D'Amérique latine, les livres les plus remarqués ont été : Mexico midi moins cinq (La Différence) de José Agustin, roman-culte qui fit scandale à sa parution dans les années soixante ; Adios à Mama de Reinaldo Arenas, nouvelles lyriques et violentes d'un écrivain cubain persécuté par Castro et exilé aux États-Unis ; Éléments du désastre (Grasset) d'Alvaro Mutis, poésie des lieux hantés par l'Histoire ; Une ombre en vadrouille d'Oswaldo Soriano, histoire picaresque d'un homme revenu de tout, cherchant sa voie en auto-stop ; Quand plus rien n'aura d'importance (Bourgois) et Demain sera un autre jour (Le Serpent à plumes), derniers roman et recueil de nouvelles de Juan Carlos Onetti. Enfin, best-seller inattendu, l'Alchimiste (Anne Carrère), conte philosophique plein d'humour et de poésie, entre le Petit Prince et Candide, du Brésilien Paulo Coelho.

Littérature italienne

Dans Requiem (Seuil), Antonio Tabucchi s'est penché une fois de plus sur la figure de son double, Fernando Pessoa, tandis que dans Rêves de rêves (Bourgois) il s'est plu à imaginer quelques rêves de grandes figures des lettres et des arts. Avec la Maison de la vie (L'Arpenteur), l'un des derniers livres de Mario Praz, une singulière autobiographie à travers collections et meubles se double du testament d'un esthète, « agent secret de la civilisation » dans un monde envahi par la barbarie.

Littérature portugaise

Deux noms auront marqué l'année. Celui de Maria Judite de Carvalho, avec le Temps de grâce et Chérie (La Différence), peinture impressionniste d'un univers intime et sans espoir. Et celui d'Antonio Lobo Antunes, que l'on donnait pour lauréat du Nobel de littérature, avec la Force des choses (Bourgois), grand roman polyphonique sur les labyrinthes de la mémoire lusitanienne.

Littérature russe

Chantre de l'armée blanche parmi les Rouges, suicidée en 1941, inadaptée à la vie et à l'amour, Marina Tsvetaieva ne cesse d'inspirer les biographes. Trois livres ont retracé le destin tragique de la poétesse russe : L'espérance est violente (Nil) de Rauda Jamis, le Roman de Marina de Dominique Desanti (Belfond) et Marina Tsvetaieva de Maria Belkina. Sur les conseils de Georges Nivat, Fayard a publié Mark Kharitonov, un romancier russe, censuré jusqu'en 1988. Les volumes de sa trilogie Une philosophie provinciale explorent un chef-lieu, Netchaisk, où se rencontrent hurluberlus et histoires farfelues.

Littérature polonaise

Le cinéaste et romancier Andrzej Zulawski a évoqué dans la Forêt Forteresse (Stock), sous forme d'enquête policière, l'histoire de la communauté intellectuelle de Varsovie dans les années 60-70. Tadeusz Konwicki, avec Roman de gare contemporain (Laffont), a proposé une fable sur le bilan psychologique de la Pologne actuelle, où la compétition darwinienne pour la survie a remplacé l'oppression totalitaire. Andrzej Zaniewski, avec Mémoires d'un rat (Belfond), a raconté le destin terrifiant du rongeur mal-aimé, notre frère des ténèbres. De Jaroslaw Iwaskiewicz, enfin, on a publié Amis (Belfond), un roman de formation daté de 1929.

Littérature balkanique

L'ambassadeur d'Albanie en France, Besnik Mustafaj, auteur de Petite Saga carcérale (Actes Sud), a exploré, à travers trois récits réalistes ou oniriques, l'univers de la prison dans un régime totalitaire. Et Ismael Kadaré, dans les Parisiennes (Fayard), a donné un récit amusé du retour au pays natal d'un Albanais ayant longtemps vécu à Paris et qui se voit assailli de questions sur les femmes de Paris.

Littérature arabe

Un nom à retenir : celui de Mahmoud Darwich, le plus important poète palestinien, qui a exprimé, avec Une mémoire pour l'oubli (Actes Sud), l'angoisse d'un homme cherchant une raison d'espérer dans Beyrouth assiégée.

Littérature indienne et pakistanaise

Du plus grand écrivain indien vivant, R.K. Narayan, on a traduit deux livres : Mémoires d'un Indien du Sud (Anatolia) et le Peintre d'enseignes (Belfond), qui tracent, à travers l'histoire d'un village imaginaire, le portrait de la société rurale indienne.