Comme le veut la tradition, le président de la République lui demande de se remplacer lui-même rapidement. Cette tentative de pure forme échoue. Le président Sandro Pertini décide alors de confier cette mission à une personnalité qui n'appartienne pas à la démocratie chrétienne, Giovanni Spadolini, leader du petit parti républicain. Avec la même majorité, élargie au parti libéral, ce laïc obtient de la démocratie chrétienne qu'elle cède la direction du gouvernement, poste qu'elle occupait depuis la fin de la guerre. La DC sait qu'en refusant ce compromis de nouvelles élections anticipées seraient inévitables ; c'est là un risque qu'elle ne veut pas courir.

Les élections communales et régionales du 21 juin 1981 confirment en effet que la gauche progresse aux dépens de la démocratie chrétienne. Neuf millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Grand vainqueur, le parti socialiste passe en moyenne de 10 à 14 % des suffrages, réalisant ses meilleurs scores en Sicile et à Bari, la ville d'Aldo Moro. Le parti communiste, malgré un tassement de ses voix, conserve ses bastions de Rome et Gênes, enlevés à la démocratie chrétienne en 1976. Ce test national confirme plus que jamais le rôle charnière du parti socialiste, dont le succès résulte partiellement de la victoire, en France, du nouveau président de la République François Mitterrand.

Giovanni Spadolini présente le 28 juin son gouvernement. Le premier président de Conseil laïc annonce son intention de mener une triple bataille : économie, terrorisme et moralité de la vie publique.

Référendums et continuité

La continuité, de préférence au changement. Appelés le 17 mai 1981 à se prononcer sur 5 référendums, les électeurs, qui votent en masse (près de 80 % de participation), indiquent clairement leur souhait de voir maintenues toutes les lois en vigueur. Cela est vrai d'abord pour l'avortement. Les Italiens rejettent à la fois la proposition du parti radical, favorable à une libéralisation des textes, et celle du Mouvement pour la vie, partisan, au contraire, d'une limitation de l'avortement aux seuls cas de nécessité thérapeutique. Ce résultat est d'autant plus spectaculaire que Jean-Paul II, appuyé par la démocratie chrétienne, a répété à plusieurs reprises son hostilité à l'interruption volontaire de grossesse. Cette défaite est donc aussi un peu la sienne. Satisfaction, en revanche, dans les rangs de tous les partis de gauche, qui ont fait campagne ensemble pour que la loi 194, qui avait été votée en 1978, soit maintenue. Le « non » l'a largement emporté notamment dans le sud du pays, pourtant considéré comme plus proche de la démocratie chrétienne : socialistes et communistes veulent y voir le désir d'un changement politique, dans la foulée de l'élection de François Mitterrand, une semaine plus tôt, en France. Mais, à une très nette majorité, les électeurs rejettent également les autres propositions du parti radical. Ils disent non à la suppression de la réclusion criminelle à perpétuité, non à la suppression des lois antiterroristes, et enfin non à l'abrogation de la loi autorisant le port d'armes. Dans un pays qui n'a pas encore trouvé de parade efficace au terrorisme, c'est la volonté de ne pas modifier les textes en vigueur qui apparaît ainsi.

Paris clandestins : justice à la romaine

Parieurs, entraîneurs, footballeurs et organisateurs, les 38 inculpés du scandale du totonero (Journal de l'année 1979-80) ont été acquittés, le 22 décembre 1980, par le tribunal de Rome. Cette affaire de paris truqués clandestins portait sur plusieurs centaines de millions de lires ; elle avait eu des répercussions jusque dans les milieux sportifs, où plusieurs personnalités du football italien avaient été lourdement sanctionnées, dont certaines à vie. Peu sensible sans doute à l'émotion provoquée dans tout le pays, le tribunal romain a blanchi tous les participants. Une surprise à laquelle personne ne s'attendait et sans doute pas les acteurs eux-mêmes.

Le tremblement de terre

Dimanche 23 novembre, 19 h 34 : en Italie, c'est une journée de grand soleil qui se termine, et l'une des plus grandes catastrophes du xxe siècle qui commence.