    • Bolivie, la « guerre du gaz »

      Mouvement de protestation contre le projet du gouvernement d'exporter le gaz naturel bolivien vers le Mexique et les États-Unis via un port chilien, la « guerre du gaz » a commencé à mobiliser, à partir de la mi-septembre, la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, les cocaleros (cultivateurs de coca) du charismatique Indien quechua Evo Morales, député du Mouvement vers le socialisme (MAS, deuxième force parlementaire) et la Centrale ouvrière bolivienne, la COB, principal syndicat du pays. Très rapidement, des collectifs de professeurs, d'étudiants, de commerçants, de mineurs, ainsi que des comités de quartier sont venus grossir les rangs des mécontents.

    • Le premier Chinois dans l'espace

      Lancé à 1 h UT (9 h locales) de la base de Jiuquan, dans le désert de Gobi, en Mongolie intérieure, par une fusée Longue Marche-2F, le vaisseau Shenzhou (Vaisseau divin, en chinois), un engin triplace de 8,5 m de long et pesant 7,8 t qui ressemble beaucoup au Soyouz russe, est d'abord placé sur une orbite de 250 km de périgée et 350 km d'apogée, inclinée de 42,4° sur l'équateur. Suivi par un réseau de stations de télécommunications situées en Chine, en Namibie et en Océanie ainsi que par quatre navires de poursuite (deux dans le Pacifique, un dans l'Atlantique et un dans l'océan Indien), il se cale ensuite sur une orbite circulaire à 343 km d'altitude. Au terme de 14 révolutions autour de la Terre, le module orbital est largué, puis la capsule habitée entame sa descente vers le sol en freinant. À 145 km d'altitude, avant la traversée des couches denses de l'atmosphère, le module de propulsion est largué à son tour. Lorsque la capsule parvient à 10 km d'altitude, son parachute principal (d'une surface de 1 200 m2) s'ouvre. À un mètre du sol, des moteurs sont allumés pour réduire la vitesse d'atterrissage à 2-3 m/s. La capsule se pose finalement à 22 h 23 UT, à 4,8 km du point prévu, à quelque 350 km au nord-ouest de Pékin. Treize minutes plus tard, l'équipe de récupération arrive sur place. Un quart d'heure après, Yang Liwei sort de son habitacle. Jugé en parfaite santé par les médecins, il est aussitôt emmené à Pékin, où une cérémonie est organisée en son honneur.

    • Le terrorisme déclare la guerre à la Turquie

      Dans la matinée du 15 novembre, les quartiers commerçants de Galata et de Sisli à Istanbul sont secoués presque simultanément par deux énormes explosions : devant les deux synagogues dévastées de Beth Israël et de Neve Shalom, d'immenses cratères laissés par les camionnettes piégées utilisées par les kamikazes, attestent la violence des attentats. Les 400 kg d'explosifs dont étaient truffés les véhicules devaient tuer le plus de monde possible, en ce jour de shabbat qui réunissait de nombreux fidèles juifs dans ce quartier d'Istanbul où la communauté israélite, qui compte quelque 27 000 personnes, cohabite depuis cinq siècles avec les musulmans.

    • Coup de théâtre en Géorgie

      Douze ans après l'indépendance, cette fin de règne sans effusion de sang et dans la liesse marque un nouveau départ pour la Géorgie, sans pour autant clarifier l'avenir d'un État morcelé et au bord de la faillite, tiraillé entre sa volonté de s'ancrer en Occident et les pressions de la Russie. Un peu plus de deux semaines après l'Azerbaïdjan, où le scrutin présidentiel controversé remporté par Ilham Aliev, le fils du président sortant, avait été suivi de manifestations violemment réprimées, la Géorgie a connu un scénario similaire.

