Finalement, la grande première technique de 1990 aura été la production en petite série d'utilitaires à propulsion électrique chez PSA. Des camionnettes C25 et J5, des petites fourgonnettes C15, en attendant les 205, figurent désormais au catalogue de Peugeot et de Citroën. Techniquement, ces voitures sont pourtant en retrait sur les prototypes déjà testés. Par exemple, on a remplacé les batteries cadmium-nickel par les batteries plomb-acide, sept fois moins chères et beaucoup plus volumineuses, que l'on trouve dans le commerce ; on a aussi remis en place des boîtes de vitesses, rabaissé l'autonomie et la vitesse maximales respectivement à 80 km et 80 km/h (au lieu de 100 km et 100 km/h) afin de parvenir à un prix intéressant.

Cela est fort utile, car de nombreuses villes suisses et allemandes veulent chasser les moteurs thermiques de leur « centre-ville ». C'est pourquoi Audi et VW ont présenté des voitures hybrides Diesel-électriques. Chez VW, un astucieux volant moteur sert à la fois de chargeur de batteries lorsqu'on roule hors agglomération et de moteur en centre-ville. Audi tire un excellent parti de l'architecture de sa 100 Quattro : moteur Diesel et traction pour la campagne, propulsion avec moteur électrique et batteries dans le coffre pour la ville.

PSA est plus ambitieux avec le projet de véhicule « vert » électrique, mais alimenté par un alternateur entraîné par une petit turbine facile à dépolluer, économe, et déjà produite comme lanceur de moteurs d'avions à réaction.

Le problème des batteries bloque le développement des voitures électriques. Les chercheurs de la CGE avaient placé leurs espoirs – aujourd'hui déçus – dans des batteries « tout polymères », et donc légères, qui ont été temporairement abandonnées. La France soutient Baroclem, qui annonce une batterie lithium très performante, et SAFT, qui permettrait une percée décisive en industrialisant ses batteries cadmium-nickel (ou fer). Une opération à suivre, car la France occupe ici une position de leader...

C'est aussi le cas en matière de diesel. Après ses XUD deux-litres à trois soupapes par cylindre, PSA lance une petite série de diesels avec catalyseur d'oxydation. Ces mille voitures seront pour l'Autriche, où le gazole ne contient que 0,05 % de soufre (contre 0,30 % en France), seule condition pour que le catalyseur ne recrache pas de l'acide sulfurique à terme ! Si les pétroliers consentent un petit effort de désulfurisation, on pourra effectuer un progrès important en matière de dépollution !

... et de l'électronique

La sécurité des voitures du futur sera exceptionnelle. C'est aussi ce que promet le programme européen Prometheus. Ayant reçu le label Eurêka, il mobilise tous les constructeurs sur une nouvelle forme de sécurité « qui permet d'éviter l'accident » en prévenant le conducteur du danger qu'il va rencontrer. Des balises « intelligentes » lui donnent des informations sur l'état de la chaussée ou sur son encombrement. Par des alarmes sonores ou des pictogrammes (visibles à travers le pare-brise), elles lui conseillent des vitesses de passage en courbe ou l'arrêt au stop. Mais d'autres systèmes plus complexes peuvent rendre ces ordres impératifs, la voiture s'arrêtant automatiquement au stop ! Tout cela coûtera cher, mais, à l'horizon 2000, Promotheus devrait commencer à rendre la route plus sûre et le trafic plus fluide, et donc engendrer des économies d'énergie. Sans attendre cette date, VW propose son prototype Futura, capable de se garer seul, alors que Renault, Philips, Sagem et TDF offrent Carminat, un système intelligent de radioguidage et d'aide à la conduite.

L'électronique omniprésente sera la caractéristique principale des voitures du futur..., même dans les phares. Norma vient en effet de lancer une lampe à décharge de 5 mm de diamètre éclairant près de trois fois mieux que les meilleures lampes à iode ! Elle amorce son arc électrique à 12 000 volts, se maintient ensuite à 85 volts et réclame de ce fait un « ballast »... électronique pour fonctionner. Elle est d'ailleurs si puissante que les phares devront être bien plus petits pour ne pas éblouir.