Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

océan (suite)

Cela dit, disponibilité, accessibilité, acceptabilité affectent la production d’un facteur de rendement qu’on s’accorde à fixer autour de 50 p. 100. C’est, en fin de compte, un chiffre plus ou moins voisin de 200 Mt qu’on retrouve sous la plume de la grosse majorité des auteurs modernes pour exprimer le potentiel utile de production des océans, dans l’état actuel de la technique, de l’économie et des exigences organoleptiques de la consommation. Aucun dogmatisme dans cette proposition. Les points faibles fourmillent au cours du raisonnement. Mais pour la première fois est énoncé un ordre de grandeur sur lequel peuvent enfin s’appuyer les nutritionnistes dans leurs prévisions à court et à moyen terme. L’océan est certes une source considérable de nourriture. Le mythe de son inépuisabilité a néanmoins vécu.


Niveau actuel d’exploitation

La production des pêches mondiales a pratiquement triplé depuis vingt ans pour atteindre, en 1968, 64 Mt : 7,4 Mt pour les pêches intérieures, 54 Mt pour les pêches maritimes (fig. 7).

Le tableau II, partiellement emprunté à P. A. Moiseev (1971), montre l’évolution des tonnages et des pourcentages des principaux groupes.

À l’intérieur des Poissons, les Clupéiformes viennent en tête (18 Mt en 1966), suivis des Gadiformes (7 Mt), puis des Scombriformes (3,5 Mt). À l’intérieur des Invertébrés, la première place revient aux Mollusques (2,9 Mt), la seconde aux Crustacés (1,26 Mt).

La figure 8 illustre la répartition géographique des captures par régions statistiques. Regroupées, les mises à terre donnaient en 1966 (pour un total de 50 Mt) :
— par océan :
Atlantique et Méditerranée 20,7 Mt
Pacifique 27,1 Mt
Indien 2,2 Mt
— par hémisphère :
Nord 36 Mt
Sud 14 Mt

L’hémisphère Sud, malgré une balance hydrologique qui penche nettement en sa faveur (les mers occupent 80,9 p. 100 de sa superficie contre 60,7 p. 100 de la superficie de l’hémisphère Nord), ne fournit pas même le tiers de la production mondiale. Cette anomalie s’explique par plusieurs raisons, dont les deux principales sont, d’abord, son éloignement des grands pays industrialisés, tous, ou presque tous, situés dans l’hémisphère Nord, ensuite la configuration de la plupart de ses bassins, tous, ou presque tous, bordés de plateaux continentaux réduits ou inexistants (bassins sud-africain et patagonien exceptés). Il est certain que la mise en valeur de cette partie du globe exigera une modification assez profonde des méthodes et des techniques employées jusqu’à maintenant dans l’exploitation des ressources vivantes des océans.

E. P.

➙ Aquatique / Pêche / Plancton / Poissons.

 Z. Popovici et V. Angelescu, La economia del mar (Buenos Aires, 1954 ; 2 vol.). / M. Graham (sous la dir. de), Sea Fisheries (Londres, 1956). / F. E. Firth, The Encyclopedia of Marine Resources (New York, 1969). / P. A. Moiseev, The Living Resources of the World Ocean (en russe, Moscou, 1969 ; trad. angl., Jérusalem, 1971). / F. A. O., Atlas des ressources biologiques des mers (Rome, 1972).
On peut également consulter l’Annuaire statistique des pêches mondiales (publié à Rome, tous les ans).


Un vieux rêve : exploiter l’océan

L’océan est une menace pour l’homme puisqu’il dégrade les rivages (v. littoral) et les engins maritimes, fixes ou mobiles. Mais il fut très tôt utilisé à des fins commerciales ou alimentaires (chasse et pêche). Pour l’heure, l’homme n’en tire qu’une bien médiocre part de sa subsistance. Aussi assiste-t-on depuis plusieurs années à une très active prospection de ces ressources et à des débuts d’exploitation, prometteurs en certains cas. Un tel effort, rendu possible par le progrès technologique, s’impose comme une nécessité impérieuse découlant de l’accroissement constant des besoins. Les recherches se sont orientées en trois directions : si les projets sont multiples, parfois grandioses, les réalisations sont le plus souvent peu nombreuses ou modestes, sauf cas d’espèce comme pour les hydrocarbures. Il est vraisemblable que ces exploitations vont s’accroître dans les années à venir. Au point de vue technologique, les problèmes les plus graves ou les plus complexes paraissent résolus ou sur le point de l’être. Mais il n’en est pas de même pour les problèmes économiques et humains, dont la gravité ne cesse de grandir.


La rentabilité

L’exploitation des ressources vivantes est encore très loin de couvrir les besoins, d’autant qu’elle reste un prodigieux gaspillage. Mais, en dépit de ces tares originelles, la pêche devra s’intensifier et surtout se doubler d’une aquaculture scientifique. Pour les gisements de pétrole en mer, on estime qu’en 1978 leur part représentera environ le tiers de la production mondiale (à lui seul, en 1976, le golfe Persique produira plus de 40 p. 100 du pétrole sous-marin). Les premières exploitations de minerais sont apparues. Pour ces trois aspects de l’exploitation des océans, il faut donc s’attendre à un développement très rapide. Mais il n’en reste pas moins que, au-delà d’une certaine distance et au-dessous d’une certaine profondeur, toute exploitation cesse à cause de son caractère aléatoire (c’est le cas du chalutage pratiqué sur le sommet de la pente continentale) ou de son prix exorbitant (c’est le cas des gisements de minerais ou d’hydrocarbures situés en eau profonde). En l’état actuel de la technique et de l’économie, on ne peut envisager l’exploitation de ces biens, sauf en cas de disette, d’épuisement des gisements terrestres ou de découverte d’un gisement sous-marin géant. Les recherches qui avaient pour but la récupération de l’énergie des mers sont au point mort, et le projet (ancien) de barrer toute la baie du Mont-Saint-Michel a été provisoirement abandonné en raison de son coût.