    • Le pacte de Genève : un plan de paix virtuel pour le Proche-Orient

      C'est un étrange document qui a été rendu public, en présence de nombreuses personnalités internationales, le 1er décembre à Genève. Signé quelques semaines plus tôt sur les rives de la mer Morte en Jordanie, le « pacte de Genève » revêt tous les atours d'un plan de paix définitif entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). L'accord se fonde sur les « paramètres Clinton » qui avaient présidé aux négociations entre le gouvernement israélien d'Ehoud Barak et l'Autorité palestinienne lors des sommets de Camp David (États-Unis), en juillet 2000, et de Taba (Égypte), en janvier 2001. En une cinquantaine de pages, il entend donner une réponse acceptée par les deux parties aux trois questions les plus délicates du conflit : les frontières entre Israël et un nouvel État palestinien, le statut de Jérusalem et l'avenir des réfugiés.

    • Un vote de routine pour Poutine

      Un scrutin sans surprise, donc. Si les communistes apparaissent en net recul, ils représentent toutefois la seule véritable opposition, les libéraux n'ayant pu avoir accès à la Douma. Couronnant une campagne aux accents nationalistes, sur fond de guerre contre le terrorisme tchétchène, puis contre les oligarques, cette victoire permet à Poutine d'aborder avec sérénité les présidentielles de mars 2004 et confirme la dérive autoritaire du pouvoir en Russie.

  • Dossiers Art et Culture
    • Sras, la planète en alerte

      Le 12 mars 2003, l'institution internationale a eu recours à cette procédure exceptionnelle pour signaler « une forme grave et atypique de pneumonie au Viêt Nam, à Hongkong et dans la province de Canton, en Chine ». La maladie émergente que le monde va bientôt connaître sous le sigle Sras (pour « Syndrome respiratoire aigu sévère ») s'est répandue en quelques semaines à travers la planète par le truchement des voyages aériens. La flambée épidémique aura atteint 8 098 personnes, dont 1 707 membres des personnels soignants (21 %), et fait 774 décès, dont 349 en Chine, 299 à Hongkong, 43 au Canada et 37 à Taïwan.

    • Il y a 50 ans était percé le secret de la double hélice de l'ADN

      C'est la place qu'occupe dans le numéro 4 356 de la revue britannique Nature, daté du 25 avril 1953, la lettre adressée par deux chercheurs du laboratoire Cavendish à Cambridge, James Dewey Watson, un Américain qui venait d'avoir vingt-cinq ans, et le Britannique Francis Harry Compton Crick, son aîné de douze ans. En page 737, démarrant sous les notes de la lettre précédente, la revue scientifique a regroupé trois articles sous le titre « Structure moléculaire des acides nucléiques ». Celui de Watson et Crick, intitulé « Une structure pour l'acide désoxyribonucléique », est en effet suivi de celui de Maurice Wilkins sur la « Structure moléculaire des acides désoxypentose nucléiques », cosigné par deux scientifiques du King's College de Londres, et de celui écrit par Rosalind Franklin et un de ses collègues, également du King's College de Londres, sur la « Configuration moléculaire du thymonucléate de sodium ». Rédigés par les principaux protagonistes de la traque réussie des mystères de la structure de l'ADN, ces trois articles convergent vers un modèle de double hélice.

    • L'irrésistible ascension de la Chine

      Signe de l'intégration dans un monde globalisé, l'entrée dans l'OMC en automne 2001 a donné à la direction communiste, en place à Pékin depuis mars 2003, les moyens de concrétiser les ambitions nationales, en faisant preuve d'une certaine modération, notamment lors de la crise irakienne. Dotée de tous les attributs d'une grande puissance économique, diplomatique, militaire et aussi spatiale, depuis le vol habité du 15 octobre, la Chine poursuit son ascension, guidée par un pragmatisme placé au service d'un nationalisme qui transcende les idéologies.

