Outre la suprématie d'Europe 1, cette vague de sondages marque une très forte remontée de l'écoute de France-Inter, qui talonne désormais les deux principaux périphériques.

Meilleure écoute, sur Europe 1, pour : Stéphane Collaro dans son émission du matin, le Sweepstake de Jacques Rouland, le Hit-parade de Jean-Loup Lafond, les Histoires vraies de Pierre Bellemare.

Sur France-Inter, Ève Ruggiéri a augmenté l'audience des matinées avec ses récits. Les radios concurrentes empaument la voie : avec Annie Girardot pour Europe 1 et Jeanne Moreau pour RMC, qui invite également Frédéric Pottecher à raconter Les grands procès de l'histoire. Toutes initiatives du jeune et nouveau directeur des programmes, Pierre Lescure.

Côté opérations exceptionnelles et de promotion, on reste discret cette année dans les principales stations. RMC, fin 1980, patronne une opération Perce-neige pour les handicapés, avec Lino Ventura. Radio-France assure, l'hiver, deux radios temporaires dans les Alpes : Radio-Val d'Isère et Radio-Valmorel. Tout au long de l'année, la station a pratiqué la décentralisation en envoyant en province et en direct un certain nombre de ses émissions. Début juin 1981, elle patronne la première Transat en l'air, traversée aérienne de l'Atlantique. Cependant qu'Europe 1, pour la seconde fois consécutive, soutient la Transat en double (sur mer) avec l'Observer britannique.

Au demeurant, on attend. On attend que se définissent les cadres futurs de la légalité radiophonique en France.

La Citizen Band

Un nouveau mode de communication a fait en 1981 son entrée officielle sur les ondes françaises, avec un nom qui vient des États-Unis : la citizen band, c'est-à-dire « bande de fréquence des citoyens ». Pour ses adeptes, elle a un nom plus simple : CB (prononcer cibi). La citizen band qui utilise la fréquence de 27 mégahertz, est un mode de communication radio de voiture à voiture principalement, né aux USA après la dernière guerre, mais qui n'a connu son véritable essor que pendant les années 70. Le phénomène a ensuite atteint la plupart des pays européens.

Engouement

Ce qui a fait le succès de la CB : sa simplicité d'utilisation Nul besoin, en effet, de brevet de radio professionnel. Une petite boîte de la taille d'un autoradio, un minimum de boutons, un micro — le mike — et une antenne. C'est tout. Son prix modique (à partir de 800 F environ) a été une autre raison de cet engouement.

C'est un décret du ministère de l'Industrie du 20 décembre 1980 qui a rendu la CB légale en France et en a fixé les conditions d'utilisation. Jusqu'à cette date, en effet, la pratique du 27 Méga — l'autre nom de la CB — était interdite.

Paradoxe : le code des P et T n'interdisait pas l'importation ni la commercialisation du matériel de citizen band, mais uniquement son utilisation. L'article L. 89 du code des P et T prévoyait d'ailleurs des peines sévères pour les contrevants : un mois à un an de prison et une amende de 3 600 à 36 000 F.

La nouvelle réglementation autorise dorénavant le matériel CB d'une puissance de 2 watts, émettant sur 22 canaux en modulation de fréquence, meilleure protection contre le brouillage des émissions de télévision. Les cibistes devront en outre posséder une licence délivrée pour cinq ans, dont le prix a été fixé à 100 F. Cette nouvelle réglementation ne satisfait cependant pas les adeptes du 27 Méga : il la trouve trop restrictive. Ils n'avaient d'ailleurs pas attendu le décret du ministère de l'Industrie pour communiquer entre eux. La plupart des 200 000 cibistes étaient en effet, équipés de postes de 5 watts de puissance, émettant sur un minimum de 40 canaux (mais le plus souvent 100), en modulation de fréquence (FM), modulation d'amplitude (AM) et en SSB ou bande latérale unique — des postes permettant de communiquer à plus de 50 kilomètres de distance. Les nouvelles normes limitent celle-ci à 30 kilomètres dans le meilleur des cas.

Contact

La facilité des relations entre personnes — et leur anonymat — est l'atout principal du 27 Méga. Il suffit, de tourner un bouton pour entrer — gratuitement — en contact avec d'autres personnes. Sur les ondes ont alors fleuri des noms pittoresques : Hippocampe, Calamity, Goldorak, ou Drakkar, noms de code de chaque cibiste. Mais la citizen band peut aussi jouer un rôle important en matière de sécurité routière : signalisation des accidents ou des embouteillages.