Placées sous la direction de François Salcrat, les fouilles n'ont pas seulement conduit à ramener au jour les segments de murs déjà reconnus (dont l'un n'a d'ailleurs pas été retrouvé) ; elles ont aussi révélé les restes de tout un ensemble architectural — sans aucun doute possible les vestiges d'une porte de la ville antique et ceux des fortifications qui entouraient l'ancienne cité.

Du côté de la terre

Cette cité s'étendait au nord du Vieux-Port, sur les pentes de ce qui était alors une presqu'île. Les fortifications dont les restes ont été retrouvés devaient donc barrer l'isthme et couvrir Massalia du côté de la terre.

L'entrée de la ville se révèle d'abord par trois tronçons de chaussée. Cette chaussée est bordée de trottoirs et faite de dalles polygonales striées, soigneusement assemblées. Elle est creusée d'ornières, s'élargit et monte pour entrer dans la ville. Sa largeur est de 3,80 m à l'est et de 7 m à l'ouest.

Les dalles ne sont pas d'époque grecque. Elles correspondent à un état romain de l'entrée de la ville. Un sondage effectué entre deux tronçons a permis de retrouver le niveau de la chaussée grecque : elle était en terre battue. À noter que cette chaussée se trouve dans l'axe de l'actuelle Grand-Rue, l'ancienne Via Recta du Moyen Âge.

Les deux tours

La plus grande partie du dispositif commandant l'entrée de la ville est désormais connue. La porte elle-même se trouvait en retrait ; elle était défendue par deux puissantes tours carrées, symétriques, dont les restes ont été découverts. Celle du côté nord a conservé ses fondations massives ; on l'a baptisée tour carrée. Celle du sud a gardé une partie importante de son mur de façade. Ce mur apparaît légèrement affaissé vers le sud, et la tour a été baptisée tour penchée. On peut y voir deux meurtrières et des embrasures en partie conservées.

Au sud de l'entrée, le dispositif de la fortification a été reconnu. La tour penchée était reliée à une autre tour par des courtines présentant deux décrochements à angle droit. De ces courtines, il ne reste guère que les fondations. Par contre, la tour, appelée tour sud, a conservé son flanc sud et sa façade en blocs de calcaire rose sur plusieurs mètres de hauteur. La façade est large de 8 m, épaisse de 1,50 m. On peut y voir la partie inférieure de deux embrasures de tir étroites, évasées vers l'arrière. À l'intérieur, le niveau du plancher reste visible. On pense que l'ouvrage pouvait avoir 12 à 15 m de hauteur.

Les restes d'un autre ouvrage ont été dégagés dans cette zone. Il s'agit d'un ouvrage de protection situé en avant de la tour sud et de la courtine. On y voit l'emplacement de deux poternes obliques, placées dans les angles avancés et destinées à permettre aux défenseurs des sorties rapides. On y voit également des meurtrières.

Époque hellénistique

Les restes d'un égout ancien, couvert de dalles, ont été retrouvés dans le même secteur, en arrière des murailles.

Du côté nord, la tour carrée était flanquée d'un puissant bastion en terrasse. Le mur de soutènement de ce bastion n'est autre que le segment déjà reconnu en 1913 et classé monument historique. Derrière lui, il n'y avait qu'un remblayage. La ligne du rempart, qui partait de ce bastion vers le nord, est marquée par des fragments. Des éléments en avaient déjà été retrouvés auparavant, lors de travaux dans diverses rues de la ville situées plus au nord.

Dans le même secteur, mais en avant des remparts, les restes d'une autre tour ont été retrouvés. Cette tour nord, isolée, possède des fondations très profondes. Un égout la traverse. Construite en calcaire blanc — alors que les autres tours et bastions sont faits de calcaire rose —, elle appartient sans doute à un dispositif plus ancien, dont d'autres vestiges ont été dégagés, noyés dans le remplissage du bastion.

Mais que les blocs soient en calcaire rose ou blanc, leur technique d'assemblage est la même. La taille est précise. Aucun liant n'a été employé. Les encoches pour la pince, les trous pour le levage, les marques de carriers bien visibles sous la forme de lettres ou de monogrammes ; tout cela autorise une datation : la construction est d'époque hellénistique, du iiie ou du iie siècle avant notre ère.