    • La longue marche de la Constitution européenne

      Il est des scènes qui marquent l'importance d'un événement. Bruxelles, 28 février 2002 : droit devant son pupitre, face à l'hémicycle comble du Parlement européen, Valéry Giscard d'Estaing inaugure la convention pour l'avenir de l'Europe qu'il préside et qui s'est vue chargée de la rude tâche de rédiger un projet de constitution européenne. D'emblée, l'ancien président de la République française, jouant avec enthousiasme la carte de l'Européen convaincu – ne fut-il pas député dans ce même Parlement ? –, passe au fil de son discours de l'allemand au français et du français à l'anglais, sans oublier de saluer dans les autres langues de l'Union européenne tous les représentants présents, s'attirant par là même les applaudissements chaleureux de l'auditoire. Bruxelles, 6 juin 2003 : dans le même hémicycle, Valéry Giscard d'Estaing brandit un document de plusieurs dizaines de pages et remercie l'assistance de son travail, provoquant de nouveaux applaudissements avant que chacun des acteurs présents, coupe de champagne en main, célèbre le consensus obtenu à l'issue d'un long et régulier travail de seize mois.

    • Les difficiles premiers pas de la CPI

      Sise à La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale internationale (CPI) est la première juridiction permanente compétente pour juger les responsables de génocide, de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002, date d'entrée en vigueur du Statut de Rome. Ce texte, fondateur de la CPI, a été signé en 1998 par 139 États. Au printemps 2002, ils étaient 60 à l'avoir ratifié, chiffre minimal pour que la Cour soit créée. Fin 2003, les États parties à la Cour étaient désormais 92, se répartissant entre les pays du Sud, surtout africains et latino-américains, et le vieux Continent, dont la totalité des 25 membres de l'Union européenne.

    • L'organisation du culte musulman en France

      En 1806, Napoléon avait réuni les notables juifs et les avait enjoints de s'entendre pour créer le Consistoire israélite français. Le Consistoire existe toujours aujourd'hui, aux côtés de la Conférence des évêques français ou de la Fédération des protestants de France. Jusqu'à présent, les musulmans étaient les seuls à ne pas disposer d'instance de représentation qui leur permette, au même titre que les autres religions, de bénéficier du libre exercice du culte tel qu'il est garanti par la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État. La création d'une telle instance, visant à l'organisation de l'islam de France, est un objectif qu'ont inlassablement poursuivi les pouvoirs publics ces quinze dernières années.

    • Le journal du cinéma

      L'année 2003 n'a pas été celle des mastodontes mais plutôt un cru où les films de qualité n'ont pas manqué. On note cependant peu de révélations de nouveaux auteurs mais la confirmation de cinéastes matures comme Alain Corneau (Stupeurs et tremblements), Claude Chabrol (la Fleur du mal), Gus Van Sant (Elephant) ou Clint Eastwood (Mystic River). Sans parler de courants, on peut affirmer que les œuvres autour de la jeunesse déboussolée et les films sociaux ont marqué l'année.

    • La saison littéraire en France

      Au point de la parer des couleurs de saison – grisaille et morosité –, faute d'enjeux, de perspectives ou, tout simplement, de capacité de renouvellement. Donc, tout aurait déjà été dit ? On aurait fait le tour de toutes les manières de le dire ? Plus rien de nouveau à ajouter ? Un point de vue pessimiste auquel les premiers intéressés, éditeurs et auteurs, entendent, marché oblige, opposer l'évidence du nombre, du toujours plus. En cela, la cuvée 2003 ne déroge pas à la règle.

    • Expositions 2003, une année solaire

      Entre l'exotisme polynésien (« Gauguin à Tahiti » au Grand Palais) et les explosions chromatiques du Russe Marc Chagall, du Tchèque Frantisek Kupka ou du Chinois Zao Wou-ki, jusqu'aux vibrations solaires des « Origines de l'abstraction » présentées au musée d'Orsay, la programmation des musées a voulu exorciser les aléas d'une météo de plus en plus capricieuse, avec des expositions plongées dans des bains de lumière.

