La pollution émanant des véhicules neufs a diminué de 60 % en dix ans, mais, affirme le rapport, « il est difficile d'aller au-delà sans compromettre les progrès susceptibles d'être accomplis en matière de consommation d'énergie ». Dès lors, le gouvernement se limite à certaines mesures ponctuelles, comme cette carte blanche délivrée aux conducteurs pouvant justifier que leur voiture ne pollue pas.

Des progrès sensibles (évalués entre 10 et 15 %) sont certes possibles en matière d'économie d'essence, mais « ils ne peuvent intervenir que progressivement avec la mise sur le marché de nouveaux modèles ».

Le bruit des véhicules ? Il en coûterait environ 1 000 F par véhicule pour obtenir une diminution appréciable du nombre des décibels.

Les ménages français et leurs automobiles

Selon une enquête de l'INSEE, effectuée en mai 1975, 63,9 % des ménages français sont équipés d'au moins une voiture et 11,6 % des ménages en possèdent deux, ou plus. Ce pourcentage national recouvre des situations assez différentes. Ainsi, 53 % seulement des ménages résidant à Paris possèdent au moins une voiture, alors que le pourcentage s'élève à 79 % en banlieue. Dans les villes de province des distorsions sensibles se font jour. Si, à Grenoble. 54,8 % des ménages possèdent une voiture, 14,8 % sont équipés de deux voitures ou plus. Par contre, à Nice, ces pourcentages passent respectivement à 50 % et 16,1 % contre 49 % et 13,6 % à Rouen.

La part de l'automobile n'a pas, ajoute la Chambre syndicale des constructeurs (CSCA), sensiblement augmenté dans le budget des ménages au cours des dix dernières années.

Point noir

Reste la sécurité, point noir sur lequel les auteurs du rapport se penchent plus à fond.

Les deux mesures réglementaires prises en 1973 (port de la ceinture de sécurité et limitation de vitesse) ont eu des résultats appréciables : à partir de cette époque, le nombre des victimes de la route a commencé à décroître. Il reste que le coût social des accidents de la route demeure considérable : 13 500 morts, 350 000 blessés, 250 000 accidents, représentent un coût de 20 milliards de F, soit l'équivalent du chiffre d'affaires de l'industrie automobile.

Il reste aussi que le nombre de tués par 100 millions de véhicules/kilomètres est deux fois supérieur à ce qu'il est en Grande-Bretagne ou aux États-Unis.

Dans ces conditions, l'action des pouvoirs publics tendra, dans l'avenir, à s'exercer moins sur la nature du véhicule et le comportement du conducteur (le plus important étant dans ces domaines le respect du port de la ceinture et celui des limitations de vitesse) que sur les infrastructures et les conditions de circulation en ville comme en rase campagne. Ainsi, l'existence de plans de circulation a permis une diminution des accidents à Belfort et à Cherbourg (20 %) et à Rouen (30 %). Une grande attention sera également portée aux dangers encourus, du fait de l'automobile, par les piétons et les utilisateurs de deux-roues, qui représentent près de 45 % des victimes de la route et de la rue.

Perspectives

Peu révolutionnaires, mais réalistes, telles apparaissent en définitive les conclusions des experts. L'automobile se heurte, dans les centres-villes, aux excès qu'elle a elle-même engendrés par sa trop grande et trop rapide prolifération. Dans les villes moyennes et petites, la complémentarité et la coexistence pacifique entre les différents modes de transports (voiture particulière et transports collectifs, mais aussi deux-roues et marche à pied) est en général possible.

Le problème se complique dans les banlieues des grandes agglomérations et dans ces zones urbaines que les tendances nouvelles du développement font apparaître. Les besoins, très importants et à croissance rapide, ne peuvent être satisfaits entièrement ni par l'usage de l'automobile ni par le développement des transports en commun traditionnels (trop coûteux) dans ces zones fortement urbanisées. Là, il faudra innover par le recours, comme aux États-Unis ou, aussi, dans certaines villes de France telle Saint-Cloud, à des formules simples : taxis à la demande, minibus, taxis collectifs.