La société Transgène a été créée à l'initiative du groupe financier Paribas, avec l'appui de quatre groupes industriels : Elf-Aquitaine, Air liquide, BSN-Gervais-Danone, Moët-Hennessy. La liste des actionnaires comprend également le G 3, qui a reçu des actions gratuites, et l'université Louis-Pasteur de Strasbourg. Les chercheurs de la société Transgène s'installent dans de nouveaux laboratoires à Strasbourg ; le budget de fonctionnement de ces laboratoires est de 80 millions de F pour cinq ans.

La société Genetica n'a qu'un actionnaire, Rhône-Poulenc, qui a préféré agir seul.

Le pseudomonas artificiel est breveté

Un organisme vivant peut être breveté, comme une invention technique : telle est la décision prise en 1980 par la Cour suprême des États-Unis après une bataille juridique de huit années autour d'une souche bactérienne du genre Pseudomonas.

Cette souche a été créée de toutes pièces par un chercheur d'origine indienne, Ananda M Chakrabarty, employé par la firme américaine General Electric. La nouvelle espèce résulte du croisement par ingénierie génétique de quatre souches de Pseudomonas capables de dégrader le pétrole. Chacune d'elles possède une enzyme qui détruit spécifiquement l'un des composants du pétrole brut. La synthèse de chaque enzyme dépend d'un plasmide, petite boucle d'ADN distincte du chromosome bactérien.

Chakrabarty a introduit lès quatre plasmides dans la même bactérie et, pour les stabiliser sans qu'ils s'inhibent mutuellement dans la bactérie artificielle, il les a fait fusionner par irradiation. La nouvelle souche, reproductible, ne ressemble plus à aucun Pseudomonas existant. On peut prévoir de fabriquer par ce procédé des souches bactériennes capables de digérer les diverses fractions des hydrocarbures : chaînes linéaires ramifiées ou non, chaînes cycliques et aromatiques. L'application immédiate serait la résorption des marées noires.

Sanction contre un généticien

Pour la première fois depuis la levée de l'embargo sur l'ingénierie génétique (Journal de l'année 1977-78), un chercheur américain, travaillant à l'université de San Diego, en Californie, s'est vu retirer, en août 1980, le droit de continuer ses expériences de clonage pour avoir enfreint les règles de sécurité édictées par le Comité de surveillance de l'Institut national de la santé. L'interdiction porte sur l'implantation dans des cellules en culture d'un virus très contagieux, dénommé Semliki, à la place d'un virus inoffensif pour l'homme.

Le Comité de surveillance a montré que l'expérimentation sur le virus Semliki, destinée semble-t-il à renforcer les moyens d'immunisation contre ce virus, était très avancée dès janvier 1980 et que le chercheur n'attendait que l'autorisation légale de passer au clonage. L'erreur dans le choix du virus à l'étape finale de la recherche était peut-être involontaire, et le chercheur a été autorisé à continuer ses autres travaux de virologie ; mais il a choisi de démissionner de son poste.

Plasmides de maïs

Introduire dans le génome des céréales un ou plusieurs gènes codant pour la transformation de l'azote atmosphérique en nitrates directement utilisables par la plante, tel est l'un des espoirs de l'ingénierie génétique. Les céréales pourraient alors se passer totalement ou partiellement d'engrais azotés, comme le font les légumineuses grâce à leur symbiose avec des bactéries fixatrices d'azote. Pour introduire un gène dans une cellule, on l'incorpore généralement à un plasmide de bactérie, petit anneau d'ADN capable de réplication autonome. On pensait jusqu'à présent que les plasmides n'existent que chez les bactéries. Mais des biologistes anglais, de l'université de Cambridge, ont découvert dans le cytoplasme et dans les mitochondries de certaines variétés de maïs six types différents de petites unités d'ADN. Plusieurs se présentent sous forme d'anneaux et l'un de ces types au moins semble doué de capacité de réplication. Il pourrait vraisemblablement être utilisé par l'ingénierie génétique.

Mystérieux viroïdes

Des agents infectieux, beaucoup plus petits et plus simples que les virus, posent une fois de plus le problème des origines de la vie et de la multiplication d'un être vivant. Les viroïdes ont été mis en évidence dans la maladie des tubercules en fuseau de la pomme de terre, dans la chlorose du concombre, le nanisme du houblon et du chrysanthème, la maladie de l'écorce des agrumes, le cadang-cadang du cocotier aux Philippines, etc.

Structure

On ne les a identifiés avec certitude que chez les plantes supérieures, mais ils pourraient bien être responsables de certaines maladies animales et humaines dont les agents n'ont jamais été isolés et qui sont provisoirement attribués à des virus lents. Il s'agit en particulier du scrapie (ou tremblante) du mouton et, chez l'homme, de la maladie de Kreutzfeld-Jacob et de la maladie du Kuru, qui sévit en Nouvelle-Guinée. Ces trois affections se traduisent par la dégénérescence du cerveau et, chez les êtres humains, par des troubles mentaux.