La dispersion des épreuves et des infrastructures sur 100 kilomètres dans la vallée de la Tarentaise complique la tâche des organisateurs ; mais l'occasion est donnée à la Savoie de combler 20 ans de retard grâce à une mobilisation exceptionnelle de l'État, de la Région et du département. La voie ferrée électrifiée reste à voie unique, mais le TGV dessert Bourg-Saint-Maurice. C'est la route qui fait l'objet de la plus grande attention : 4 milliards de francs lui seront consacrés jusqu'à la fin de 1991, soit l'équivalent du budget du Comité d'organisation des jeux Olympiques (COJO) : le doublement du tunnel de l'Épine sur l'A43, le prolongement de cette même A43 jusqu'aux portes d'Albertville, l'aménagement de la portion Albertville-Moûtiers en seront les réalisations les plus spectaculaires.

Les équipements olympiques sont à peu près tous livrés dans les délais prévus (pour la saison 1990-1991), mais les enveloppes n'ont pas toujours été respectées : la piste de Bellevarde à Val-d'Isère a coûté 42 millions de francs au lieu de 25 prévus ; celle du KL (kilomètre lancé) des Arcs a coûté 12 millions au lieu de 6. La piste de bobsleigh de La Plagne aura l'honneur d'être l'équipement le plus coûteux des Jeux (129 millions de francs). Ce sera la seule piste réfrigérée existant en France.

Le beau temps et le faible enneigement qui ont régné sur les Alpes ont désespéré les professionnels de la neige − le chiffre d'affaires des stations a baissé de 20 % pour les stations de haute altitude et de 80 % à 100 % pour les stations de moyenne altitude −, mais, grâce à eux, les entrepreneurs ont pu tenir leurs délais.

Déjà beaucoup de Savoyards s'interrogent sur l' « après-jeux » : il faudra rembourser les emprunts et gérer les équipements. Seuls vingt sauteurs sont capables d'utiliser un tremplin de 120 mètres, comme celui de Courchevel, explique-t-on au Comité départemental olympique et sportif ; et il n'y a que 150 licenciés de bobsleigh en France...

Dans le cadre de la préparation des jeux Olympiques, l'A40 Mâcon-Genève, surnommée « l'autoroute des Titans » par M. François Mitterrand, a livré sa dernière section de 13 kilomètres entre Sylans et Châtillon-de-Michaille, dans l'Ain. Sept viaducs et deux tunnels pour un coût de 1 802 millions de francs. À raison de 140 millions de francs au kilomètre, l'A40 est devenue l'autoroute la plus chère de France.

Le plateau Matheysin, à 30 kilomètres de Grenoble, n'en finit pas de mourir. La mine d'anthracite de La Mure, gérée par les Houillères des Bassins du Centre et du Midi (HBCM), a été condamnée. Les 500 mineurs − ils étaient 1 050 en 1983 − sont en sursis jusqu'en 1994 ; Jacques Chérèque, ministre délégué chargé de l'Aménagement du territoire et de la Reconversion, a dégagé une enveloppe de 10 millions de francs au titre de l'industrialisation de la région de La Mure, qui s'ajoutera aux aides financières de la Sofirem (Société de financement pour l'industrialisation des régions minières) et des fonds d'industrialisation de Charbonnages de France.

Le trafic à travers le tunnel du Mont-Blanc connaît une progression de 10 % par an et atteint un point critique proche de la saturation : en 1989, la fréquentation a été de 1 830 000 véhicules, dont près de 700 000 poids lourds, avec des pointes à 4 000 par jour. Vingt-cinq ans après son inauguration, l'éventualité d'un nouveau tunnel se pose. Mais où ?

Dom-Tom

■ Entre les recensements de 1982 et de 1990, la population des quatre départements d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion) est passée de 1 246 000 à 1 458 000 habitants, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de 2 %, quatre fois plus fort que celui de la métropole, et − fait plus remarquable − supérieur à celui des périodes précédentes (1,1 % de 1964 à 1974 et 0,7 % de 1974 à 1982). C'est la Guyane qui détient le record avec 5,8 % de croissance annuelle. Le fort taux de natalité (21 % en moyenne) explique cette croissance, le solde migratoire, traditionnellement négatif (− 72 000 personnes entre 1974 et 1982) s'étant retourné avec plus ou moins d'ampleur selon les départements : + 22 000 en Guadeloupe et surtout + 25 000 en Guyane, où l'activité de la base de Kourou exerce une forte attraction sur les populations. Au total, l'ensemble de la population vivant dans les DOM, les TOM et les collectivités territoriales s'élève à 1 900 000 personnes, soit plus de 3 % de la population de la France.