La 7600 se différencie de la 6600 par sa capacité de mémoire accrue : au lieu de 65 000 à 128 000 mots de 60 bits chacun, elle possède une mémoire très rapide de 65 000 mots, à laquelle vient s'ajouter une mémoire de 512 000 mots, soit 5 millions de caractères de 8 bits. L'énorme capacité de la machine permet à Control Data, qui avait réalisé ses précédentes machines surtout pour satisfaire les besoins d'organismes de recherche ou de laboratoires en calculs scientifiques complexes, de viser aujourd'hui autant le marché du calcul scientifique que celui de la gestion.

Pour la gestion — paie du personnel, gestion de stocks —, il faut qu'une machine possède une très grande mémoire, car on lui fournit beaucoup de données. La 7600 a été conçue pour permettre à de grosses firmes ou administrations de centraliser leur comptabilité ou la gestion du personnel.

D'après les estimations de Control Data, le marché des gros calculateurs est appelé à se développer encore plus rapidement que le marché des ordinateurs moyens durant les prochaines années. C'est sans doute ce qui explique pour une part la décision de la firme britannique ICL de se lancer, elle aussi, dans la réalisation d'un gros calculateur, le 1908 A, qui succède à toutes les machines de la série 1900.

Prévu pour être livré à partir de 1972, le 1908 A fera appel à de nouvelles techniques de connexion entre les circuits. La diminution de la longueur des liaisons ainsi obtenue permet d'accroître la vitesse de la machine. Ce calculateur offrira aussi la possibilité de traiter plusieurs programmes de calculs à la fois ; c'est ce qu'on appelle la technique du time sharing : on profite de ce que l'unité centrale est sans travail momentanément parce qu'un périphérique, par exemple, est en train de fournir les données nécessaires au prochain calcul à la mémoire centrale, pour faire traiter à cette unité centrale un tout autre programme.

Retard français

Par rapport à la Grande-Bretagne, la France possède un retard de plusieurs années. La convention entre le gouvernement et la CII, prévoyant la réalisation de 4 machines P 0, P 1, P 2, P 3, et une aide publique de 420 millions de francs dans les cinq années à venir, ne fut signée qu'en avril 1967. Cette année, cependant, la CII a pu présenter en public son premier ordinateur en état de fonctionnement, Iris 50 ou machine P 1. La production de la machine devait commencer à Toulouse, pendant le premier semestre 1969, et Iris 50 pourra être livré avec le software correspondant à la fin de 1969 ou au début de 1970.

En réalisant P 1, la CII n'a pas cherché à construire un matériel révolutionnaire. Il s'agit plutôt d'une machine classique, de la taille d'une IBM 360-40, destinée surtout à la gestion, et chargée de frayer la voie aux futurs matériels.

Fabriquée avec des circuits intégrés qui seront français pour une part, mais livrés avec des périphériques américains, Iris 50 fait appel à une technologie bien connue ; sa mémoire à tores offre une capacité de 16 000 à 262 000 octets ; la machine peut traiter 150 000 instructions par seconde. La CII espère vendre 150 de ces machines, et environ 100 machines P0, qui sont des machines P 1 simplifiées, offrant une plus faible capacité de calcul.

Ce n'est pas tant avec ces deux premières machines qu'avec les deux autres, P 2 et P 3, que la CII a rencontré des difficultés. La machine de gestion P 2 devait être livrée au 1er janvier 1970, et la machine scientifique P 3 au 1er décembre 1969.

La machine P 2 devait même être réalisée en deux versions, une version civile et une version militaire P 2M, destinée plus particulièrement aux sous-marins nucléaires français.

Multiprocesseur

En fait, si la construction de la machine P 2M, qui devra fonctionner dans des conditions particulières d'environnement (températures, vibrations), se poursuit normalement, la réalisation de la version civile P 2 est pour le moment pratiquement au point mort, et si jamais elle est reprise, ce ne sera sans doute pas avec la machine conçue au départ.