Météo : l'Hiver

Caractérisée par une douceur inhabituelle, des pluies modérées, des brouillards fréquents et parfois denses et la faiblesse des chutes de neige dans les Alpes et dans les Pyrénées, la dernière décade de l'année 1987 présageait une saison hivernale peu ordinaire. Tout au long du mois de janvier et sur l'ensemble du territoire, les températures ont été de 2 à 4 °C supérieures aux normales 1951-1980. De très nombreux records ont été battus. Nous retiendrons en particulier : 15,2 °C à Saint-Étienne-Bouthéon et 15,1 °C à Ambérieu le 2, 15,5 °C à Nevers et 12,3 °C à Colmar le 5, 12,1 °C à Aurillac et 13,2 °C à Mâcon le 25, 14,5 °C à Lyon-Satolas le 28... pour les températures maximales élevées, ou 7,8 °C à Mont-Saint-Vincent le 5, 6,9 °C à Saint-Étienne le 17, 8,9 °C à Lyon-Bron et 5,7 °C à Aurillac le 28 janvier pour les températures minimales élevées, ou encore, pour les températures moyennes mensuelles : 6° C à Grenoble-Saint-Geoirs contre 5,3 °C en 1974, 6,3 °C à Mâcon contre 5,9 °C en 1975, 7,4 °C à Vichy contre 6,5 °C en 1948. À cette douceur de durée exceptionnelle, il faut ajouter une pluviosité excédentaire à très excédentaire en toutes régions. Ces précipitations anormalement abondantes, imputables à la persistance d'un régime perturbé de secteur ouest à sud-ouest, ont provoqué, dans la moitié ouest du pays, la crue de nombreux cours d'eau et des inondations plus ou moins graves et la saturation des sols en eau. Au 31 janvier, le rapport de la réserve en eau disponible à la réserve utile (R/RU) est égal à 100 %. Notons aussi pour ce mois de janvier peu commun la faiblesse de la durée de l'insolation, notamment en plaine, un enneigement de qualité moyenne et la fréquence des vents forts (vitesse supérieure à 57 km/h) pendant les 1re et 3e décades. Le 22 janvier, l'ouest et le nord de la France ont subi une forte tempête heureusement moins dévastatrice que celle des 15 et 16 octobre 1987. Alors qu'en France le printemps a pris la place de l'hiver, de grands froids (– 25 °C à Chicago le 26) et des tempêtes de neige affectent plus de la moitié des États-Unis (68 morts au 10 janvier).

Pas d'hiver pour la France ; ailleurs, des catastrophes !

En février, les conditions climatiques qui prévalent depuis la mi-décembre se maintiennent jusqu'au 20. Jusqu'à cette date, les températures moyennes sont de 4 à 6 °C supérieures aux normales dans tout le pays, à l'exception du Sud-Est. Les perturbations atlantiques, accompagnées de vents forts, qui se succèdent à un rythme rapide sur les régions de l'Ouest, du Centre et du Nord-Est, sont à l'origine de pluies abondantes quasi quotidiennes. Dans le Nord-Est, le Sud-Ouest, l'Ouest et le Nord, les hauteurs d'eau mesurées entre le 1er et le 12 sont égales au triple des normales. Rivières et fleuves sortent de leurs lits, qu'il s'agisse de la Loire, du Cher, de la Charente, de la Saône, de la Dordogne, de la Sarthe, de la Somme, de l'Ille ou de la Vilaine. Le 12, la Seine atteint la cote 5,05 au pont d'Austerlitz. C'est à partir du 20 février, alors que le départ de la végétation a été observé dans la plupart des régions, que se manifestent des types de temps hivernaux : températures inférieures aux normales, faibles gelées, chutes de neige, vent de nord, mistral et tramontane fréquents, nébulosité forte et insolation faible en sont les caractères principaux jusqu'au 29. L'enneigement est très bon dans l'ensemble des massifs ; l'Alpe d'Huez : 135-250 cm, les Arcs : 115-255, Isola 2000 : 115-165, les Rousses : 100-200, Superlioran : 80-200, les Agudes : 90-200. Alors que la France ne connaît pas d'hiver, certaines régions du monde subissent des intempéries catastrophiques. Les 1er et 2 février, au Liban, les pluies diluviennes provoquent des crues torrentielles et de gros dégâts. Au Pérou, les glissements de terrain induits par des pluies très abondantes entraînent la mort de plus de 30 personnes dans la province de Huanuco. Entre le 8 et le 10, les îles Britanniques, les Pays-Bas et le Danemark subissent les effets d'une forte tempête ; on dénombre plus de 15 morts et des dégâts considérables. Au Brésil, dans les États de Rio de Janeiro et de Acre, les trombes d'eau qui s'abattent sans discontinuer pendant plus de 20 jours sont à l'origine d'inondations, de coulées de boue, de glissements de terrain catastrophiques. Le bilan est extrêmement lourd : plus de 300 morts, 70 000 sinistrés et des dégâts estimés à 12 milliards de F. L'État de Bahia est victime d'une sécheresse dramatique ! Le 27 février, l'effondrement d'une falaise à Fès (Maroc), après une longue période pluvieuse, provoque la mort de 52 personnes.