Assorties à ces expériences par Radio-France de radios décentralisées, deux radios thématiques ont vu le jour : Radio 7, lancée en juin 1980 à destination des jeunes, trouve le ton et fait sa place auprès des auditeurs de la région parisienne. En février 1981, on enregistre 500 000 auditeurs chaque jour, et quelque 1 000 000 d'auditeurs différents chaque semaine. Radio Bleue, lancée fin 1980 en direction du troisième âge, va sa course tranquille de radio de papa : informations et services spécifiques, refrains d'autrefois.

Radio-France tente donc de se placer ainsi sur la MF. Reste qu'étendre un réseau de radios localisées ou diversifiées posera un problème financier certain. Où trouver les ressources de financement dans le cadre d'un service public qui ne peut pas gonfler la redevance de son public, et qui ne peut compter que médiocrement sur les recettes d'une publicité compensée ?

Expériences

De leur côté, les radios dites libres font, cette année qui précède l'élection présidentielle, feu de tout bois. C'est le grand chahut sur les onces MF. En lançant des ballons d'essai, en occupant le terrain, quitte à être saisi et faire parler de soi, on impose une idée. Celle d'un éclatement du monopole. Les radios se multiplient. Parisiennes ou provinciales, commerciales ou locales, les expériences sont très diverses.

Expériences politiques : le PC fait quelques tentatives. Le PS appuie : François Mitterrand, alors Premier secrétaire du PS, avait été inculpé pour avoir participé en 1979 à une émission de Radio Riposte. Une équipe de professionnels proches du PS, emmenés par Maurice Séveno, ouvre à Paris, au printemps 1981, l'antenne de Canal 75.

Expériences syndicales : la CGT pousse la pression de ses; radios de lutte. Si, à Longwy, Cœur d'acier, la radio des métallurgistes, connaît des difficultés internes, les radios de lutte temporaires poursuivent leur périple dans le pays, au gré des conflits du travail localisés. À Ivry, dans la banlieue parisienne. Radio 94 s'est installée. Et Radio-Quinquin, dans le Nord, saisie au printemps 1980, envisage son retour sur les ondes en juin 1981.

Expériences écologistes après Radio-Fessenheim, qui émet en Alsace, Radio Verte à Paris et Radio-Golfech luttent sporadiquement contre le nucléaire.

Expériences purement locales : des radios comme Radio-Fil-à-Soi à Aies, Radio-Lutèce ou Fréquence-Montmartre à Paris visent essentiellement la communication locale et la vie associative.

Expériences commerciales : un peu partout on cherche à utiliser au mieux les recettes de la publicité.

Guerre des nerfs

Durant la période préélectorale du printemps 81, certains groupes de presse travaillent activement dans l'ombre : le Parisien libéré, le Midi libre, le Monde qui, dès mai 1981 occupe une fréquence pour un projet ambitieux, Radio-Cité future, « qui ne verra le jour que lorsque la législation le permettra ».

Expériences périphériques enfin : après Radio-Adour-Navarre, dont l'émetteur, installé en Espagne, arrose le Pays basque français à partir de studios implantés en plein cœur de Biarritz, Radio-Mont-Blanc et Radio K mettent leurs antennes en Italie, échappant ainsi aux interdits du monopole. Les émissions sont brouillées, pour Radio K comme pour bon nombre de radios émettant de France. C'est la guerre des nerfs.

Espoir

Le changement de gouvernement, avec l'élection, en mai 1981, de François Mitterrand à la présidence de la République, libère une charge d'espoirs et de projets tous terrains. Le parti socialiste, dans l'opposition, avait multiplié les prises de position en faveur des radios libres. En juin 1981, les déclarations de Georges Fillioud, ministre de la Communication dans le nouveau gouvernement, font l'effet d'une douche froide : pas de modification à la loi avant plusieurs mois. Le brouillage continue. L'attente aussi.

Du côté des quatre grands, Europe 1, RTL, France-Inter et RMC, c'est également l'attentisme toute l'année : on investit peu, on imagine sage.

Au CESP de mars 1981, Europe 1 passe en tête des sondages (audience cumulée) avec 24,3 points, devant RTL 23,3, France-Inter 22,2, et RMC 11,1.