Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ophiures ou Ophiurides (suite)

Comme pour les Astérides, aucun signe extérieur ne permet de distinguer les sexes. Les œufs donnent naissance à une larve nageuse qui se transforme rapidement en un être étrange, l’ophiopluteus, cône aplati muni de quatre paires de bras symétriques et de longueur inégale soutenus par des tigelles calcaires. Quelques Ophiurides ont des larves en tonnelet semblables à celles des Crinoïdes. D’autres sont incubateurs, les jeunes restant abrités dans les bourses. Quelques espèces se reproduisent par scissiparité, alors que d’autres sont hermaphrodites.

Le système nerveux ne comporte plus que deux centres : le centre ectoneural et le centre hyponeural. Il n’y a pas d’appareil circulatoire différencié, le liquide hémal circulant dans des lacunes. Le système aquifère est semblable à celui des Astérides.

Les organes des sens font défaut, bien que l’Ophiure montre une très nette sensibilité tactile et olfactive. Le sens tactile est réparti sur tout le tégument, richement innervé, et les podions sont souvent recouverts de mamelons sensitifs ; quant à la sensibilité olfactive, elle est attestée par la rapidité avec laquelle l’Ophiure se précipite vers une nourriture disposée à une certaine distance.

Les Ophiures sont essentiellement carnivores. Elles se nourrissent de détritus, de plancton, surtout de Vers, de Crustacés et de Mollusques. Les espèces qui vivent plus ou moins enterrées capturent leur nourriture en ratissant le sol du bout de leurs bras. Les Ophiures habitent la zone des marées jusqu’à plus de 5 000 m de profondeur. Elles font preuve d’une très grande agilité, et se déplacent en allongeant d’abord trois bras dans la direction de la marche ; puis le bras médian reste dans cette position, comme pour explorer le milieu ambiant, tandis que les deux autres se rejettent brusquement en arrière à la manière d’un nageur pratiquant la brasse ; le corps est alors soulevé et projeté en avant ; ensuite, ce sont quatre bras qui opèrent de la même façon, le dernier restant allongé en arrière comme une petite queue ; ainsi propulsé, l’animal parvient à franchir plusieurs mètres par minute. D’autres espèces grimpent après divers supports, animaux fixés ou végétaux, qu’elles entourent de leurs bras à la façon des vrilles de la vigne. Les Ophiothrix se dressent sur plusieurs de leurs bras pour se livrer à des danses singulières.

G. C.

 G. Cherbonnier, Ophiurides (Institut royal des sciences naturelles de Belgique, Bruxelles, 1962).

ophtalmologie

Spécialité médico-chirurgicale qui s’intéresse aux maladies du globe oculaire et de ses annexes (paupières, glandes et voies lacrymales).


Le praticien qui dépiste et soigne ces maladies est un ophtalmologiste (ou oculiste). Il est à différencier, d’une part, de l’opticien et, d’autre part, de l’oculariste (qui fabrique des pièces de prothèse oculaire).

L’histoire de l’ophtalmologie occupe une place spéciale dans l’évolution de la médecine en raison du caractère particulier de l’œil ; l’importance de sa fonction, le mystère de sa nature ont fait qu’il fut longtemps considéré comme ayant des pouvoirs magiques, bienfaisants ou néfastes (mauvais œil). Le caractère sacerdotal et surnaturel de l’ophtalmologie caractérise l’Inde antique, mais, dès l’époque védique (IIe millénaire av. J.-C.), il semble que la thérapeutique médico-chirurgicale était tirée non plus de la superstition, mais de l’observation objective des maladies et de l’étude anatomique. L’Égypte ancienne connaissait dès le IIIe millénaire av. J.-C. des praticiens spécialisés dans les maladies oculaires. On a exhumé des tombes de cette époque des flacons à collyre et des instruments divers destinés surtout au traitement du trachome (affection de la conjonctive, répandue en Afrique). Chez les Babyloniens, les opérations oculaires étaient également pratiquées par des spécialistes, comme le révèle le code d’Hammourabi (IIe millénaire av. J.-C.) : il y est spécifié que, « si le médecin ouvre la taie d’un homme libre avec un poinçon de bronze et crève un œil, on lui coupera les mains » !

Avec la civilisation grecque débute réellement l’ophtalmologie clinique. Hippocrate* et ses élèves, se fondant sur une observation scrupuleuse du malade, étudient de façon précise les diverses maladies oculaires. De cette époque datent aussi les premières descriptions anatomiques de l’œil, dans lesquelles le cristallin est totalement ignoré. De nombreuses interventions chirurgicales (notamment sur les lésions conjonctivo-palpébrales du trachome) sont codifiées ; on traite la cataracte par l’opération dite « d’abaissement de la cataracte », dans laquelle on luxe le cristallin dans le vitré, alors que les opérateurs croient abattre une masse opaque solidifiée aux dépens de l’humeur aqueuse. Cette intervention sera la seule pratiquée contre la cataracte jusqu’au xviiie s.

L’ophtalmologie romaine est une émanation directe de la médecine grecque, et notamment de l’école d’Alexandrie. Les oculistes romains les plus célèbres sont Celse et surtout Galien*, qui rédige une Anatomie de l’œil et un traité sur le Diagnostic des maladies des yeux qui feront autorité jusqu’à la Renaissance. Après la chute de l’Empire romain, la médecine du monde chrétien connaît une longue période de stagnation, contrastant avec l’essor de la médecine arabe.

Chez les Arabes, les étudiants suivent des cours de clinique ophtalmologique dans les hôpitaux ; ils passent des examens portant surtout sur les Dix Traités sur l’œil du grand oculiste arabe Ḥunayn ibn Isḥāq (808-873). Les progrès de la spécialité se font essentiellement dans le domaine de l’optique (al-Ḥazin).

L’ophtalmologie, au Moyen Âge, ne progresse guère : elle est surtout pratiquée par des « ambulants » aux connaissances rudimentaires. Au xiiie s., Saint Louis fonde l’hospice des Quinze-Vingts. À la suite des travaux de Roger Bacon (1214-1294), les premiers verres convexes correcteurs de presbytie apparaissent ; les verres concaves ne sont utilisés pour la myopie qu’au xve s. Les plus célèbres oculistes médiévaux sont Guy de Chauliac, Bienvenu de Jérusalem et Pierre d’Espagne (futur pape Jean XXI). La spécialité est à l’époque essentiellement chirurgicale.

À la Renaissance, Fallope et Vésale donnent des descriptions plus correctes du globe oculaire. Léonard de Vinci, comparant l’œil à une chambre noire, démontre le véritable rôle du cristallin et de la rétine. Felix Platter découvre l’hypertonie oculaire du glaucome. Georg Bartisch décrit la technique de l’énucléation.