De tels gouvernements se montrent parfois plus rigoureux que des États musulmans traditionalistes dans la surveillance de l'observation en public des règles de l'Islam, comme le jeûne du ramadan ou l'interdiction de boire de l'alcool.

Du 10 au 19 août 1970 se tient à Constantine (Algérie) le quatrième séminaire sur la pensée islamique. Mouloud Kassem, ministre algérien des Affaires religieuses, y déclare : « L'Islam est religion et État, spiritualité, éthique et morale en général. Il est également action et effort, force et combat, non point résignation et humiliation ou acceptation de l'injustice et de l'oppression. Il est la religion de la justice et de l'équité, de la grandeur, de l'honneur et de l'égalité, car il offre à chacun sa chance et ses responsabilités. Il est donc la religion du socialisme dans le vrai sens du mot. »

Cela explique que le ministre algérien des Affaires religieuses ait pu imposer en décembre la décision de transformer 3 000 mosquées disséminées à travers le pays en « véritables foyers d'instruction », afin d'alphabétiser un million d'adultes au cours des trois prochaines années.

Si l'Islam paraît ainsi bien protégé contre toute politique de laïcité, il semble ne pas être à l'abri de la perte du sens religieux provoquée par l'industrialisation et l'urbanisation — phénomène que l'on nomme sécularisation dans les pays chrétiens.

On s'en est beaucoup inquiété au séminaire de Constantine sur la pensée islamique autour du thème : « l'Islam et la vie ; l'Islam face aux défis du siècle ». L'influence du matérialisme pratique de l'Occident est particulièrement redoutée. D'où le vœu des participants à ce séminaire que soit entrepris un effort de formation religieuse et culturelle auprès des musulmans immigrés en Europe et spécialement en France. La motion finale réclame l'ouverture de centres islamiques dans les pays non musulmans.

L'Islam en Europe

Un tel centre est en cours d'édification à Bruxelles. Il comportera une mosquée, un institut islamique, une bibliothèque, une école et des équipements sociaux. Plusieurs États musulmans en ont pris en charge le financement. La Libye construit un centre analogue à Rome, pour en faire un moyen de contact direct et permanent entre l'Islam et l'Église catholique.

De plus en plus, les milieux intellectuels musulmans s'intéressent à l'évolution des Églises chrétiennes et en particulier du catholicisme. De ce point de vue, la visite à Rome, du 17 au 20 décembre 1970, d'une délégation du Conseil suprême des Affaires islamiques du Caire apparaît très importante. Cette délégation a eu des contacts avec divers organismes de la curie et a été reçue par le cardinal Villot, secrétaire d'État.

Un communiqué publié à l'issue de la visite indique que le Conseil suprême des Affaires islamiques et le Secrétariat romain pour les religions non chrétiennes ont décidé « de se consulter régulièrement sur les questions concernant les relations entre musulmans et chrétiens sur le plan social, culturel et spirituel ». Un représentant de chacune de ces deux organisations est depuis lors accrédité auprès de l'autre.