Journal de l'année Édition 1984 1984Éd. 1984

La confrontation des deux grandes stations périphériques reste d'actualité : RTL, toujours en tête des sondages, voit avec une certaine amertume son animateur-vedette, Michel Drucker, passer sur Europe 1 où il anime désormais Studio 1 de 8 h 30 à 11 h 30 chaque matin, heure à laquelle son dauphin, Patrick Sabatier, officie sur la station du grand-duché. Europe 1, décidée à retrouver coûte que coûte la cote d'amour du public, se manifeste sur tous les fronts. Avec Ivan Levaï, promu directeur de la rédaction, elle entend reconquérir sa primauté dans l'information parlée. Avec Canal Plus, la future quatrième chaîne de TV, elle envisage d'en assurer toute la partie information. Avec 95,2 FM, une radio locale privée parisienne, elle entend être présente sur la FM. Avec Studio 1, Europe 1 s'est équipée d'une installation prête pour la télédiffusion du jour au lendemain...

Demain dira, en effet, si ces investissements et cette course à l'audience des radios commerciales correspond encore à une réalité, dans l'oreille du public. Devant l'inéluctable multiplication des moyens de communication de toutes catégories, entre la pratique croissante de la vidéocassette et la perspective du câble et du satellite, l'écoute se morcelle et tend à se parcelliser : les habitudes ont donc déjà changé. À quel prix et pour quel bénéfice ? Nul ne peut encore en faire un pronostic sûr.

François-Régis Barbry

Édition

La précarité du marché

Le chiffre d'affaires de l'édition a progressé en 1982 de 12,3 % et celui des exportations de livres de 14,7 %. Dans le même temps, indique l'enquête annuelle de la SOFRES, les achats de livres ont augmenté de 9,7 %. Le roman classique connaît également une forte expansion. Mais la progression la plus forte est enregistrée pour les livres de poche. La collection « Le Livre de Poche » fête ses trente ans d'existence, avec un succès fou qui ne se dément pas.

Ce bilan, positif, montre cependant, par ses chiffres, la précarité du marché. Ce que confirme une étude du Conseil économique et social sur la Diffusion de la culture par le livre et les revues. Elle note que l'édition est une « industrie d'innovation à risques élevés » et qu'à ce titre elle doit bénéficier de facilités financières comparables à celles qui sont offertes aux secteurs d'innovation technologique. Ainsi, Jack Lang annonce un plan en quinze points d'aide à la bande dessinée, qui représente environ 3,4 % du chiffre d'affaires global de l'édition.

Le 1er janvier paraît au Journal officiel le décret punissant d'amende les infractions à la loi sur le prix unique des livres. Celle-ci n'autorise des rabais que dans la limite de 5 %. Édouard Leclerc et son fils Michel — qui continuent à vendre des ouvrages avec un discount de 20 % — protestent, perdent des procès en première instance, en gagnent en appel —, jugent la loi incompatible avec la juridiction européenne qui interdit les entraves à la concurrence et déposent un recours au Conseil d'État.

Un conflit oppose pendant plusieurs semaines les libraires parisiens aux distributeurs à propos du système de livraison franco de port. Trois groupes de travail sont constitués pour trouver des solutions.

– Le Syndicat national de l'édition organise pour la première fois (19-28 mars) un Salon du Livre dans l'enceinte de la Foire de Lyon, et le Premier ministre Pierre Mauroy inaugure le 3e Salon du Livre, qui se tient à Paris du 15 au 20 avril et qui réunit quelque 900 éditeurs. On enregistre 146 000 entrées. Deux thèmes d'animation ont été retenus : l'enfant lecteur et le renouveau de l'histoire.

Deux sociétés d'édition connaissent des changements. La Compagnie financière Edmond de Rothschild acquiert 7,59 % de Hachette. Certains actionnaires ayant décidé de vendre leurs actions aux Presses de la Cité, une prise de participation majoritaire (50,47 %) de ce groupe dans le capital de la Librairie Larousse pourrait modifier la physionomie de l'édition française, les Presses constituant la deuxième affaire éditoriale (derrière Hachette) et Larousse la troisième. Finalement, le 12 août, le directoire et le conseil de surveillance de Larousse refusent leur agrément à la vente et se donnent un délai de réflexion de trois mois, pour examiner les propositions faites par Hachette et Nathan (contrôlé par la Compagnie européenne de publication, filiale à 35 % du groupe Havas) comparées à celles des Presses de la Cité, auxquelles s'oppose l'intersyndicale CGT-CFDT.

Les hommes

Jean-Étienne Cohen-Séat est nommé directeur adjoint auprès de Jean-Claude Lattès) de l'édition du groupe Hachette.