Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

opérette (suite)

À partir de 1890, en partie sous l’influence de l’Anglais Arthur Sullivan, André Messager* (1853-1929), s’appuyant sur des textes de plus haute tenue — signe d’un relèvement général du goût moyen —, ennoblit le genre léger. Il apparut comme un nouveau chef de file pour près de deux générations : Gabriel Pierné (1863-1937), Claude Terrasse (1867-1923), Reynaldo Hahn (1875-1947), Louis Beydts (1895-1953) furent ses plus éminents disciples spirituels.

Certes, le genre traditionnel avait encore ses défenseurs, tel l’unique élève de César Franck à avoir abordé la musique légère, Louis Ganne (1862-1923), auteur des Saltimbanques (1899) et de Hans le joueur de flûte (1906), tels Gustave et Henri (1888-1951) Goublier (la Cocarde de Mimi Pinson, 1916).

De par son extrême popularité, l’opérette n’échappera pas à une véritable industrialisation, et ce jusqu’au moment où elle sera détrônée par le cinéma, et plus encore par le cinéma parlant, qui s’imposera à ses débuts sous la forme de « comédies* musicales » d’origine étrangère. Entre-temps, les succès les plus universels avaient été justement remportés non plus par des Français, mais par des Autrichiens et des Hongrois — tels Franz Lehár (1870-1948), auteur de la Veuve joyeuse (1905), et Imre Kálmán (1882-1953), auteur de Princesse Csardas (1915) et de Comtesse Maritza (1924), puis par des Américains.

L’Enfant et les sortilèges de Ravel, une des rares créations lyriques françaises d’entre les deux guerres, est, selon l’auteur même, « une accommodation de l’opérette à l’américaine au goût français ». Il semble bien qu’avec Louis Beydts l’opérette française ait connu sa dernière étape. La dette par trop visible de ce compositeur envers Messager était, à cet égard, très significative. Les compositeurs d’opérettes touchant le plus large public ont été, en général, des auteurs aussi applaudis de chansonnettes, tels Henri Christiné (1867-1941), le compositeur de Phi-Phi (1918), Vincent Scotto (1876-1952), l’auteur de Violettes impériales (1948), Maurice Yvain (1891-1965), l’auteur de Pas sur la bouche (1925) et Francis Lopez (né en 1916), l’auteur de la Belle de Cadix (1945).

F. R.

 L. Schneider, les Maîtres de l’opérette (Perrin, 1922-1924 ; 2 vol.). / J. Bruyr, l’Opérette (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 2e éd., 1974).

Ophiures ou Ophiurides

Échinodermes libres, aux formes gracieuses, aux couleurs souvent très vives.


Les Ophiures sont constituées, comme les Étoiles de mer, d’un disque central d’où partent cinq bras graciles, simples ou ramifiés ; mais ceux-ci, contrairement à ce qui se passe chez les Astérides, sont tout à fait distincts du disque et ne renferment plus aucune dépendance de l’appareil digestif ni de l’appareil génital ; leur gouttière ambulacraire, au lieu d’être apparente, est recouverte d’un pavage de plaques polygonales.

Le centre de la face orale du disque est occupé par une bouche étoilée munie de pièces buccales servant à dilacérer les aliments. Cet appareil masticateur se compose de cinq mâchoires interradiales ; au sommet de chaque mâchoire, on aperçoit une ou plusieurs dents, qui, lorsqu’elles sont disposées sur plusieurs piles verticales, sont dites papilles dentaires. Le reste du disque est couvert, partiellement ou totalement, de petites plaques, ou écailles, souvent imbriquées, souvent aussi portant une minuscule épine ou un recouvrement dense de granules.

Les plaques de la face dorsale du disque sont nues ou cachées, partiellement ou totalement, par des granules, de petits piquants ou par une peau épaisse et lisse.

Les bras, toujours très longs par rapport au diamètre du disque, sont constitués de très nombreux articles souplement articulés et unis par une puissante musculature. Chaque article comprend une pièce centrale, improprement appelée vertèbre, entourée par une plaque ventrale, une plaque dorsale et deux plaques latérales pourvues de piquants ; les deux faces de chaque vertèbre sont creusées de cavités articulaires et s’ornent de saillies qui répondent à des saillies et à des cavités des vertèbres voisines, de sorte que les mouvements des bras ne peuvent se faire que dans un plan horizontal ; cependant, les vertèbres des Euryales sont en joint universel, ce qui permet à ces animaux d’enrouler leurs bras autour des supports auxquels ils s’accrochent.

Les articles possèdent chacun deux podions, appelés tentacules ; ils n’ont pas de ventouse ni d’ampoule pour les faire saillir ou se rétracter et, de ce fait, ne participent que rarement à la locomotion ; ils émergent de chaque côté, entre la plaque ventrale et les plaques latérales, et sont habituellement protégés par une ou plusieurs petites écailles. Comme chez les Astérides, chaque bras se termine par un tentacule, mais qui ne surplombe jamais un œil rudimentaire.

Les organes internes des Ophiures diffèrent sensiblement de ceux de l’Étoile de mer. L’estomac, qui fait suite à un très court œsophage, remplit presque complètement la cavité du disque ; il présente, en face des bras, des dilatations qui n’y pénètrent pas et qui sont les homologues des cæcums brachiaux des Astérides. Une partie de l’espace resté libre entre l’estomac et la paroi du corps est occupée, dans les zones interradiaires et de chaque côté de la base des bras, par des bourses, qui s’ouvrent chacune au-dehors par une fente longue et étroite sur la face ventrale, de chaque côté des bras ; leur rôle est, avant tout, respiratoire ; elles sont animées de mouvements rythmiques permettant l’appel ou le rejet de l’eau par les fentes bursales. Elles ont aussi un rôle excréteur. Enfin, ce sont de véritables canaux génitaux ; en effet, sur leurs parois s’insèrent de nombreuses petites glandes isolées ou groupées en dix masses volumineuses, les gonades, qui y déversent leurs produits génitaux ; les ovules et les spermatozoïdes sont entraînés au-dehors par les courants d’eau respiratoires, et les fentes bursales sont, de ce fait, souvent appelées fentes génitales.