Journal de l'année Édition 1996 1996Éd. 1996

Il est vrai qu'une question se pose : quelle destination donner à ces bâtiments très, souvent trop, spécialisés. On ne peut transformer toutes les gares désaffectées en musée (comme à Orsay), ni toutes les filatures abandonnées en centre d'archives (comme à Roubaix). Comment présenter une activité défunte ? Doit-on appliquer aux « cathédrales » de l'ère industrielle les règlements élaborés pour les monument historiques traditionnels ? Le sauvetage de l'usine Menier, à Noisiel, dont les bâtiments s'échelonnent sur plus d'un demi-siècle, est exemplaire. L'ancien centre de l'empire chocolatier édifié par la famille Menier sur les bords de la Marne était menacé de démolition depuis la fin de ses activités industrielles. En particulier, le moulin de fer et de fonte construit sur la rivière par Jules Saulnier en 1870, l'énorme bâtiment de béton, où le public pouvait assister à la transformation du cacao en chocolat, et plusieurs halles métalliques attribuées à Eiffel.

La décision du nouveau propriétaire, Nestlé, d'installer à Noisiel son siège social pour la France a sauvé cet ensemble exceptionnel. Deux architectes, orfèvres en la matière, Philippe Robert et Bernard Reichen, ont rendu cette reconversion possible. Grâce à eux, les bâtiments débarrassés de leurs machines ont pu intégrer les indispensables techniques climatiques, électriques et informatiques en conservant leur décor original.

Emmanuel de Roux