    • Sous le signe de Berlioz

      Berlioz, « le mal-aimé », du moins en France. Car, au-dehors de nos frontières, le compositeur dauphinois est considéré comme le plus grand des musiciens romantiques français. Il est en tout cas l'indispensable chaînon entre Jean-Philippe Rameau et Claude Debussy. C'est donc avec faste que le bicentenaire Berlioz a été célébré, de Tokyo à New York et Salzbourg, en passant par Sydney, Londres et Paris, ainsi que dans le Dauphiné, où il est né le 11 décembre 1803. Au-delà de l'anecdote ridicule du transfert annulé de ses cendres au Panthéon, les célébrations du bicentenaire ont permis de mesurer combien Berlioz compte aujourd'hui, tant sa pensée se révèle d'une étonnante contemporanéité. Excessif et novateur, tout en restant intimement ancré dans la tradition et la pensée des anciens, le compositeur demeure le modèle de l'artiste dans la société. Et si cette commémoration a suscité une série de publications biographiques et analytiques impressionnante, ce sont en fait ses propres œuvres qui se sont imposées comme les plus fondamentales pour la connaissance de sa personnalité et de la vie culturelle, artistique et musicale de l'Europe du xixe siècle.

    • 2003, l'année de tous les dangers

      Si la création s'est montrée aussi riche que par le passé, ses douze mois auront été ceux de tous les dangers, marqués par la crise des intermittents qui a conduit à l'annulation du plus prestigieux des festivals de théâtre : Avignon. Du jamais vu ! Pourtant, 2003 avait superbement commencé avec Peter Brook qui reprenait en français, au Théâtre des Bouffes du Nord, la mise en scène qu'il avait créée en anglais quelques mois plus tôt. Taillant dans le texte, redécoupant des scènes, il ramenait la tragédie shakespearienne à l'essentiel. Aux côtés du Jamaïcain Adrian Lester (Hamlet), on retrouvait les comédiens habituels de Brook, tels l'Américain Bruce Meyers et l'Africain Sotigui Kyouaté...

  • Sports et Résultats
    • Armstrong, Schumacher, Federer et les autres...

      Certes, ils ont laissé planer le suspense. Parce que leur domination n'est plus si écrasante. Parce qu'ils n'ont plus leurs jambes de vingt ans et que la concurrence les a, plus que de coutume, poussés à se surpasser. Mais en attendant l'avènement de leurs successeurs, le premier titre d'un Juan-Pablo Montoya ou la victoire dans le Tour d'un Jan Ullrich, Michael Schumacher et Lance Armstrong sont restés maîtres chez eux.

    • Coupe du monde (du 10 octobre au 22 novembre en Australie)

      Passée l'indigeste phase éliminatoire, la Coupe du monde a offert du spectacle et une finale à suspense, dénouée dans la dernière minute des prolongations. Pour la première fois, la Coupe Webb Ellis déménage dans l'hémisphère Nord grâce à la victoire des Anglais sur les tenants du titre et organisateurs australiens. Un triomphe logique.

    • Disciplines

      À l'image de son point d'orgue, les Championnats du monde organisés à Paris, la saison 2003 d'athlétisme a été riche en émotions mais pauvre en performances chronométriques. Seuls trois records du monde ont été battus, tous par des athlètes féminines et, outre le 400 m haies, dans des disciplines récentes, le 3 000 m steeple et le saut à la perche.

    • Résultats

      100 m 1. K. Collins (Saint-Kitts) 10″ 07 2. D. Brown (Trinidad) 3. D. Campbell (G-B)

  • Statistiques
  • Nécrologie

    AGNELLI (Gianni)Industriel italien Villar Perosa (près de Turin), 12 mars 1921 - Turin, 24 janvier 2003 Petit-fils du fondateur de Fiat, il entame sa carrière dans la société familiale en 1943 en tant que vice-président, après avoir passé un diplôme de droit qui lui vaudra l'un de ses nombreux surnoms : « l'avvocato ». En 1966, il prend véritablement les rênes du groupe et ne les lâchera plus jusqu'en 1996, date à laquelle il passe la main, mais conserve le titre de « président d'honneur ». C'est avec lui que Fiat devient le premier groupe industriel italien, étend ses activités à de nombreux secteurs autres que l'automobile (des machines agricoles à la métallurgie, en passant par l'aéronautique et les machines-outils) et prend une dimension internationale. Les difficultés financières, la mort de son neveu Alberto en 1997, qu'il avait choisi comme son successeur, puis le suicide de son fils, en 2000, assombrissent les dernières années de sa vie.