Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

Commerce extérieur

La mauvaise pente

Un déficit global de 50,6 milliards de F s'inscrit finalement sur le tableau du commerce extérieur français en 1981. En terme FOB, or industriel et matériel militaire inclus, l'importation affiche 627,3 milliards de F et l'exportation 576,7 milliards. Le solde négatif se réduit ainsi de plus de 10 milliards de F par rapport à 1980 (– 62,1 milliards). Une certaine amélioration, donc, des résultats extérieurs, tenant principalement aux échanges agro-alimentaires, à une réduction en volume des importations d'énergie et à un redressement sensible de l'excédent de la balance industrielle.

Le déficit commercial de la France s'allège de plus de 18 %, mais celui de l'ensemble des pays développés à économie de marché se réduit, lui, d'un bon tiers, de quelque 150 milliards à moins de 100 milliards de dollars de 1980 à 1981.

Le commerce mondial, qui atteint près de 2 000 milliards de dollars en 1981, baisse en valeur de l'ordre de 1 % par rapport à 1980, alors que sa progression avait avoisiné 20 % l'année précédente. La forte appréciation de la monnaie américaine explique l'incidence ainsi enregistrée sur le mouvement des valeurs unitaires à l'exportation converties en dollars. En tout cas, c'est la première fois depuis près d'un quart de siècle que la valeur du commerce mondial faiblit d'une année à l'autre.

En volume, le commerce international perd de son dynamisme antérieur et stagne, en 1981, avec pour traits dominants un recul de 14 % des livraisons de pétrole, mais une augmentation des exportations de produits agricoles de 5 % et de produits manufacturés de 3 %. Hors pétrole brut, les échanges mondiaux s'accroissent de 2,5 % en volume, contre 4,5 % en 1980.

Contexte

Le commerce entre pays industriels à économie de marché diminue de façon significative, leurs exportations en direction du reste du monde poursuivant une expansion relativement rapide, en particulier à destination des pays de l'OPEP. Car cette dernière zone demeure la grande région offrant des débouchés importants et nombreux aux pays développés. Les importations des pays de l'OPEP sont en hausse de 15 % en 1981, se chiffrant à 155 milliards de dollars. Mais la baisse de leurs exportations de 9 % (de 20 % des exportations de pétrole, en dépit d'un prix moyen de 10 % plus élevé qu'en 1980), celles-ci étant ramenées de près de 300 à 270 milliards de dollars, conduit à un amenuisement de 45 milliards de dollars de l'excédent commercial global, qui tombe à 115 milliards de dollars.

On peut s'interroger sur l'évolution à l'avenir des débouchés dans les pays de l'OPEP, dans la mesure où la stabilisation des prix et la baisse de production du pétrole brut risquent d'amoindrir leurs recettes plus rapidement que prévu. Dans cette optique, leur balance courante pourrait bien ne plus dégager qu'un solde positif d'une cinquantaine de milliards de dollars en 1982.

Les importations des pays en voie de développement importateurs de pétrole augmentent beaucoup moins en 1981 (+ 7 %) qu'en 1980 (+ 26 %).

Enfin, du côté des pays d'Europe de l'Est pris dans leur ensemble, on assiste à une forte décélération de la progression des exportations et des importations, dont la variation en hausse n'est plus respectivement que de 2 et 3 %. Bien entendu, le cas polonais retient l'attention : la Pologne voit, pour sa part, chuter de 22 % la valeur de ses exportations et de 20 % celle de ses importations. En revanche, à la différence de ses partenaires du Comecon, l'Union soviétique accroît sensiblement ses échanges dans les deux sens.

Les difficultés de balance des paiements des pays de l'Est, dans leurs relations avec les pays développés à économie de marché, sont liées à divers facteurs : lenteur à élargir leurs recettes d'exportation, en raison d'une offre insuffisante de produits exportables, dégradation des termes de l'échange, poids des intérêts (dont les taux sont singulièrement aggravés) et de l'amortissement des lourdes dettes antérieurement contractées. À la fin de 1981, l'endettement net en devises convertibles des pays de l'Est, vis-à-vis des pays occidentaux, dépasse 80 milliards de dollars.