En matière de stabilisation des revenus tirés des exportations de matières premières, certains progrès ont été faits. Le financement compensatoire des fluctuations de cours accordé par le FMI est très largement libéralisé en décembre 1975. Il devrait permettre d'accorder des crédits d'un montant de 1,2 milliard de dollars au premier semestre 1976, alors que, en treize ans de fonctionnement antérieur, au total 1 milliard seulement fut accordé. Au cours des mêmes discussions, le financement des stocks régulateurs fut lui aussi accru.

Cette question, déjà au centre des travaux de la conférence Nord-Sud à Paris en décembre 1975, s'est retrouvée posée à Nairobi. La proposition américaine de création d'une Banque internationale des ressources est repoussée. Les pays pauvres préfèrent, en effet, la constitution d'un fonds unique alimentant des stocks régulateurs de tous les produits. En position un peu intermédiaire, la France a présenté des propositions de création de sept ou huit fonds spécifiques, destinés chacun à financer le stock régulateur d'une matière première.

Durcissement

Dans ce domaine, la position des pays en voie de développement s'est donc très nettement durcie depuis le succès de l'OPEP. Les cartels sont certes difficiles à établir ; l'éclatement du CIPEC, groupant les producteurs de cuivre, est possible après l'échec de la réunion de juin 1976 à Paris. Mais le tiers monde paraît décidé à dominer davantage sa vie économique.

Malgré ces conférences internationales, souvent à grand spectacle, les marchés des changes ont connu des périodes très agitées. Beaucoup de commentateurs en ont manifesté une déception certaine, ironisant sur l'esprit fantôme de Rambouillet. Pouvait-il en être autrement ? Lorsque les rythmes annuels d'inflation, pour ne retenir que ce critère, varient dans les principaux pays de 4 à 20 %, certains ajustements de parité ne sont-ils pas justifiés ? Il est, en tout cas, certain qu'à partir de Rambouillet, les banques centrales sont intervenues plus massivement sur les marchés des changes.

Si l'on compare la situation au moment de la conférence de Porto Rico (27-28 juin) où se trouvaient les mêmes pays qu'à Rambouillet plus le Canada, des changements sensibles apparaissent. Le plus important concerne certainement l'opinion générale sur l'avenir du dollar. Il y a un an, la devise américaine était contestée ; elle se trouvait d'ailleurs à ses cours les plus bas. Maintenant, le dollar est apparemment redevenu une monnaie solide.

Devises

Le consensus sur les perspectives du Deutsche Mark a suivi une évolution presque inverse. Considérée autrefois trop faible, sa parité par rapport au dollar est maintenant jugée raisonnable. Dans ces conditions, on comprend mieux la solidité, vieille maintenant de onze mois, de l'axe dollar-DM, autour d'une parité de 2,55 DM pour un dollar. La stabilité des deux principales devises du système monétaire international devrait avoir un effet apaisant sur l'ensemble des marchés. Et, de fait, les secousses enregistrées furent essentiellement dues à la situation interne de certains pays.

Pendant ce temps, le franc s'affaiblit et doit sortir du serpent européen le 15 mars 1976. De juin 1975 à juin 1976, le dollar s'est ainsi apprécié de plus de 15 % par rapport au franc pour se stabiliser autour de 4,70 F pour 1 dollar.

La livre et la lire, affaiblies par la situation économique et politique de la Grande-Bretagne et de l'Italie, fléchissent régulièrement. Pour la première fois, la livre vaut moins de 2 dollars (1,70 dollar en juin 1976). La lire tombe jusqu'à 930 lires pour 1 dollar.

À l'inverse, le franc suisse a bénéficié des difficultés italiennes et britanniques et, plus modestement, des incertitudes politiques en France. Puis la crise libanaise en mai-juin 1976 a sans doute accéléré l'entrée de capitaux étrangers en Suisse. Enfin, le remarquable succès obtenu en matière d'inflation, 1 % en rythme annuel au cours des cinq premiers mois, a achevé de convaincre les détenteurs de capitaux de l'excellence du placement en francs suisses.