Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Novgorod (suite)

Le Peterhof, comptoir hanséatique de Novgorod

Fondé au plus tard au milieu du xiiie s., contrôlé administrativement par Visby jusqu’en 1293, puis par Lübeck au xive s., enfin par Dorpat et par Reval, qui s’imposent définitivement en 1442, le Peterhof est très bien connu grâce à son règlement intérieur, la Schra, objet de sept rédactions successives. Construit sur la rive droite du Volkhov, à l’angle de la place du Marché, entouré d’une palissade où ne s’ouvre qu’une seule porte, ce vaste établissement a pour centre un bâtiment en pierre, l’église Saint-Pierre dont le rôle est à la fois cultuel, militaire (refuge suprême) et économique, les archives, l’argent et les marchandises y étant entreposés. Comportant les baraques en bois des marchands (Meistermann) et de leur personnel ainsi que de nombreux bâtiments d’exploitation (malterie) et d’administration (prison), augmenté au xive s. de la cour Saint-Olav, comptoir primitif des Gotlandais, il reçoit alternativement environ deux cents marchands d’hiver (Winterfahrer) et d’été (Sommerfahrer), dotés chacun d’une organisation particulière, comportant jusqu’au milieu du xive s. une assemblée générale de marchands (Steven), qui élit son chef, l’Ancien (Oldermann) de la cour, qui nomme lui-même quatre assesseurs et dont les décisions sont seulement susceptibles d’appel devant la cour de Visby, puis devant celle de Lübeck.

Secondé par le curé, qui tient la correspondance, l’Oldermann gère la caisse que les marchands emportent avec eux à leur départ ; il alimente cette caisse du produit des amendes, de la location des bâtiments d’habitation et d’exploitation, et surtout d’une taxe sur les exportations versée à l’origine au prince de Novgorod. Ayant affaibli le Steven en s’octroyant en 1346 le droit de désigner alternativement le curé, puis l’Ancien de la cour, bientôt remplacé par deux Anciens de l’église, Lübeck et Visby doivent céder le contrôle du comptoir aux villes livoniennes de Dorpat et de Reval, qui en confient finalement la gestion au Hofknecht, nommé par eux pour plusieurs années et qui subsiste jusqu’à la fermeture du Peterhof par Ivan III en 1494.

P. T.

➙ Hanse / Lübeck / Normands / Russie / Suède.


Novgorod, ville d’art

On a retrouvé à quelques kilomètres de la ville actuelle les traces d’un bourg primitif, le gorodichtche. Au xe s., de nouvelles fortifications de bois sont construites sur la rive gauche du Volkhov. C’est à l’intérieur de cette enceinte, le detinets, plus tard appelé kremlin, qu’est élevée la première église de Novgorod, édifice de bois coiffé de treize « sommets », mais celle-ci est détruite par un incendie, et le prince Vladimir Iaroslavitch fait construire en 1045 la cathédrale Sainte-Sophie. Celle-ci est bâtie en pierre et en brique sur un plan identique à celui de Sainte-Sophie de Kiev* : un noyau central à cinq nefs et douze piliers, entouré d’une galerie fermée et flanqué d’une tour-escalier. Cependant, toutes les voûtes étant au même niveau, elle a l’allure d’un cube — surmonté de cinq coupoles —, au lieu d’une silhouette pyramidale. Cette forme s’imposera par la suite dans la plupart des églises russes.

Au début du xii s., on construit des collégiales à trois nefs et six piliers, décorées sobrement de frises en brique ; celle de la cathédrale Saint-Georges du monastère Iouriev et celle du monastère Saint-Antoine, avec leur tour-escalier en hors d’œuvre et leurs trois coupoles posées asymétriquement, sont spécifiques de l’architecture de Novgorod. À partir du milieu du xiie s., la ville s’étant libérée de l’hégémonie de Kiev et le gouvernement de la cité étant passé aux mains de l’assemblée de ses habitants, le vetche, la construction des églises est ordonnée non plus seulement par le prince ou par l’évêque, mais aussi par les habitants d’une rue, par des particuliers ou par des gildes de marchands. Ces édifices sont plus modestes ; ils n’ont que quatre piliers et une seule coupole : ainsi l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul-au-Mont-des-Mésanges, l’église de l’Annonciation à Arkaï et celle du Sauveur sur la Nereditsa ; les deux dernières ont été décorées de fresques.

À la fin du xiie s., dans l’église de la Nativité-de-la-Vierge, on voit apparaître une forme nouvelle : les voûtes ne sont plus à la même hauteur, celles des côtés n’étant plus en berceau, mais en demi-berceau, ce qui donne au sommet des façades une forme trilobée. Au xiiie s., Novgorod subit le contrecoup de l’invasion mongole, et l’on cesse de bâtir. Ce n’est qu’en 1291 que la construction reprend, dans le même style qu’à la fin du xiie s., avec l’église Saint-Nicolas à Lipna. La décoration extérieure se développe : les façades sont ornées de frises de brique en zigzags ou en dents de scie, de rosaces et de croix votives. Les églises Saint-Basile, Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Kojevniki et Saint-Théodore-le-Stratilate sont très représentatives de cette période. On voit également apparaître des toits à double pente recouvrant les voûtes, alors qu’auparavant la couverture reposait directement sur les extrados. Il en est ainsi à l’église du Sauveur de la rue Saint-Élie (décorée à l’intérieur de fresques par Théophane le Grec).

Au xve s., Novgorod entre en lutte contre l’hégémonie de Moscou. Pour rappeler le passé glorieux de la cité, l’évêque enrichit le kremlin de nombreux bâtiments et fait reconstruire l’église Saint-Jean-sur-les-Marnes dans le style de Sainte-Sophie et des collégiales. À la suite de la soumission de la ville par Ivan III, Novgorod cesse d’avoir un style architectural particulier. Des marchands de Moscou font construire des églises dans le style moscovite. Enfin, après le sac de la ville par les Suédois au xviie s., celle-ci ne joue plus de rôle dans la vie du pays. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’importants travaux de restauration sont en cours.