Aussitôt revenu à l'Assemblée nationale, Jacques Chirac poursuit en l'accélérant son effort de relance du mouvement gaulliste. Le 5 décembre, au cours d'un grand meeting à la porte de Versailles, il fait approuver la transformation de l'UDR en Rassemblement pour la République, est élu président du nouvel RPR, désigne Jacques Monod, un haut fonctionnaire qui a été son directeur de cabinet à l'hôtel Matignon comme secrétaire général, son prédécesseur à ce poste Yves Guéna devenant délégué politique national. Toutes les instances du mouvement sont transformées, ses statuts, son organisation et son implantation profondément remaniés, un nouveau siège établi à la tour Montparnasse, des initiatives lancées, des ralliements enregistrés, un nouveau départ pris. Un peu bousculés mais conquis ou, pour certains comme Jacques Chaban-Delmas, contraints de suivre leurs troupes sinon toujours leur nouveau chef, les barons et les grands ducs du compagnonnage, anciens premiers ministres et chefs de file du gaullisme historique, serrent les rangs avec les élus autour de la direction du RPR.

Certes, l'élan initial est assez vite retombé et les adhésions sont loin d'avoir été aussi nombreuses, le renouvellement aussi profond et l'élargissement aussi considérable que J. Chirac et ses lieutenants l'avaient espéré et même laissé entendre. Mais le président du RPR n'entend pas en rester là et il va bientôt, dans une démarche spectaculaire et quasi irrésistible, conquérir un poste clef d'une importance symbolique considérable : la mairie de Paris.

Du RPF au RPR

RPR (Rassemblement pour la République), né le 5 décembre 1976, est la dixième appellation que prend le mouvement gaulliste au cours de ces trente dernières années.

RPF (Rassemblement du peuple français). Tout commence par cette première appellation en avril 1947 ; le mouvement la porte jusqu'en septembre 1955, époque à laquelle il est mis en sommeil. Auparavant, en juin 1952, les représentants du mouvement au palais Bourbon se scindent en deux groupes :

ARS (Action républicaine et sociale) et

URAS (Union des républicains d'action sociale). En janvier 1954, environ neuf mois avant que le RPF soit mis en sommeil, ARS et URAS se regroupent en partie et prennent le nom de :

RS (Républicains sociaux). Beaucoup de gaullistes se retrouvent dans le Centre national des indépendants.

Au lendemain du retour du général de Gaulle, après le référendum constitutionnel de septembre 1958, le mouvement gaulliste fonde une nouvelle organisation, qui prend le nom de :

UNR (Union pour la nouvelle République). Cette appellation se transforme, en décembre 1962, après l'union avec les gaullistes de gauche rassemblés dans l'UDT (Union démocratique du travail) :

UNR-UDT, simple rapprochement des sigles des deux organisations. En novembre 1967, une décision du congrès de l'UNR-UDT transforme les structures internes et décide d'une nouvelle dénomination. Elle apparaît en janvier 1968 :

UD-Ve Rép. (Union des démocrates pour la Ve République) n'aura qu'une courte existence puisque, en juin de la même année, il est décidé que ce sigle trop peu clair fera place à :

UDR (Union des démocrates pour la République), qui restera en vigueur jusqu'au 5 décembre 1976.

À Fréjus, le 19 mai 1977, naissance du Parti Républicain (PR). Secrétaire général : J.-P. Soisson. Le PR regroupe RI et progiscardiens.

La gauche se mobilise

Pendant que se développent ainsi de grands changements dans le camp de la majorité présidentielle et parlementaire, l'opposition de gauche continue pour sa part d'évoluer plus discrètement, mais de façon également significative. L'entente se consolide et des rapprochements s'opèrent sur les grands problèmes, qui les ont si longtemps séparés, entre les partenaires communistes, socialistes et radicaux de l'union de la gauche. C'est ainsi que l'on note un durcissement progressif du PCF dans l'appréciation portée sur certains aspects du système soviétique : le 21 octobre, pour la première fois, un représentant officiel de la direction du parti communiste prend part à un meeting aux côtés de deux dissidents expulsés d'URSS, pour protester avec les porte-parole de toute la gauche contre les atteintes à la liberté dans les pays de l'Est.