Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

Maisons

En Mésopotamie, vers 2000, les pièces sont distribuées autour d’une cour pavée de briques cuites (Our, Sumer) ou, au contraire, communiquent entre elles sans cour (Tell Asmar, Akkad*). En Palestine*, à la maison à abside (v. 2500) succède un plan à trois salles juxtaposées (Bet Shan). Les maisons égyptiennes sont connues par les représentations funéraires et les fouilles du quartier ouvrier d’Hétep-Sénousret, vers 1900, et de Tell al-Amarna* (cité royale, v. 1365). La maison rurale possède toujours un portique couvert et une cour fermée la précédant ; la maison « bourgeoise » ou princière, située dans un jardin, comporte deux zones, l’une pour la vie diurne, l’autre pour la vie nocturne. Sauf dans les types simples, les maisons égyptiennes avaient un ou deux étages au-dessus du rez-de-chaussée et un toit en terrasse.


Temples

Le temple égyptien est constitué dans ses éléments essentiels vers 2150. Schématiquement, il comporte un sanctuaire, une grande salle et une vaste cour entourée de portiques et fermée par un pylône. La construction, par des pharaons successifs, de temples ajoutés les uns aux autres donne naissance à des groupements complexes, dont le type est le temple d’Amon à Karnak (v. Thèbes).

La grande salle comprend un vaisseau central et deux vaisseaux latéraux, moins élevés ; la lumière, provenant d’ouvertures munies de claustra ménagées entre la couverture dallée du vaisseau central et celle des vaisseaux latéraux, n’éclaire que faiblement l’intérieur, encombré d’énormes colonnes fort rapprochées. Celles-ci, en pierre dès l’Ancien Empire (2600 av. J.-C.), avec base et chapiteau, succédaient sans doute à des poteaux en bois.

De même que les analogies sont grandes entre les maisons d’Égypte et celles de Mésopotamie, de même le temple de Tell el-Obeïd (v. 2775) est proche de ceux de la Ve dynastie égyptienne ; par contre, la ziggourat diffère de la pyramide à la fois par la forme et la fonction. Elle n’est pas un tombeau ; apparue vers 2300 av. J.-C., élément caractéristique du temple sumérien, elle devient l’élément essentiel du temple mésopotamien avant d’être incluse dans le palais.


La Méditerranée et le monde grec (1100-50 av. J.-C.)


Aspect général

En Crète (v. créto-mycénien [art]) apparaît déjà cette diminution des dimensions qui s’affirmera en Grèce (avant qu’une tendance inverse ne se développe à Rome). Un souci d’harmonie apparaît dans les formes des pièces et des cours (même si leur groupement complexe semble échapper à des règles fixes) ainsi que dans le rapport des parties, comme à l’« aire théâtrale » de Cnossos. Les « palais » se présentent comme des constructions considérables, aux nombreuses pièces, dotés de systèmes d’adduction d’eau et d’égouts ; ces édifices très massifs à deux ou trois niveaux étaient faiblement éclairés — au moins au niveau inférieur — par les « puits de lumière », des fenêtres paraissant avoir existé dans les étages. De nombreux supports consistant en colonnes avec un fût de bois ont été restitués.

De Mycènes les Grecs n’ont hérité que le « mégaron », ni les voûtes de brique en encorbellement ni les murailles cyclopéennes ne furent retenues par eux.

La Grèce* se rattache aux civilisations qui la précèdent par l’emploi des supports isolés (colonnes) et la constance de nombreux traits dans les habitations. Elle s’en sépare par des conceptions architecturales qui doivent sans doute autant à une sensibilité propre qu’à des conditions géographiques ou politiques. Les dimensions des édifices sont relativement faibles, surtout dans la Grèce propre (elles sont plus fortes en Grande-Grèce et en Ionie). Ce que vont rechercher les Grecs sera non le colossal, mais l’harmonie, l’adaptation des édifices à leur fonction et une mise en œuvre précise des techniques de construction. Les effets vertigineux font place à des finesses cachées. L’élévation à portiques a, durant huit ou neuf siècles, joué sur les deux thèmes de l’ordre dorique et de l’ordre ionique. Les proportions de surfaces et de volumes varièrent en fonction de l’époque ou de la région, mais dans d’assez étroites limites.

La logique conditionne et définit l’architecture grecque : le rôle organique d’un membre architectural importe au même titre que sa situation relative et son éclairement. Un rythme abstrait, qui ne fait pas référence à la taille humaine (comme le prouve la hauteur d’emmarchement des « krêpis »), est propre à chaque édifice. L’ordonnance était comme une gamme mathématique dont l’architecte choisissait la première note, un « module » qui n’était pas forcément le diamètre du tambour inférieur du fût, mais pouvait être, par exemple, la largeur d’une façade ; les parties de l’édifice étaient calculées en multiples ou sous-multiples du module. De l’arithmétique, on passa à la méthode graphique (emploi de la triangulation) ; ainsi s’établit un « canon architectural », qui, diffusé par les traités dès le ive s. av. J.-C., devint une « recette » aux périodes hellénistique et romaine.


Maisons

Les habitations crétoises de Tylissos datent d’environ 1580 av. J.-C. et sont à la fois des logis et des magasins. Elles sont dépourvues de cour, mais elles possèdent le caractéristique puits de lumière. Dans les palais comme dans les maisons, de méandreux couloirs évoquent les labyrinthes légendaires.

Très tôt en Grèce (v. 2300), on trouve des habitations : des huttes rondes dans le nord de la Grèce et dans le Péloponnèse, des formes quadrangulaires et les premiers types de mégaron en Thessalie. Le mégaron, qui existait aussi à Troie (v. 2500-2300), se composait d’une vaste pièce donnant sur une cour (quelquefois deux pièces, « dôma » et « thalamos ») et pourvue d’un foyer dont la fumée s’échappait par un trou dans le toit ; il donnera, par combinaison avec la maison crétoise, la maison grecque du ve s. av. J.-C.

Deux constantes caractérisent l’habitation grecque : une cour bordée de constructions sur trois côtés, celui de la rue étant clos par un mur (sauf s’il existe des boutiques) ; une pièce ouverte sur cette cour et desservant la partie privée de la maison. Ces caractéristiques se retrouvent notamment à Olynthe (ve s. et première moitié du ive s. av. J.-C.), à Priène (du ive au iie s. av. J.-C.), à Délos* (fin du iiie s. - début du ier s. av. J.-C.), liées à un urbanisme régulier. La pièce ouverte (« pastas » à Olynthe) fait face au sud et comporte le plus souvent deux colonnes ; le pastas annonce le péristyle, qui prendra place dans la cour entre le iie et le ier s. av. J.-C. (Délos, Pergame, Pompéi). Les maisons comprennent toujours une pièce principale (« andron », « oikos » ou « œcus major ») servant, pense-t-on, aux banquets ; des cuisines, des salles de bains à baignoires, des latrines ont été retrouvées ; des vestiges d’escalier attestent l’existence d’un étage. Rome retiendra de l’habitation hellénistique* des principes de distribution ainsi que le péristyle.