Journal de l'année Édition 1978 1978Éd. 1978

L'écologie a atteint des sommets au cours de l'été 1977, avec les manifestations dirigées contre la construction de centrales nucléaires, de barrages, l'aménagement de camps militaires. À Creys-Malville, le 31 juillet, des heurts très rudes avec les forces de l'ordre disposées pour empêcher les cortèges d'atteindre les installations nucléaires faisaient 1 mort et une centaine de blessés. Le 14 août, on dénombrait 50 000 manifestants au Larzac, 8 000 à Bastia, 2 000 à Flamanville dans la Manche. Mais les querelles entre tendances, les divisions et le demi-échec électoral du mouvement écologiste devaient freiner son essor, malgré des catastrophes comme le naufrage devant les côtes bretonnes du pétrolier géant Amoco-Cadiz, qui provoque de vives discussions, mais aussi une impressionnante manifestation de solidarité.

Quant au terrorisme, il n'a pas atteint, au même degré, heureusement, la France comme il a frappé de plein fouet plusieurs pays voisins. Rien de comparable en effet ici aux affaires Ponto, Schleyer ou Aldo Moro, aux Front armée rouge et Brigades rouges. Certes, on a vu se manifester à diverses reprises avec virulence des groupes informels, étiquetés, faute d'appartenance ou de structures, les « autonomes ». Certes, aussi, on a enregistré diverses affaires crapuleuses, relevant du gangstérisme, telles que les enlèvements de Revelli-Beaumont, président de Fiat-France (J. A. 1976-77) et du baron Empain, tous deux libérés à l'issue d'une longue captivité et après paiement d'une rançon. Certes encore, la France a été le théâtre d'actions terroristes liées au conflit du Proche-Orient, tentatives de détournements d'avions ou fusillades sur les aérodromes, meurtres de militants de l'un ou l'autre camp, et notamment d'Henri Curiel, juif et communiste d'origine égyptienne. Certes, enfin, le bruit des explosions a souvent réveillé les habitants des villes et des villages de Corse, mais aussi des Parisiens, des Bretons, ou la population de diverses régions : le plastic est devenu un moyen quasi habituel d'adresser un avertissement ou de donner une leçon au fisc, à EDF, à des responsables politiques ou administratifs, voire à des entreprises bancaires, de tourisme ou même à de simples commerçants, comme l'épicerie de luxe Fauchon, à Paris, plastiquée à quelques jours de Noël. L'attentat commis fin juin au château de Versailles par des éléments autonomistes bretons, désavoués par leur mouvement, suscite une indignation quasi générale.

Toutes ces affaires, tous ces incidents ont parfois remué l'opinion publique française, donné lieu à de vives controverses, comporté des suites judiciaires. Dans le même temps, la délinquance et la criminalité continuaient à se développer, suscitant dans l'opinion des réactions marquées en faveur de l'ordre, de la peine de mort dont l'épiscopat français a cependant recommandé l'abolition dans une démarche courageuse. Cependant, la France reste, dans un monde troublé et agité, un pays relativement calme, les déchirements politiques, les conflits sociaux, les visions opposées de révolution de la société n'ont pas, durant la période 1977-1978, année du choix, provoqué de très grands bouleversements.