En toile de fond sur le problème des vocations se détache de plus en plus nettement le sort des religieuses. En vingt-cinq ans, le nombre des religieuses françaises est passé de 117 000 à 100 000, le nombre des novices et postulantes de 7 300 à 1 800 : comme pour les prêtres, le problème de leur recrutement est lié à celui d'une adaptation indispensable. Quant aux religieux, l'aventure du prieur de l'abbaye cistercienne de Boquen (Côtes-du-Nord) témoigne d'un mouvement profond de rénovation. Relevé de ses fonctions le 19 octobre 1969 pour avoir introduit des méthodes révolutionnaires dans son abbaye, dom Bernard Besret est autorisé en février à revenir à Boquen comme simple moine.

Espagne

L'évolution de l'Église romaine provoque des mouvements contraires.

Le 10 juillet 1969, 500 prêtres conservateurs se réunissent à Ségovie pour condamner le progressisme moderne. Par contre, une vingtaine de jésuites conservateurs ne sont pas autorisés à se constituer en province particulière. L'Opus Dei, qui se situe aussi dans une ligne religieuse traditionnelle, ne se solidarise pas avec le mouvement extrémiste des guérilleros du Christ-Roi.

En décembre 1969, le P. Mariano Gamo est condamné à trois ans de prison. Il avait tenté dans sa paroisse madrilène du quartier ouvrier de Moratalaz une expérience comparable à celle de l'Isolotto de Florence.

Plusieurs prêtres basques et catalans, dont la contestation se manifestait autant sur le plan politique et autonomiste que sur le plan pastoral, sont arrêtés.

En avril, 115 prêtres de la province de Galice se solidarisent publiquement avec le concile hollandais ; 45 jésuites refusent de rencontrer le général de leur ordre, le P. Arrupe, celui-ci ayant cautionné le régime franquiste en rendant visite au chef de l'État.

Italie

Le régime concordataire pèse de plus en plus lourdement sur les relations clergé-laïcs. L'enquête sur la crise du clergé italien, présentée lors de la Conférence épiscopale en janvier 1970, provoque des réactions diverses. La tendance majoritaire se prononce pour une adaptation large, mais progressive des activités pastorales et des structures ecclésiales aux besoins du monde moderne. La minorité est divisée en deux clans : les conservateurs, pour qui un retour à la ferveur d'antan est le remède à tous les maux spirituels ; les progressistes, qui estiment que le prêtre doit être mêlé au monde qu'il a mission d'évangéliser, certains allant jusqu'à mettre en cause le célibat.

Un document épiscopal, le Mariage et la famille, publié en novembre 1969, ne règle pas l'éternel problème du divorce qui oppose de plus en plus l'État italien, favorable à un assouplissement de la règle ecclésiastique, et une Église nationale, sensible plus que toute autre aux pressions du Vatican.

Pays-Bas

L'Église reste à la pointe du combat.

Lors de la 5e session du Concile pastoral, en janvier 1970, clercs et laïcs prennent position sur des problèmes brûlants.

Il s'agit d'abord d'un appel à un profond renouvellement des formes de la vie religieuse : les statistiques révèlent une crise aiguë de recrutement et un vieillissement inexorable du personnel des communautés religieuses (sur 1 300 religieuses contemplatives, une seule a moins de vingt-six ans).

Le débat sur le ministère sacerdotal provoque, au sein du Concile, des prises de position extrêmement avancées. Cinq recommandations sur le célibat ecclésiastique, les évêques s'abstenant, sont votées à une forte majorité ; la première retient particulièrement l'attention : « L'obligation du célibat comme condition pour l'exercice du sacerdoce devrait être supprimée. » Les évêques hollandais, eux, demandent le changement de la règle du célibat des prêtres.

La réponse de Paul VI ne se fait pas attendre : le pape se prononce sans ambiguïté pour le maintien du célibat. On parle alors de schisme possible ; les cardinaux Villot et Alfrink se rencontrent pour tenter une conciliation. Les remous s'apaisent assez vite et la sixième et dernière session du Concile pastoral, en avril 1970, marque un retour au calme.

Allemagne

L'opinion catholique est bouleversée, en juillet 1969, par l'affaire Defregger. Un évêque auxiliaire de l'archevêque de Munich, Mgr Defregger, est accusé d'avoir fait exécuter 17 villageois de Filetto, dans les Abruzzes, en juin 1944, alors qu'il était capitaine dans l'armée allemande. Le cardinal Doepfner, archevêque de Munich, prend aussitôt la défense de son auxiliaire, qui, selon lui, n'a pas manqué aux lois de la guerre.

Belgique

Le 5 octobre 1969, les premiers diacres belges sont ordonnés. Parmi eux, un cheminot, qui continuera de militer dans un syndicat socialiste.