Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

océan (suite)

La juridiction

Dans ses eaux territoriales, l’État riverain exerce sa souveraineté sur les eaux comme sur les fonds (v. littoral) sur une distance plus ou moins grande. En application de la convention de Genève, l’État eut tout naturellement tendance à étendre son droit de regard jusqu’aux fonds exploitables, même au-delà de la limite conventionnelle de la plate-forme continentale. Des incertitudes, des rivalités, voire des conflits qui en résultèrent n’ont pu être résolus par de difficiles négociations ayant parfois abouti au tracé de véritables frontières en application du système des « lignes médianes » (v. Nord [mer du]). Nombreux sont les États qui ont procédé à de véritables annexions de la haute mer (fonds et eaux). La pêche des flottilles européennes devant le Brésil, l’Islande ou Terre-Neuve a entraîné de très graves difficultés diplomatiques. Ces extensions, abusives ou non, laissent encore 85 p. 100 de l’océan mondial au-delà des limites de toutes les prérogatives nationales. Il faut espérer que les instances internationales se préoccuperont de contenir l’expansionnisme océanique de certains États vers le large afin d’aboutir à un statut juridique des grands fonds acceptable par tous.


La réglementation

Dès à présent, l’exploitation des océans exige l’adoption immédiate de mesures afin d’éviter trois maux.

• Le gaspillage et la surexploitation. Par suite des méfaits de la surpêche (overfishing), diverses régions benthiques et pélagiques ont été mises en défens, totalement ou partiellement, pour le chalutage (système des cantonnements) ou certains types de chasse et de pêche destructrices (création vers 1930 de la commission baleinière internationale ; v. Antarctique).

• La pollution*. Considéré comme la « poubelle de la planète » (rejets ou retombées des déchets pétroliers, chimiques ou nucléaires), l’océan est dès à présent sous la menace d’une réduction ou d’un arrêt de la fonction chlorophyllienne. C’est non seulement la vie océanique mais également humaine qui est en péril. Plusieurs réglementations ont été adoptées, une convention internationale contre la pollution des mers a été rédigée qui fait obligation aux pays signataires (ils sont 61 en 1973) de contrôler toutes les décharges de produits nocifs. Mais son application se révèle très délicate.

• L’exploitation abusive. Les expériences nucléaires (dans le Pacifique surtout) et les dépôts de matériel périmé (explosifs par exemple) échappent à tout contrôle et à toute enquête sur leur nocivité éventuelle.

J.-R. V.


Les grands types de reliefs sous-marins


Les cuvettes océaniques


Les dorsales océaniques

Montagnes circumterrestres (env. 80 000 km de la mer des Laptev aux côtes canadiennes du Pacifique) aux reliefs accidentés, parfois escarpés et dont la partie axiale est agitée de séismes.

Position : tiers médian des océans, sauf Pacifique.

Origine : remontée des matériaux profonds en provenance du manteau (voir texte).

Deux familles de reliefs :

1. Les reliefs longitudinaux (fig. A) :

• l’étage des crêtes : versants dissymétriques (a) dus parfois à des failles ; partie sommitale entaillée par une vallée médiane (b) comme dans l’Atlantique Nord ; vallée absente (c) dans le Pacifique ;

• l’étage des flancs (ou contreforts) avec : des plateaux étages (a) ; des chaînons discontinus (b) ; des bassins remblayés à fond plat (c).

2. Les reliefs transversaux (fig. B) :
Disposés le long des zones de fracture. Partagent la dorsale en tronçons distincts.
Ils comprennent :

• des escarpements rectilignes et élevés (a) [exemple, Pacifique oriental] ;

• des dépressions à fond plat (b) ;

• des fosses pouvant dépasser 6 000 m (c) [exemple, la fosse de la Romanche dans l’Atlantique équatorial] ;

• des reliefs volcaniques en forme de cônes isolés (parfois sommet tronqué par surface d’abrasion : « mont sous-marin » et « guyots ») ou de montagnes rectilignes.


Les seuils océaniques

Surélévations du fond dépourvues de séismes.

Deux familles de reliefs.

1. Les seuils massifs (fig. C).
Ils présentent :

• des sommets tabulaires (a) formés par d’épais revêtements pélagiques et basaltiques ;

• des escarpements raides et rectilignes (b), découpés par des failles.

Exemples : océan Atlantique (seuils de Walvis, du Rio Grande) ; océan Indien (seuils des Kerguelen, de Nonantest).
Soubassement : de nature continentale (sauf pour le seuil Nonantest).
Origine : esquilles continentales détachées lors de l’écartèlement des blocs continentaux.

2. Les seuils insulaires (fig. D).
Ils comprennent :

• des glacis sédimentaires (parcourus de ravins) [a] ;

• des bassins ou des fosses (b) ;

• des escarpements de faille (originels ou exhumés) [c] ;

• des monts sous-marins et guyots alignés ou en amas (d) ;

• une partie axiale (e) formée par accumulation de matériel corallien. Plate-forme insulaire réduite entourée par une pente insulaire remarquablement raide.

Exemples : océan Atlantique (Bermudes) ;
océan Indien (Mascareignes, Chagos-Laquedives, Maldives) ;
océan Pacifique (surtout) [Hawaii, Micronésie (Carolines, Marshall, Gilbert), Polynésie (Line, Marquise, Tuamotu, îles de la Société, Tubataï, Cook)].

Soubassement : volcanique et épais.

Origine :

• bâti volcanique puissant (partiellement ennoyé sous une couverture sédimentaire), déformé par des mouvements récents (escarpements, monts sous-marins) ;

• la subsidence de la partie axiale a permis l’édification d’un couronnement corallien et l’immersion profonde de certains monts sous-marins (guyots).