L'expérience Béluga, qui s'est déroulée du 10 au 14 décembre à la COMEX, dans l'hydrosphère du CNEXO, avait pour but de mettre au point les équipements nécessaires au travail dans des eaux à – 2 °C. Trois plongeurs, Bernard Reuiller, Patrice Chemin et José Sanchez, ont vécu dans le compartiment sec sous une pression équivalant à – 160 m. Deux fois par jour, ils descendaient dans le compartiment « humide », rempli d'eau à – 2 °C. Pendant les deux derniers jours, la pression du compartiment « humide » équivalait à – 200 m.

Neuf plongées ont été ainsi effectuées. Grâce aux améliorations apportées aux vêtements chauffants au cours de l'expérience, les séances de travail ont duré en moyenne une heure, avec un maximum d'une heure dix minutes.

Météorologie

Le cyclone du Pakistan oriental

Depuis le début du siècle, jamais un cyclone tropical n'a aussi fortement ému l'opinion mondiale que celui qui dévaste le Pakistan oriental à la mi-novembre 1970. Pourtant, il s'agit d'un phénomène annuel, qui ne manque jamais ses rendez-vous avec les régions où il a ses habitudes. Les cyclones de l'océan Indien (baie du Bengale et mer d'Oman) apparaissent surtout pendant les deux saisons de transition, avril-mai et octobre-novembre (avant et après la mousson du Sud-Ouest). Presque chaque année ils font des milliers de morts au Pakistan.

Chasseurs de typhons

C'est d'ailleurs dans la baie du Bengale que ce phénomène est étudié pour la première fois et reçoit son nom de cyclone, trouvé par l'Anglais Piddington. Mais il sévit en d'autres régions du globe, où il porte parfois des noms particuliers : typhon (mot chinois) dans le Pacifique Nord-Ouest, hurricane (origine Indienne) ou ouragan aux Caraïbes, etc.

Aux Antilles et dans le Pacifique Ouest, le phénomène est surveillé par des avions de l'US Navy et de l'US Air Force, les « chasseurs de typhons », chargés de répondre à ces trois questions : « Où est-il ? » « Quelle force a-t-il ? » « Où va-t-il ? »

Pour les cyclones de l'océan Indien, cette protection ne joue pas. Les satellites météo, les radars de terre, quand il y en a, tentent de la remplacer.

Dans le cas du cyclone de novembre 1970, la détection par avion n'aurait rien changé au résultat. Le cyclone qui devait tuer des centaines de milliers d'hommes — mais le sait-on au juste, car les habitants du delta du Gange sont recensés comme les épis dans un champ — était repéré par satellite, sa route prévue. L'alarme, dit-on, n'a pas été donnée comme l'aurait permis le dispositif en place.

Mais l'eût-elle été, comment aurait-on mis à l'abri les milliers d'êtres menacés ? La configuration géographique de la région fait que ses habitants sont offerts comme des proies aux fureurs atmosphériques. Seuls des constructions spécialisées, des éminences naturelles (absentes dans ces plaines alluviales) ou des déplacements massifs de populations auraient pu protéger des vies.

Quand le monde est informé du désastre, les secours affluent avec un retard imputable évidemment à l'éloignement, mais aussi à l'inertie administrative. On a reproché au gouvernement pakistanais (qui siège au Pakistan occidental) de n'avoir pas mis les forces armées au service des sinistrés (v. rubrique Pakistan), et au gouvernement de l'Inde de n'avoir pas accepté le survol de son territoire, en alléguant des raisons de secret militaire. Cet événement météorologique, insolite par son ampleur et ses effets, a pris une dimension politique.

Trois armes meurtrières

Demeurés mystérieux dans leur génération, leur persistance et leurs déplacements, les cyclones tropicaux sont constitués essentiellement par une dépression atmosphérique profonde que les masses d'air appelées par ce vide relatif ne peuvent combler. Elles franchissent des latitudes diverses sur des surfaces terrestres animées de vitesses différentes, qui provoquent l'enroulement caractéristique du cyclone. Celui-ci tourne dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère Sud, et en sens inverse dans l'hémisphère Nord. Il tue par trois moyens :
– les vents, qui atteignent parfois 380, 400 km/h (vents soutenus : les rafales sont en plus). À cette vitesse voisine de celle des projectiles, tout est emporté : l'air parait solide (un vent de 300 km/h est neuf fois plus fort qu'un vent de 100 km/h) ;
– les pluies : des nuages chargés de milliards de tonnes d'eau les déversent autour du puits central, sur de vastes étendues ;
– la dépression initiale aspire la mer dans l'œil du cyclone, d'où une marée anormale par rapport à la marée astronomique. En outre, les vents non seulement font encore monter le niveau de la mer en convergeant, mais surtout provoquent des lames qui peuvent atteindre 30 à 35 m de haut.