Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

Temples

Les temples grecs de la période primitive (du xiie s. à 776 av. J.-C.) donnent l’origine du plan classique (temple d’Artémis Orthia à Sparte) ; mais c’est la période archaïque (de 776 à 479 av. J.-C.) qui voit l’apparition des premiers essais de plastique monumentale et, dès le milieu du viie s. av. J.-C. en Grèce continentale, celle du temple dorique avec ses éléments, « peristasis ». « naos » ou sanctuaire, « pronaos » et parfois « opisthodome ». En Sicile, les temples du vie s. av. J.-C. sont à la fois très vastes et d’un décor raffiné (influence orientale). Mais, dès la seconde moitié du siècle, l’ordre dorique est classiquement constitué en Grèce propre. Le naos (transposition du mégaron) est placé sur un soubassement à emmarchements (krêpis) et est précédé du pronaos : ce plan sera constant et se retrouvera chez les Romains. Dans un plan complet, l’opisthodome fait pendant au pronaos sur la face opposée ; le portique à colonnes n’existait à l’origine que sur un seul côté, puis on en plaça sur les deux petits côtés ; enfin, la colonnade entoura tout l’édifice, même avec des redoublements de colonnes (Parthénon). Ces colonnes, outre leur rôle plastique (v. ordre), ont une fonction architectonique, la charpente fort lourde des Grecs portant sur l’entablement, et les murs du naos venant réduire la portée. La forme générale n’est pas affectée lorsque le temple est partiellement ou totalement découvert (temple « hypèthre » : Sélinonte, temple G).

La période dite « classique » va de 479 à 330 av. J.-C. Si les constructeurs du Parthénon (v. Athènes), Ictinos et Callicratès, ne suivent pas le pur canon dorique — les formes étant plus élancées —, l’éclat de la stéréotomie et l’habileté des corrections optiques justifient la renommée de cet édifice et expliquent son influence. Les temples où le naos, de plan circulaire, est entouré d’un portique de même plan (« tholos ») étaient soit dédiés aux divinités chthoniennes, soit voués au culte des héros : tholos de Delphes* (début du ive s. av. J.-C.), Philippeion d’Olympie* (v. 326 av. J.-C.), « thymélée » d’Épidaure (fin du ive s. av. J.-C.).

À la formation de l’empire d’Alexandre correspond une nouvelle expansion de l’art grec. L’apparition de types nouveaux de monuments religieux (Arsinoeion à Samothrace, Pythion à Priène) répond à une évolution de la spiritualité. Les grands sanctuaires, dont la fonction était religieuse et politique, comprenaient, outre les temples et les « trésors », des théâtres et des stades.


Édifices publics

On ne connaît pas de théâtres en pierre avant le ive s. av. J.-C. (antérieurement, ils étaient en bois). Le théâtre d’Épidaure est considéré comme le chef-d’œuvre du genre. Le chœur chantait ou dansait dans l’« orchestra », espace circulaire desservi par deux accès latéraux (« paradoi ») servant aux acteurs comme aux spectateurs ; l’orchestra était limité d’une part par la « skênê », bâtiment précédé du « proskênion » où se tenaient les acteurs, et d’autre part par les premiers gradins de l’hémicycle (« theatron »). Il existait des décors derrière le proskênion et une machinerie.

Les stades n’étaient que de longs rectangles entourés de gradins adossés à une pente (Delphes, Priène), accompagnés d’un gymnase formé de portiques entourant une vaste cour et pourvu de bains et de pièces diverses (Priène). Enfin, les Grecs se retrouvaient dans la « lesché », vaste salle (Delphes), sous la « stoa », portique couvert, promenoir et marché (Athènes), ou encore sur les gradins du public au « bouleutêrion », salle carrée pourvue d’une tribune où délibéraient les magistrats (Priène).


Le monde romain


Aspect général

Rome* vit grand dans les problèmes de construction comme dans les effets architecturaux : une porte de ville, un forum, un marché, des thermes devinrent des monuments au même titre qu’une basilique civile ou un temple.

Le décor est plaqué et rarement structural. La démesure qui caractérise les édifices publics et le luxe, qui s’étend aussi aux constructions privées (à partir du ier s. apr. J.-C.), distinguent les Romains des Grecs. Toutefois, les édifices utilitaires, tels que thermes (couverts de voûtes), amphithéâtres et aqueducs, montrent une adaptation à l’objet et un aveu de la fonction qui leur confèrent une beauté architecturale. L’habitation connut une très grande diversification en fonction de l’évolution sociale.

Les nécessités d’un Empire de plus en plus étendu, où la construction devenait l’auxiliaire de la conquête, conduisirent les Romains à imaginer des techniques qui réclamaient peu d’ouvriers qualifiés et un grand nombre de manœuvres.

Enfin, avant d’utiliser les modèles grecs, on ne peut oublier que Rome hérita des techniques et des formes étrusques*.


Temples

En plan, le temple étrusque est un rectangle plus court que celui du temple grec ; il comportait un portique antérieur très profond et une « cella » fermée ; surélevé sur un « podium », il avait un escalier d’accès seulement sur le devant. Ces temples, en pierres sèches ou en briques crues, ont disparu, à l’exception des soubassements.

Le temple romain primitif dérive du temple étrusque, modifié par l’influence grecque. Les portiques sont très profonds, à colonnes d’ordre toscan, un dorique interprété, plus élancé que l’ordre grec. Par la suite, les temples garderont en général un soubassement vertical sur trois côtés et un grand portique antérieur ; ils comporteront des colonnes à demi engagées dans le mur de la cella. L’ordre toscan (temple de Cori) dominera pendant la République, où l’on utilisera aussi l’ordre ionique (temple de la Fortune Virile à Rome) ; puis l’ordre corinthien, adopté dès la fin de la période, deviendra caractéristique de l’architecture impériale romaine (Maison carrée à Nîmes*).

Les Romains ont édifié plus de temples ronds que les Grecs ; ils sont généralement dédiés à Vesta. Le Panthéon d’Agrippa (27 av. J.-C.) devait accueillir les dieux étrangers.