Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œil (suite)

L’excrétion des larmes se fait par les voies lacrymales vers les fosses nasales. Les larmes s’étalent sur la conjonctive et la cornée, et s’amassent dans l’angle interne de l’œil (lac lacrymal). Elles sont collectées par les « points lacrymaux » supérieur et inférieur, siégeant sur le bord libre des deux paupières, à l’union du 1/5 interne et des 4/5 externes de ce bord.

Les points lacrymaux correspondent à l’orifice des canalicules lacrymaux supérieur et inférieur, situés dans les paupières. Les deux canalicules fusionnent en un canal d’union débouchant dans le sac lacrymal, qui se continue à sa partie inférieure par le canal lacrymo-nasal, creusé dans le maxillaire supérieur et qui débouche dans les fosses nasales au niveau du méat moyen (v. nez).


Embryologie de l’œil

À la troisième semaine de la vie embryonnaire apparaissent les deux fossettes optiques, prolongements du cerveau intermédiaire, d’origine ectodermique.

Chaque fossette optique passe ensuite par un stade de vésicule optique primitive, puis de vésicule optique secondaire (ou cupule optique), qui représente l’ébauche de la rétine. Le cristallin est formé par un épaississement de l’ectoderme, situé en regard de la cupule optique, grâce à un phénomène d’induction. De même, l’épithélium cornéen est induit par le cristallin à partir de l’ectoderme cutané.

Par contre, le stroma cornéen, la sclérotique et le tractus uvéal (à l’exception de l’épithélium postérieur irien et de l’épithélium des procès ciliaires, d’origine rétinienne) sont d’origine mésodermique. Ils dérivent du mésenchyme entourant la cupule optique.


Physiologie


La physiologie de la vision

Dioptrique oculaire, optique physiologique, sens lumineux brut et différentiel, acuité visuelle, vision des couleurs, champ visuel, vision binoculaire sont étudiés à l’article vision.

La physiologie irienne et la physiologie cornéenne sont traitées respectivement aux articles iris et cornée.


Tonus oculaire

Pour assurer à l’œil la régularité de sa forme et celle des différents dioptres, un certain tonus (ou tension) oculaire est nécessaire. Le globe est une cavité close à l’intérieur de laquelle règne une certaine pression qui en met les parois sous tension. Cette pression est fonction :
— du débit sécrétoire de l’humeur aqueuse, c’est-à-dire de la pression veineuse épisclérale ;
— de la résistance à l’écoulement de l’humeur aqueuse, qui se situe normalement au niveau de l’angle irido-cornéen.

Le tonus oculaire normal est d’environ 15 mm de mercure : on le mesure en pratique clinique par tonométrie. La résistance à l’écoulement est mesurée par tonographie.


Vaisseaux oculaires

Deux systèmes, émanant de l’artère ophtalmique, irriguent le globe : les vaisseaux uvéaux et le système de l’artère centrale de la rétine. Les branches terminales de l’artère centrale de la rétine s’étalent à la surface rétinienne et sont directement visibles à l’examen du fond d’œil. La mesure de la pression de l’artère ophtalmique se fait par ophtalmodynamométrie, méthode qui consiste à faire apparaître, par pression sur le globe, la pulsation de l’artère centrale de la rétine : on mesure ainsi la pression diastolique (d’environ 35 mm de mercure). L’indice rétino-huméral est le rapport entre la pression de l’artère ophtalmique et celle de l’artère humérale (mesurée au bras) ; il est normalement de 0,5.


Motilité des paupières

La fermeture palpébrale dépend du muscle orbiculaire, et l’ouverture palpébrale du muscle releveur de la paupière supérieure (muscle strié) et du muscle de Muller (muscle lisse). Le clignement de l’œil est une contraction de l’orbiculaire des paupières, aboutissant à une occlusion fugace de la fente palpébrale. On distingue plusieurs types.

• Le clignement spontané, involontaire. Il est bilatéral et symétrique, de durée très brève (0,15 s), n’interrompant pratiquement pas l’acte visuel. Sa fréquence est très variable, en moyenne de 8 à 15 clignements par minute. Il n’existe pas à la naissance et n’apparaît que vers 4 ou 6 mois.

• Le clignement volontaire et forcé. Il peut être uni- ou bilatéral. Il s’y associe un déplacement de l’œil en haut et en dehors (c’est le signe de Charles Bell) et une contraction de la pupille (phénomène de Piltz-Westphal).

• Le clignement réflexe ou provoqué. La voie centrifuge (motrice) du réflexe est le nerf facial (VIIe paire crânienne). La voie centripète (sensitive) est variable : c’est le nerf optique (réflexe à l’éblouissement, réflexe à la menace), le nerf trijumeau (réflexe cornéen provoqué par l’attouchement de la cornée) et le nerf auditif (réflexe cochléo-palpébral obtenu par une forte excitation sonore).


Mouvements oculaires

L’œil est un mobile qui peut être le siège de mouvements de rotation dans toutes les directions à partir d’une position de fixation dite « primaire ».

Les mouvements se font selon trois axes principaux par rapport au plan frontal passant par le centre de rotation du globe :
— axe horizontal pour abaissement et élévation ;
— axe vertical pour abduction et adduction ;
— axe antéropostérieur pour les torsions.

Chaque œil est mu par deux muscles verticaux, deux muscles horizontaux et deux muscles obliques. L’action de ces muscles est différente suivant la position du globe. On appelle champ d’action d’un muscle la direction du regard dans laquelle ce muscle agit au maximum. Il n’y a pas de mouvement oculaire où plusieurs muscles ne soient pas en jeu simultanément, que ce soit en se contractant ou en se relâchant. Ainsi sont définis les muscles synergiques et antagonistes, dont la mise en jeu est réglée par la loi de Sherrington : quand l’agoniste se contracte, l’antagoniste se relâche, et inversement. Tous les mouvements oculaires sont des mouvements binoculaires, et le caractère harmonieux des mouvements est conditionné par la nécessité de maintenir une vision binoculaire satisfaisante et d’éviter la diplopie (vision double d’un objet). Dans tout mouvement binoculaire, l’influx nerveux est envoyé en quantité égale aux muscles des deux yeux (loi de Hering). Il existe deux types de mouvements oculaires associés. Les mouvements conjugués (ou versions) sont les mouvements binoculaires où les axes visuels restent parallèles (déplacement latéral ou vertical). Au contraire, dans les mouvements disjoints (ou vergences), les axes visuels perdent leur parallélisme (convergence ou divergence). Les mouvements oculaires associés peuvent être volontaires, mais sont surtout réflexes. On peut distinguer :
— les réflexes posturaux, statiques ou cinétiques, qui maintiennent les yeux fixés dans leur direction normale lors des mouvements de la tête et du cou ;
— les réflexes visuels ou psycho-optiques, tel le réflexe de poursuite (à la base du nystagmus opto-cinétique), qui nous fait involontairement suivre un objet qui se déplace.