Principales victimes d'une pollution qui corrode leurs cultures maraîchères et attaque les conduites d'adduction d'eau, les Pays-Bas entament une série de procès contre les Mines et contre l'administration française. Les ministres de l'Environnement des pays riverains devaient, en juillet 1981, arrêter leur choix définitif entre trois solutions : l'injection des saumures dans la nappe phréatique alsacienne ; leur transport jusqu'à la mer par saumoduc ; le transport du sel par barges remontant le Rhin. Les deux premières comportent des risques écologiques ; la troisième est économiquement ruineuse.

Léman

Huit mille tonnes de phosphate s'accumulent déjà au fond du plus grand lac d'Europe. Paris et Berne ont signé un accord en novembre 1980 pour un programme commun de déphosphatisation. En attendant sa réalisation, le gouvernement français demande aux fabricants de lessives de ne plus vendre en Haute-Savoie de produits générateurs de phosphates.

Cours d'eau

Lancée en 1974, l'opération Sauvetage du Doubs présente en 1980 un bilan positif. Grâce aux dispositifs d'épuration construits par Peugeot dans l'usine de Sochaux et par les villes de Besançon et de Pontarlier, la pollution a régressé. Les poissons sont de nouveau comestibles. Un réseau de surveillance — prélèvements périodiques et stations automatiques — veille au maintien des résultats, qui devraient encore être améliorés si d'autres municipalités s'associent à l'effort entrepris.

Réunis en décembre, le comité du bassin de Seine-Normandie et le Conseil d'administration de l'agence placent parmi leurs priorités la lutte contre le gaspillage de l'eau potable — les industriels sont incités à transférer leurs prélèvements des nappes souterraines vers les rivières — et contre la pollution des cours d'eau par les composés azotés et les phosphates. Après la station d'épuration d'Achères, achevée en 1978, on entreprend de construire la station géante de Valenton, dont la première tranche devrait être mise en eau au plus tôt en 1985. Les optimistes vont jusqu'à espérer qu'avant la fin du siècle la Seine aura retrouvé sa pureté de jadis.

Reprenant des travaux menés par des Britanniques dans l'agglomération londonienne, un assistant au Muséum de Rouen, Michel Lerond, a établi une échelle de corrélation entre la pollution atmosphérique et le développement de plus de quatre-vingts espèces de lichens, inégalement sensibles à cette pollution. Une étude menée grâce à ces capteurs naturels confirme que la pollution est en baisse dans la région de la Basse-Seine.

Marées noires

Le pompage des quelque 8 000 à 10 000 t de fuel restées dans les soutes du Tanio, le pétrolier malgache échoué près de l'île de Batz le 7 mars 1980 (Journal de l'année 1979-80), se poursuit bien au-delà des délais prévus, jalonné d'échecs et d'incidents techniques. Après plusieurs tentatives infructueuses au cours de l'été, environ 350 t sont aspirées entre le 4 et le 6 octobre, puis en deux fois, en avril, un millier de t. On ignore quand pourra être terminée l'opération, dont le coût total est provisoirement évalué à 200 millions de F, s'ajoutant à une somme à peu près égale déjà dépensée pour le nettoyage des côtes bretonnes.

En janvier 1981, les côtes de Picardie sont souillées de cadavres d'oiseaux mazoutés. Il semble que des pétroliers procèdent régulièrement à des dégazages, sachant que la surveillance française par thermophotographie aérienne est abandonnée faute de crédits.

Dix ans pour retrouver de l'eau pure

Un milliard 800 millions d'êtres humains (80 % des populations rurales et 23 % des populations urbaines de la planète) manquent totalement d'eau potable. Dans dix ans, au taux actuel d'accroissement démographique et si rien n'est fait pour améliorer l'approvisionnement en eau de boisson et de toilette, il y en aura un milliard de plus.

Potable

Une eau est dite potable lorsqu'elle satisfait à certains critères. Elle doit être limpide, sans odeur, sans saveur, contenir une faible proportion de gaz (oxygène, azote, gaz carbonique) à raison de 30 cm3 par litre et une petite quantité de sels minéraux : moins de 0,4 g/l de carbonate de calcium, moins de 1 g/l de chlorure de sodium. Elle doit surtout être à peu près exempte de bactéries : on considère comme potable une eau contenant jusqu'à un millier de bactéries inoffensives, mais on ne tolère aucun autre élément vivant pathogène (virus, œufs et larves de parasites) ni aucune substance minérale nocive, tels les nitrites dérivés des engrais, le plomb, le mercure. Un adulte devrait consommer environ 2,5 l d'eau par jour, sous forme de boisson ou incorporée aux aliments.