En attendant, le Premier ministre Lionel Jospin annonçait, le 11 septembre, un « plan d'économies d'énergie ». Le secteur des transports est le plus visé, la source énergétique utilisée étant à plus de 90 % le pétrole. Ce plan devrait notamment encourager les développements des énergies renouvelables et conduire à repenser aux véhicules à faible consommation et autres voitures électriques. Le but affiché est double : limiter l'envolée des prix et faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. De plus, le gouvernement français étudie un mécanisme de flottement de la taxe sur les produits pétroliers (TIPP) destiné à limiter les effets des hausses successives.

Les conséquences sur les économies

Parallèlement à cette hausse du prix du baril, l'euro atteint le 7 septembre, son plus bas niveau historique, à 0,8630 dollar. Les menaces d'intervention de la Banque centrale européenne (BCE) n'ont eu aucune action sur une érosion déjà entamée depuis quelques mois. Durant la conférence de l'eurogroupe, les 9 et 10 septembre à Versailles, les ministres des Finances des Quinze n'ont apporté aucune réponse concrète à ces deux enjeux : comment mettre fin à la plongée de l'euro ; comment briser l'envolée des prix du pétrole ? La dépréciation de la monnaie européenne par rapport au dollar – monnaie utilisée pour les achats de pétrole – rend encore plus impérative la nécessité de trouver une solution à la hausse du prix du brut.

La zone euro n'est actuellement pas jugée très sûre, ce qui, selon certains économistes, pourrait à terme conduire à un essoufflement de la croissance accompagné de tensions inflationnistes. Certains experts avancent déjà des pronostics pessimistes. Selon eux, la facture énergétique importante que vont devoir acquitter les Européens va avoir des incidences négatives sur la croissance tout en augmentant la pression sur les prix. Par ailleurs, ils laissent penser que si la hausse du prix du pétrole conduit à un ralentissement de la croissance américaine, il se pourrait que la banque centrale des États-Unis ne restreigne pas comme prévu sa politique monétaire.

À l'inverse, les prix élevés qui pénalisent les consommateurs européens sont une aubaine inattendue pour les économies du Golfe, lesquelles avaient fait des estimations autour de 18 à 22 dollars pour l'année 2000. Pour autant, ces pays n'ont rien à gagner à une fuite en avant, car une crise mondiale leur serait finalement préjudiciable.

Céline Cabourg

Les évolutions récentes au sein de l'OPEP

Créée à Bagdad en 1960, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a réussi depuis deux ans à atteindre ses objectifs : retrouver son unité et sa capacité à peser sur le marché mondial. Néanmoins, les ressources des dix membres du cartel sont inégales et il est donc difficile de répartir le débit entre les différentes parties. Les grands producteurs (Iran, Venezuela) sont au maximum de leur potentiel. Seuls quatre pays peuvent ouvrir aisément leurs vannes : Émirats arabes unis, Koweït, Libye, Arabie saoudite. Le premier producteur mondial (Arabie saoudite) se trouve dans une position difficile, pris entre la nécessité de ne pas froisser certains membres de l'OPEP (notamment l'Iran) et l'obligation de tenir compte des appels et pressions des Occidentaux.