Football

Euro 2000 (Belgique, Pays-Bas, du 10 juin au 2 juillet)

Disputé deux ans après le Mondial, le XIe Championnat d'Europe de football a tenu ses promesses. En Belgique et aux Pays-Bas, 22 jours durant, les 16 équipes engagées ont offert un spectacle de grande qualité et créé de belles surprises. La victoire de l'équipe de France en finale a clos la compétition en apothéose. Deux ans après leur titre mondial, seize ans après leur premier sacre européen, les « Bleus » entraînés par Roger Lemerre ont confirmé leur suprématie.

Le scénario a un air de déjà vu. Les héros ne sont plus des jeunes premiers méconnus mais de véritables stars. L'émotion n'est plus tout à fait la même... Le 2 juillet 2000 n'est pas le 12 juillet 1998. Le succès de l'équipe de France sur l'Italie (2-1) en finale de l'Euro 2000, même au terme d'un suspense haletant, n'est pas une surprise, contrairement au titre arraché au Brésil (3-0) deux ans auparavant en finale de la Coupe du monde. Depuis 1998, les Bleus ont changé de statut. Ils ont fait de leur équipe l'une des plus solides et des plus redoutées du continent. Et c'est en grands favoris qu'ils ont abordé le 10 juin le XIe Championnat d'Europe.

La victoire, pourtant, a été conquise dans la douleur. Menée par l'Italie (1-0) à la fin du temps réglementaire, l'équipe de France s'est presque résignée lorsque, à la 93e minute, l'attaquant remplaçant Sylvain Wiltord inscrit le but égalisateur. Condamnée à jouer les prolongations, la « Squadra Azzura » à la défense de fer cède finalement devant les attaques tricolores. À la 103e minute, le deuxième attaquant remplaçant, David Trezeguet, marque le « but en or » synonyme de victoire, et enflamme les nombreux supporters français présents dans le stade de Kuip de Rotterdam. Seize ans après la victoire des Platini, Giresse, Tigana and Co, en finale de l'Euro 1984, la France, malgré un début de match médiocre, réussit un doublé rare en remportant le titre européen après son titre mondial. Seule l'Allemagne, championne d'Europe en 1972, avait réalisé un exploit similaire, mais dans l'autre sens, en gagnant dans la foulée de l'Euro le Mondial 1974.

La France dans la continuité

Ce second triomphe des Bleus est encore celui de la méthode « Jacquet », le sélectionneur national en poste en 1998. Son successeur, Roger Lemerre, a adopté les mêmes principes : modestie, sobriété et esprit de groupe. L'équipe, à quatre joueurs près, est la jumelle de celle du Mondial. Zinedine Zidane, Laurent Blanc, Fabien Barthez, Didier Deschamps, Marcel Dessailly, Lilian Thuram et Emmanuel Petit en sont les piliers. David Trezeguet mais surtout Thierry Henry, sur le banc en 1998, ont pris de l'étoffe. Cependant, l'entraîneur, conscient du nécessaire renouvellement des générations, a donné leur chance à de nouveaux venus, notamment Nicolas Anelka et Sylvain Wiltord. La finale, remportée grâce à deux buteurs remplaçants, est le symbole de cette osmose réussie. Car la victoire de la France sur l'Italie, c'est aussi celle de l'esprit offensif sur le célèbre « catenacio », le verrou défensif, perpétué par l'équipe du sélectionneur Dino Zoff. L'Euro, grâce notamment à l'arbitrage, a ainsi fait triompher le jeu et la prise de risque.

Tout au long de la compétition, les Bleus ont montré un visage séduisant. Convaincants lors des premiers matchs de poule (victoires face au Danemark et à la République tchèque), ils n'ont concédé qu'une seule défaite, face au Pays-Bas (2-3), lors d'un match sans enjeu. Menacés ensuite lors des rencontres à élimination directe, les champions du monde ont su trouver les ressources nécessaires pour l'emporter finalement en quarts de finale face à l'Espagne (2-1) puis en demi-finale contre les surprenants Portugais (2-1), emmenés par l'excellent Luis Figo. Révélation du tournoi, le Portugal accédait pour la première fois à ce niveau de la compétition.

La poussée des Latins

Cette victoire de la France, qui succède à l'Allemagne au palmarès européen, consacre la prise de pouvoir du football « méridional ». Excepté les Pays-Bas, co-favoris de « leur » tournoi, toutes les nations du nord de l'Europe ont en effet été éliminées dès le premier tour. La Belgique est devenu le premier pays organisateur à ne pas parvenir en quarts de finale. L'Allemagne, en crise profonde, a énormément déçu en ne parvenant pas à remporter le moindre match. Le football trop simpliste de l'Angleterre n'a pas résisté à la fougue du Portugal lors des matchs de poule. C'est d'ailleurs le match opposant ces deux équipes (3-2 pour le Portugal) qui a été élu « meilleure rencontre de l'Euro » par le jury de l'UEFA.