Deux groupes de pays sont ainsi directement intéressés à une adoption la plus rapide possible du système dont nous allons voir les caractéristiques :
– en matière de change, chaque pays membre adopte les dispositions de son choix : flottement intégral ou concerté, rattachement à une monnaie ou à un panier de monnaies. À la majorité de 85 %, ce qui laisse un droit de veto aux États-Unis, le Fonds pourra décider la mise en place d'un système reposant sur des parités stables et ajustables. Une seule interdiction est formulée : la définition des monnaies en or.
Ce système, qui légalise les changes flottants, n'est donc pas très contraignant. Cependant, chaque pays doit collaborer avec le Fonds et avec les autres membres pour assurer le maintien de dispositions de change ordonnées et promouvoir un système stable de taux de change. Les membres du Fonds devront s'acquitter de cette obligation en respectant un certain nombre d'engagements précis relatifs aux politiques économique et financière, tant intérieures qu'extérieures ;
– le rôle de l'or est réduit. Il n'y a plus de prix officiel de l'or. Il ne peut plus servir à la définition des monnaies. Le Fonds doit céder le tiers de ses réserves en or, soit environ 1 555 t, la moitié sera restituée aux États membres, l'autre moitié sera vendue aux enchères en quatre ans. La plus-value tirée de cette vente, soit l'écart entre le prix officiel de 42,2 dollars l'once et le prix du marché, servira à alimenter un Fonds fiduciaire d'aide aux pays les plus pauvres. Le 2 juin 1976, le FMI a organisé la première des 32 ventes prévues : les 780 000 onces (24,3 t) ont trouvé preneur à 126 dollars l'once ;
– les caractéristiques du droit de tirage spécial seront modifiées de manière à en faire le principal instrument de réserve du système monétaire international.

Lacune

Le premier mérite de ce projet est d'adapter le droit aux faits en matière de change ; le second est certainement d'encourager une plus grande concertation entre les États. Le projet est ambitieux, il n'est pas nécessairement voué à l'échec. Une lacune apparaît toutefois : rien n'est fait pour assurer le contrôle de la création de liquidités internationales. Leur développement trop rapide risque de provoquer de nouvelles tensions inflationnistes.

Une des caractéristiques essentielles des négociations internationales de 1975-1976 est, à chaque étape, la participation des pays en voie de développement. De la part de la communauté mondiale, c'est la reconnaissance ambiguë de leur faiblesse et de leur force. À l'une et à l'autre correspondent d'ailleurs assez bien les deux thèmes principaux de revendications de ces pays : obtenir un accroissement des possibilités d'endettements, améliorer et stabiliser les revenus tirés des ventes de matières premières.

Au cours de cette année, les pays en voie de développement ont bénéficié de crédits exceptionnels correspondant à la situation désastreuse de leurs balances des paiements.

Les pays en voie de développement ont obtenu un peu plus du tiers, soit 2,5 milliards de dollars, des crédits accordés au titre du mécanisme pétrolier, créé le 13 juin 1974 et dont le fonctionnement s'est achevé le 31 mars 1976.

Les 12 et 13 juin 1975, le Fonds et la Banque mondiale décident la mise en place d'un troisième guichet : les prêts accordés à ce titre seront assortis de conditions intermédiaires entre celles de la Banque (au taux de 8,5 %) et celles de l'Association internationale pour le développement (au taux de 0,75 %).

Sans doute plus important est l'accroissement général de 45 % des tranches de crédit décidé à la Jamaïque les 7 et 8 janvier 1976, en attendant l'entrée en vigueur du relèvement des quotes-parts. Le Fonds fiduciaire, alimenté par les ventes d'or, devrait, en outre, bénéficier de ressources d'environ 2 milliards de dollars.

Nairobi

À la réunion de la CNUCED tenue à Nairobi (du 5 au 31 mai), certains pays ont réclamé un moratoire général des dettes des pays du tiers monde. Certes, le poids du service de la dette s'est alourdi en 1975, atteignant 11 % du montant des exportations, contre 9 % en 1974. Ce chiffre reste cependant inférieur à ce qu'il était au début des années 1970, avant le triplement du cours des matières premières. Les principaux pays industriels, États-Unis, Japon, Allemagne et Grande-Bretagne, se sont opposés à cette revendication.