Les stations périphériques, elles aussi, se portent bien. En novembre 1973, Robert-André Vivien, rapporteur spécial du budget de l'Information, dresse devant l'Assemblée nationale le bilan des activités de la Sofirad pour l'année écoulée.

Sofirad

Contrôlée par l'État, cette société gère des participations financières dans plusieurs stations périphériques. Les résultats d'ensemble sont satisfaisants. Le chiffre d'affaires de Radio Monte-Carlo est supérieur de 33 % à celui de l'exercice précédent ; celui de Sud-Radio a augmenté de 22 % (son auditoire compte 850 000 personnes). Les recettes d'Europe no 1 ont augmenté de 12,6 %. L'émetteur installé à Chypre par la Soméra (filiale de Radio Monte-Carlo dont les capitaux appartiennent pour 55 % à Radio Monte-Carlo et pour 45 % à l'ORTF), et qui fonctionne depuis juillet 1973, obtient des résultats d'écoute satisfaisants (16 %) dans divers pays du Moyen-Orient. Il rejoint presque Radio Le Caire (17 %) et la BBC (19 %), installée de longue date dans le secteur.

Europe no 1 qui, depuis sa création, a toujours accordé une attention particulière à l'information, modifie encore sa formule, le matin surtout. Jean-François Kahn, chargé à 8 heures d'un bulletin et de commentaires, s'assure d'une grande audience. François Chalais donne son billet quotidien dans le journal de 13 heures. Étienne Mougeotte anime avec compétence Questions-Réponses. De 20 heures à 23 heures, Radio 2, animée par une poignée de jeunes de dix-huit à vingt-huit ans, et inspirée de la radio américaine, propose beaucoup de disques avec un minimum de paroles. Sorte de chaîne parallèle sans prétention, destinée aux couche-tard, ce programme permet aux auditeurs d'intervenir à tout instant.

Christiane Collange, qui fait équipe avec Annick Beauchamp, transfuge de France-Inter, est, elle, chargée des émissions féminines de la matinée. Le style est féminin, direct sans familiarité, pratique avant tout. Le Forum de l'après-midi, toujours sous la houlette de Christiane Collange, devient quotidien avec des débats sans frontière, pourrait-on dire, qui vont de la fessée à la prostitution, en passant par la greffe du cœur, les dimanches sans automobiles, l'information sexuelle (concurrence oblige) et la limitation de vitesse. Pierre Dumayet se lance à la recherche de la Vérité vraie. Pierre Bellemare, avec sa nouvelle émission Il y a sûrement quelque chose à faire, devient une sorte de médiateur en tentant de trouver des solutions à d'inextricables imbroglios administratifs ou à des conflits bien compliqués entre particuliers. L'écho de certaines affaires retentit dans les prétoires.

Réussite

À RTL, pour la première fois dans l'histoire de la station, les intérêts français marquent un recul ; l'agence Havas (15 % des parts) ayant participé à la création d'une nouvelle société de portefeuille, constituée par le groupe belge Bruxelles-Lambert (35 %) et le baron Empain (3 %), n'a plus, de ce fait, de participation directe dans la société qui exploite la station.

Pour Jean Farran, qui assure depuis sept ans la direction, 1973 semble bien être l'année de la réussite : l'audience s'est accrue, les recettes publicitaires ont suivi une courbe identique. Les programmes sont toujours articulés autour de quelques émissions assumées par les vedettes maison, comme Anne-Marie Peysson, qui connaît un beau succès avec Stop ou encore, le dimanche matin ; Philippe Bouvard, dont le RTL non-stop poursuit une carrière malgré un style agressif qui n'a pas que des admirateurs ; Sam Bernett, qui fut l'adjoint du fameux disc-jockey Rosko, propose Super Club RTL aux jeunes de treize à dix-huit ans. Ménie Grégoire, qui a fêté son septennat à RTL (la stabilité peut être aussi radiophonique), a célébré son 450 000e appel téléphonique ; elle continue d'alimenter le self-service de la psychanalyse et, chaque après-midi, se consacre à l'éducation sexuelle par antenne interposée. Ce qui a permis de découvrir que des Français de tout âge, de toute condition et de toute origine sociale ne sont pas rétifs à la sexologie radiophonique transmise au champ comme à la ville, à la maison ou en automobile par la grâce du transistor. L'antenne devient une sorte de relais entre le confessionnal et le cabinet médical. Mais l'auditeur ayant soit une incroyable impudeur, soit une fâcheuse propension à oublier le micro lorsqu'il téléphone à Ménie Grégoire, l'émission est prudemment diffusée en différé. On peut ainsi constater chaque jour le recul des limites de ce que certains qualifient d'inconvenance et que d'autres trouvent très sain.