Le rapport Cornuau propose, au contraire, d'organiser régulièrement des concours d'idées, de supprimer les listes d'architectes agréés et de faire appel à des professionnels jeunes ou provinciaux, au lieu de traiter toujours avec les mandarins parisiens. Dans chaque ministère, une partie des crédits serait réservée à un secteur pilote, où les normes seraient assouplies afin de laisser place à plus d'imagination. Enfin, au niveau national, une « mission architecture construction », coordonnerait innovation et recherche pour une meilleure architecture des bâtiments publics. Mais les services concernés des ministères rechignent à abandonner leurs privilèges et à réformer leurs pratiques.

La fin des marinas

On ne construira plus de marinas. En principe, la circulaire Guichard de janvier 1973 l'a dit clairement. Mais il faut terminer celles qui sont commencées. Ces ensembles portuaires et immobiliers édifiés sur des terrains gagnés sur la mer ont connu, il y a quelques années, une vogue considérable, au grand dam de ceux qui croyaient avoir une vue imprenable sur la mer : Port-Deauville, sur la côte normande, Marina-Baie-des-Anges, près de Cannes, Bormes-les-Mimosas, dans le Var, Port-Mandelieu et bien d'autres encore sur la côte méditerranéenne. À défaut de marinas, dont le caractère de dérogation aux règlements et de modification du tracé côtier avait de quoi choquer, les promoteurs immobiliers, et leurs clients, sont toujours très attirés par les constructions les pieds dans l'eau. Sur la côte vendéenne et en Normandie, des immeubles s'édifient sur les plages, avec la bénédiction de certaines municipalités. En Bretagne, la menace se présente en ordre plus dispersé : moins d'immeubles, beaucoup de villas blanches à toit d'ardoise, qui grignotent petit à petit les rivages. Conscients de la nécessité de freiner cette invasion, les pouvoirs publics ont tenté de prendre diverses mesures, notamment dans les plans d'urbanisme. Comme la seule protection définitive est l'achat des terrains convoités, un conservatoire du littoral a été créé et fonctionne depuis l'été 1976. Mais ses moyens sont très faibles (20 millions de F environ pour 1977) au regard des besoins et face à une pression immobilière qui s'accroît.

Les passe-murailles

L'architecture a perdu de sa superbe et elle tend à se faire, dans certains cas, de plus en plus discrète. L'incertitude esthétique qui règne dans les esprits engendre une manière nouvelle, à mi-chemin entre le pastiche et l'architecture dite « d'accompagnement », chaque fois qu'il faut résoudre un problème délicat ou que l'opinion publique s'en mêle... Quand on ne décide pas de construire du neuf en conservant les façades anciennes en trompe l'œil. Plusieurs exemples, comme celui d'Orléans notamment illustrent ce qu'on pourrait appeler une victoire du compromis architectural.

Consultation

Depuis les batailles d'Amiens (en 1970), de Reims (en 1975), on sait que les constructions à l'ombre des cathédrales soulèvent facilement les passions esthétiques. À Orléans, il s'agit de construire, de part et d'autre de la cathédrale (de style gothique, mais terminée au XVIIIe s.), des bâtiments administratifs : préfecture et assemblée régionale, d'un côté ; annexe de la mairie et musée municipal, de l'autre. Le parvis est très large et il paraît souhaitable à tous de le resserrer.

Après le refus, par la Commission supérieure des abords historiques, du projet présenté par les architectes Luc et Xavier Arsène-Henry, les services de l'architecture organisent une consultation de cinq autres architectes pour disposer d'une « alternative ». La commission en sélectionne trois qui, dans des styles différents, affirment une recherche contemporaine qui s'harmonise avec la cathédrale. Mais Françoise Giroud, à l'époque secrétaire d'État à la Culture, d'accord avec le maire d'Orléans, opte pour le projet de Christian Langlois, qui semble devoir être mieux accepté par la population (une mini-exposition a été organisée sur place).

En fait, après une initiative intéressante de l'Administration pour promouvoir une recherche architecturale contemporaine, on se retranche dans la prudence, sans avoir fait l'effort de sensibiliser vraiment la population. Une occasion manquée.

Neutre

Chacun préfère s'en tenir à une architecture passe-muraille : un style neutre, des façades classiques, des arcades vaguement inspirées de celles d'une rue voisine, des toitures à deux pentes, mais beaucoup plus aplaties que celles de la ville. Une architecture qui a fait merveille à Paris, rue de Vaugirard, en face du Sénat, dont Christian Langlois est l'architecte responsable de l'entretien.