Le premier vaccin humain, obtenu par génie génétique, contre l'hépatite virale B, vient d'être autorisé aux États-Unis par la FDA (Food and Drug Administration) ; la société Merck Sharp and Dohme, qui s'était associée à Chiron pour mettre au point ce vaccin le commercialise. Une entreprise française, Virbac, a, pour sa part, mis au point un vaccin contre la leucémie virale du chat ; elle attend l'autorisation de commercialisation. Ce sera le premier vaccin pour ce type de virus, qui s'apparente à celui du Sida.

Chaque antigène provoque la synthèse d'un anticorps spécifique. Cette propriété est utilisée dans les tests immunologiques. Le principe est de faire produire à un lapin, par exemple, des anticorps contre une « substance » que l'on veut analyser. Le lapin se « vaccine » contre l'intrus et fabrique des anticorps « antisubstance ». On prélève du sang de l'animal, on extrait et on purifie les anticorps choisis. Ces anticorps sont ensuite fixés à une enzyme ou à une molécule radioactive. En présence de la « substance », l'anticorps s'accroche à celle-ci et l'on peut alors doser la réaction colorée produite (immunofluorescence) ou la radioactivité (dosage radio-immunologique).

Mais les anticorps du lapin étaient difficilement purifiables, car les immunoglobulines sont toujours des protéines, certes différentes pour l'intrus, mais bien semblables pour les biochimistes. L'idée fut donc d'isoler un globule blanc producteur d'un anticorps donné et d'obtenir sa multiplication, à l'exemple de ce que font les bactéries. C'est ce qu'avaient réussi Milstein et Köhler.

Les anticorps reconnaissent donc la substance « étrangère » qui les a fait réagir. Produits désormais industriellement dans des « bioréacteurs », ils ont des utilisations multiples : détection des maladies infectieuses, des troubles du fonctionnement de l'organisme (trouble hormonal et, surtout, cancers), des maladies génétiques, mais aussi reconnaissance de divers produits dans les substances alimentaires, dans l'eau, dans les plantes, etc. ; de nombreux laboratoires étudient aussi la possibilité d'accrocher à un anticorps un médicament spécifique, le « missile biologique » qui doit se diriger directement vers l'endroit de l'organisme à soigner.

L'hormone de croissance humaine

En septembre 1985, Genentech, l'une des premières sociétés américaines de biotechnologie, a reçu l'autorisation de commercialiser son hormone de croissance humaine obtenue par génie génétique, qui sera utilisée en premier contre le nanisme hormono-dépendant, mais aussi pour la cicatrisation des plaies, ou la consolidation des os.

Contrairement à l'insuline, qui est extraite du pancréas du porc, puis modifiée enzymatiquement, il faut utiliser uniquement l'hormone de croissance humaine extraite de cerveaux de cadavres pour traiter les enfants. La société suédoise Kabi-Vitrum, leader mondial de production d'hormone extraite, s'était associée à Genentech et avait financé les recherches sur les techniques de génie génétique. Genentech lui transmit son savoir-faire : Kabi-Vitrum produira donc sa propre hormone de croissance, qui sera vendue en Europe.

À cette course à l'hormone de croissance humaine participent Eli Lilly, qui s'était associé à l'Université de Californie, la société britannique Celltech et la société française Sanofi, qui produit une « hormone » encore plus proche de l'hormone humaine naturelle (elle a un acide aminé supplémentaire, la méthionine).

La lutte contre l'infarctus

Un futur médicament pour éviter l'infarctus du myocarde sans provoquer d'effets secondaires, c'est ce que l'on attend du tPA, le tissue Plasminogen Activator. Ce facteur est produit par de nombreuses cellules de l'organisme et, en particulier, par les cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins. L'infarctus du myocarde, les embolies pulmonaires après une phlébite, les artères des membres inférieurs bloqués par une artérite, sont dus à la formation de petits caillots dans les vaisseaux ou les capillaires. Normalement, le tPA, alors produit par les cellules, active le plasminogène, pro-enzyme qui se transforme en enzyme active, la plasmine ; cette enzyme dégrade à son tour la fibrine et permet ainsi la dissolution du caillot. Ce facteur a été isolé par de nombreuses équipes en 1983, clone et introduit dans différents types de cellules en culture et dans des bactéries.