Journal de l'année Édition 1979 1979Éd. 1979

J.-P. Soisson décide de reprendre 600 postes de professeurs affectés dans les universités ou les directions départementales de la jeunesse et des sports ; il demande aux professeurs du secondaire de faire deux heures supplémentaires d'enseignement par semaine et d'assurer l'animation des associations sportives scolaires en dehors de leur temps de service. Ainsi récupérera-t-on les 74 000 heures d'enseignement nécessaires pour assurer chaque semaine aux élèves trois heures d'éducation physique en moyenne au lieu de deux.

Mécontentement

Les professeurs protestent contre l'accroissement de leurs charges et réclament la création de postes supplémentaires. Ils multiplient les grèves et les manifestations à Paris et en province jusqu'au début de décembre. Les étudiants en éducation physique, qui s'inquiètent de leur avenir, se joignent à eux : ils bloquent les trains à Rennes, à Poitiers, à Caen, à Strasbourg, occupent des agences pour l'emploi. En effet, malgré une première sélection sévère après le baccalauréat, on compte 2 000 candidats au CAPEPS (le concours de recrutement des professeurs) pour quelques centaines de postes seulement.

Les enseignants reçoivent l'appui des lycéens et de nombreux parents. Paradoxalement, la gym est populaire : selon l'enquête faite à la rentrée par le Guide de l'étudiant, c'est la matière qui recueille le plus de suffrages chez les élèves. Le docteur Lagarde, président de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, partisan convaincu du sport à l'école, n'est pas hostile au plan de relance, mais le trouve insuffisant. Deux cents sportifs de haut niveau le condamnent. Enfin, du côté des partis politiques, le RPR juge le plan Soisson « inadmissible et scandaleux » de même que les socialistes et les communistes. Pour être adopté par l'Assemblée nationale, le budget du ministère de la Jeunesse et des sports pour 1979 doit être bloqué avec l'ensemble de la loi de finances.

En effet, la disproportion est choquante entre les mesures prises et les intentions affichées par le gouvernement. Dans le VIIe Plan, un programme d'action prioritaire prévoit 1 000 postes nouveaux par an, mais on n'en a créé que 794 en 1978, et on n'en annonce que 460 en 1979 (uniquement des professeurs adjoints).

À l'issue de négociations avec la FEN, Jean-Pierre Soisson consent à examiner les transferts de postes cas par cas, et même à en annuler certains ; il laisse les enseignants consacrer une partie de leur temps de service aux associations sportives scolaires. Enfin, il annonce que 400 professeurs seront recrutés au concours en 1979.

Les congrès du désenchantement

Le 60e congrès de la fédération Lagarde et le 33e congrès de la fédération Cornec se sont achevés respectivement le 26 mai à Dijon et le 4 juin à Brest. Mais l'heure est au désenchantement. Le véritable dialogue avec les enseignants souhaité par les deux puissantes fédérations de parents d'élèves reste lettre morte. Fissure à la fédération Cornec ? Pour la première fois depuis 1970, les congressistes n'ont pas voté à l'unanimité la résolution finale qui fixe l'orientation pour l'année à venir.

Supérieur

La sélection est renforcée spécialement en médecine et en pharmacie

L'année universitaire commence par de nouveaux conflits. Alice Saunier-Seïté, au mois de septembre, impose de nouvelles obligations de service aux assistants non titulaires (droit, sciences économiques, lettres et sciences humaines). Ceux-ci ne pourront rester en fonction que cinq ans au maximum (sous forme de périodes renouvelables). Ils devront assurer cinq heures de travaux dirigés (TD) ou dix heures de travaux pratiques (TP) par semaine. Ceux qui resteront plus de cinq ans en fonction devront faire 12 heures de TD et 25 heures de TP par semaine. Ce règlement doit permettre de renouveler le corps des assistants, comme le souhaitent beaucoup de professeurs et des étudiants qui espèrent des débouchés, et d'assurer tous les enseignements sans recruter plus d'assistants.

En revanche, les vacataires recrutés par les universités ne pourront plus assurer un service complet. L'opposition des présidents d'université et des directeurs d'UER, qui demandent la possibilité de conserver aux vacataires leurs emplois antérieurs et de maintenir en poste les assistants actuels, amène le ministre des Universités à retarder l'application des mesures prévues. Cependant, des grèves d'assistants se produisent à la rentrée dans plusieurs universités. Mais ces mouvements restent isolés : les actions lancées par le SNES (affilié à la FEN) et le SGEN-CFDT ne connaissent qu'un succès limité. Aussi, à la fin de l'année universitaire, les deux syndicats appellent-ils à une grève des jurys d'examen pour obtenir le renouvellement des assistants en fonction.