Philatélie

Considérée à ses débuts comme un passe-temps anodin ou une innocente manie (certains ne l'appelaient-ils pas la timbromanie ?), la philatélie n'a cessé de prendre de l'importance dans le monde. Et, aujourd'hui, elle semble vouloir sortir résolument du hobby pour se transformer en sévère affaire commerciale, bien décidée à agrandir son trou. C'est la Grande-Bretagne, où le timbre fit ses premières dents, qui, tout naturellement, s'élance dans cette voie. À Dorking, petite ville du comté de Surrey, s'est tenue une réunion groupant des représentants de tous les organismes ayant intérêt à la diffusion et au commerce des timbres-poste. Une très sérieuse étude de marché a été présentée ; après des débats animés, un coordinateur, Michael Clarke, a été désigné. Il dispose de fonds solides qui doivent lui permettre d'utiliser toutes les méthodes modernes de publicité et de promotion afin d'imposer l'image de marque de la philatélie. Michael Clarke a sept ans devant lui pour doubler le nombre — déjà considérable — des collectionneurs britanniques.

Démission

Le congrès de la Fédération internationale de la philatélie (FIP) s'est tenu à Budapest, le 4 septembre 1971. Président depuis de nombreuses années, le Français Lucien Berthelot a présenté sa démission. Il a été remplacé par le Luxembourgeois Léon Putz.

Mais il a été immédiatement élu aux fonctions de président d'honneur et de conseiller.

Émissions abusives

À ce congrès, on a de nouveau beaucoup discuté de la gangrène qui affecte la philatélie mondiale et qui se présente sous deux aspects d'ailleurs voisins quand ils ne se confondent pas : les émissions abusives et les émissions pirates. Les premières relèvent d'États qui ont découvert que la philatélie représente un excellent moyen d'acquérir des devises et qui, dès lors, multiplient les sorties de timbres-poste, le plus souvent consacrés à des thématiques en vogue (animaux, plantes, sports, etc.). Les secondes sont le fait de gros commerçants sans scrupules qui, se réclamant ou non d'un État plus ou moins circonvenu, lancent sur le marché des vignettes qui ne sont même pas destinées à l'affranchissement postal. Abusives ou pirates, ces émissions présentent des timbres normaux avec d'autres figurines dont certaines en métal précieux.

On en arrive à proposer, pour le minuscule État arabe de Fujeira, par exemple, une série de 23 valeurs postales, avec 23 non-dentelés, 6 blocs, 2 blocs non dentelés en or, d'autres blocs en argent... Et le tout pour la coquette somme de 1 117,80 francs !

Sans se déclarer absolument impuissante, la FIP reconnaît qu'il lui est très difficile de s'opposer à de telles pratiques dès lors que certains gouvernements les couvrent. Heureusement, les réactions des collectionneurs apparaissent de plus en plus fréquentes, au point que les abusifs commencent à réfléchir. Six émirats sur neuf des Trucial States ont en effet décidé que, dès l'an prochain, seule leur Fédération émettrait des timbres-poste et cela dans une proportion raisonnable.

De même, plusieurs États africains se sont émus de voir leurs émissions — trop nombreuses et trop coûteuses — de plus en plus délaissées. Au cours d'une réunion, à Brazzaville, les ministres et experts des PTT des États noirs francophones ont décidé de diminuer et de régulariser davantage les émissions philatéliques.

Il serait temps !... Ne voit-on pas fleurir au Tchad, par exemple, une émission exceptionnelle consacrée à la Cour royale de France où, à côté de Richelieu, Turenne, Louis XIV et autres Colbert, figurent des timbres consacrés à Mademoiselle de La Vallière, à la du Barry ou à Cinq-Mars ?

Clubs de détenus

Mais au-delà de cette cuisine intérieure, la philatélie conserve son impact international. Au Canada, dans le cadre de l'amélioration de régime pénitentiaire, on met au point la création de clubs philatéliques parmi les détenus, avec communications autorisées de prison à prison. En France, c'est le rôle éducatif du timbre-poste qui a été mis en valeur avec l'apparition, à la télévision, de la philatélie scolaire.