Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ōkyo (suite)

Originaire d’une famille d’agriculteurs, Ōkyo arriva assez jeune à Kyōto. Il y reçut une première formation de type classique sous la direction de Yūtei Ishida (1721-1786), peintre de l’école Kanō. Cependant, peu enclin à rester dans un cadre conventionnel, il s’intéressa bientôt aux possibilités nouvelles — perspective linéaire, effets d’ombre et de lumière — que lui révélèrent les vues stéréoscopiques importées de Chine et d’Europe et inspirées des gravures hollandaises. Pour le compte d’un marchand de curiosités de Kyōto, Ōkyo composa vers 1760 des « images optiques » (megane-e) selon le même procédé, mais représentant des paysages japonais.

Le naturalisme de Ōkyo fut sans doute influencé également par l’école chinoise de Nagasaki, qui s’attachait à une description minutieuse des objets et goûtait particulièrement les compositions de fleurs et d’oiseaux dans le style académique des Ming* et des Qing (T’ing*). Plusieurs carnets et rouleaux de croquis révèlent la quête passionnée de l’artiste pour saisir, avec une exactitude presque scientifique, la morphologie animale et végétale aussi bien que l’anatomie humaine. Ces études préparèrent Ōkyo à aborder tous les genres (paysages, fleurs, animaux, personnages) et tous les formats, depuis le rouleau enluminé (Malheurs et bonheurs, 1767, Emman-in, Ōtsu) jusqu’aux grandes compositions.

C’est d’ailleurs dans les peintures de paravents, portes ou cloisons coulissantes destinés à la décoration intérieure des temples ou des riches habitations bourgeoises que Ōkyo montre toute sa puissance. Ces œuvres, aux accents lumineux dramatiques, sont parfois un peu froides ou formelles, mais dans les meilleurs cas il s’en dégage un sens décoratif proprement japonais, dû au raffinement des couleurs, à la souplesse du pinceau et au fond uni rehaussé d’or (Pins sous la neige, paire de paravents exécutés après 1786, coll. Mitsui, Tōkyō).

Beaucoup d’élèves suivront la voie tracée par Maruyama Ōkyo, mais seul Goshun (1752-1811), formé auprès de l’école lettrée, trouvera un parfait équilibre entre la manière naturaliste et le lyrisme profond.

F. D.

Oléacées

Famille de plantes à fleurs, dont le type est l’Olivier.


Cette famille forme à elle seule l’ordre des Ligustrales. On y rattache parfois la petite famille des Loganiacées. Elle est composée d’environ 500 espèces et 25 genres (7 espèces et 4 genres en France). Ce sont des arbustes, des arbres, mais aussi des lianes ; les feuilles, ordinairement simples, sont le plus souvent opposées, les fleurs très variables ainsi que les fruits. Un seul caractère les rassemble, c’est celui de l’androcée à deux étamines ; aussi certains auteurs pensent-ils que cette famille est artificielle.

De nombreuses plantes utiles y sont réunies et en premier lieu l’Olivier, arbre caractéristique de la région méditerranéenne. Il est cultivé depuis la plus haute antiquité en Syrie et en Crète et se serait répandu ensuite tout autour du bassin méditerranéen. Ses feuilles simples, opposées, sont ovales, étroites, d’un gris argenté caractéristique, et son tronc noueux, souvent réduit à des lambeaux, prend des formes extrêmement tortueuses ; il peut vivre très longtemps, peut-être mille ans. Le fruit est une drupe, qui donne des quantités très importantes d’huile non siccative renfermant plus de 70 p. 100 d’oléine ; en dehors de l’huile produite par les fruits, les Oliviers fournissent un bois très dur qui sert en ébénisterie. À côté de cette espèce, dont l’importance économique est considérable, il faut citer les Ligustrum (Troène), 50 espèces réparties surtout en Asie (une seule en Europe) ; ce sont des arbustes à petites fleurs blanches groupées en panicules ; on distingue les espèces à feuilles persistantes telle que L. delavayanum, japonicum et lucidum, qui ont donné un certain nombre de cultivars intéressants en horticulture, et les espèces à feuilles semi-persistantes ou caduques telles que L. amurense, obtusifolium, sinense et vulgare, ce dernier originaire d’Europe et d’Afrique du Nord. Les Fraxinus (Frênes, 2 espèces) sont des arbres de l’hémisphère Nord, à feuilles composées-pennées et dont l’aire est très disjointe actuellement ; ils ont été retrouvés dans les couches du Crétacé supérieur du Groenland ; médiocres arbres d’ornement, leur bois est excellent et le F. ornus produit une substance sucrée, la « manne » employée en médecine comme purgatif. Les Forsythia, Jasminum, Osmanthus, Phillyrea et surtout les Syringa (Lilas, 30 espèces) sont des plantes ornementales très fréquentes. Ce sont des arbustes ou de petits arbres à feuilles le plus souvent entières, opposées ; les fleurs, odorantes, sont réunies en panicules ; la corolle à quatre lobes présente un long tube cylindrique. C’est surtout à partir de S. vulgaris qu’un nombre considérable de cultivars ont été obtenus, à fleurs simples ou à fleurs doubles. Les Forsythia (160 espèces) sont des arbustes à fleurs jaunes qui fleurissent avant d’avoir leurs feuilles, ordinairement à la fin de l’hiver. Les Jasmins (300 espèces), originaires des régions tempérées ou subtropicales, sont soit des lianes, soit des arbustes. C’est le Jasminum officinale, originaire de Perse et de l’Inde, qui fournit l’essence bien connue. Les Osmanthus (15 espèces) d’Asie et d’Amérique du Nord sont de petits arbres à feuilles persistantes ; ils ont leur limite de rusticité en France ; les plus connus sont les O. Delavayi, fragrans, et ilicifolium ; les Phillyrea (moins d’une dizaine d’espèces) sont des arbustes de la région méditerranéenne, à feuilles persistantes. La famille des Loganiacées, que l’on rapproche parfois de la précédente, possède environ 800 espèces réparties en une trentaine de genres dans les régions tropicales. Le genre Strychnos (les Vomiques) renferme des alcaloïdes violents, en particulier S. Nux-Vomica (Noix vomique), qui est un arbre de l’Indo-Malaisie à fruits jaune-orangé, très vénéneux ; ils contiennent en effet un alcaloïde : la strychnine, fréquemment utilisée en pharmacopée comme excitant du système musculaire. Certains Vomiques de l’Amérique du Sud (Orénoque, Amazone, Guyanes) fournissent le poison avec lequel les Indiens enduisent leurs flèches (le curare). Deux genres sont employés en horticulture, Gelsemium (Jasmin de Caroline) et surtout Buddleia (70 espèces) ou Lilas d’été ; ces derniers ont leurs fleurs disposées en longues grappes, ou panicules, diversement colorées, le plus souvent rouges, mais quelques-uns sont jaunes et odorants ; ils ne peuvent alors vivre que dans le midi de la France ou en serre froide.

J.-M. T. et F. T.

 L’Olivier dans le monde (Institut internat. d’agriculture, Rome, 1939). / J. Long et P. Bonnet, l’Olivier à fruits de table (les auteurs, Marseille, 1952). / FAO, Amélioration de la culture de l’Olivier (Rome, 1960).