Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nourrisson (suite)

Chez les enfants de faible poids, le maintien de la température est le premier impératif. Ils doivent donc être élevés au départ dans les incubateurs, qui se perfectionnent de plus en plus (servocontrôle thermique, surveillance électronique des fréquences cardiaque et respiratoire, analyseurs d’oxygène, etc.). Les problèmes essentiels que posent les nourrissons prématurés sont les suivants : l’immaturité de l’appareil respiratoire, qui expose à la détresse respiratoire (atélectasie, inhalation de liquide amniotique, maladie des « membranes hyalines », apnées prolongées) ; l’immaturité du système vasculaire, d’une très grande fragilité, qui expose aux hémorragies, notamment pulmonaires et cérébro-méningées ; l’immaturité du foie, qui empêche la glycuro-conjugaison de la bilirubine (qui la rend normalement non toxique et éliminable) ; l’ictère est donc quasi constant chez le prématuré, ce qui représente un facteur dangereux pour le cerveau ; enfin l’immaturité des fonctions digestives, rénales, hématopoïétiques, neurologiques et immunitaires aggrave encore le pronostic.

Du cadre de la prématurité, il convient d’isoler un groupe de nourrissons qui manifestent une discordance entre leur âge fœtal et leur développement. Ces nourrissons, qui semblent avoir souffert d’un retard de croissance dans l’utérus, ont un aspect très particulier. Il s’agit d’enfants de petit poids, mais de taille normale, à la peau sèche, squameuse, craquelée, au regard à la fois éveillé et inquiet. Ils sont exposés surtout à des troubles métaboliques comme l’hypoglycémie (baisse du sucre sanguin).


Diététique du nourrisson

Nous ne rappellerons pas les caractéristiques de l’allaitement*, mais nous insisterons sur le fait qu’une alimentation omnivore doit être introduite à partir de l’âge de 3 ou 4 mois, que le nourrisson ait été élevé jusque-là au sein ou au lait artificiel.


Au cours du Ier semestre

Chez l’enfant nourri au sein, il convient de remplacer, dès le 2e ou le 3e mois, une tétée par une bouillie maltée. Au 3e mois, en même temps que l’on réduit à 5 le nombre de tétées, on introduira une 2e bouillie. Au 5e mois, le sevrage sera activement poursuivi, et progressivement, en 5 à 6 semaines, seront introduits les principaux constituants du régime omnivore.

Chez le nourrisson alimenté artificiellement, l’alimentation lacto-farineuse commencera dès 2 mois. Les farines apportées doivent avoir un taux de blutage élevé, ce qui les rend plus nutritives, plus digestes (par absence de lest cellulosique), mais plus pauvres en protéines, en minéraux et en vitamines. Issues de plusieurs céréales, elles doivent être variées par alternance ou par association. La plupart des préparations industrielles répondent à toutes ces conditions.

• De 2 à 3 mois : 6 ou 5 repas de lait (selon le poids), dont une bouillie préparée avec une cuillerée, puis davantage, de farine maltée. Adjonction de vitamines.

• Vers 3 mois : 5 repas de lait, dont 2 bouillies préparées avec une cuillerée à soupe, ou davantage, de farine non maltée. Augmentation de la quantité de jus de fruit.

• Vers 3 ou 4 mois : on introduira les légumes et les protéines animales. Les préparations industrielles renferment des légumes, des fruits, de la viande, réduits, par broyage ou pulvérisations, en particules aussi fines que possible et parfaitement digestes. Ainsi, chez l’enfant de 4 mois, on donnera le matin une bouillie ; à 16 heures une bouillie ; à 20 heures un biberon ; à midi une préparation industrielle associant légumes et viande, un fruit à peler et de l’eau.


Au cours du 2e semestre

• À 6 mois : le matin une bouillie ; à midi de 30 à 40 g de viande pulpée cuite, de la purée de légumes, un fruit à peler ; à 16 heures une tasse de lait et un biscuit ; le soir un potage de légumes, un œuf à la coque 2 ou 3 fois par semaine, et un dessert à base de lait.

• Après 7 mois : les repas s’enrichissent progressivement : la bouillie du matin peut être remplacée par du cacao au lait et de la mie de pain beurrée ; dans le repas de midi, on peut introduire les divers légumes, les diverses viandes, les poissons maigres et les fromages.

Puis l’alimentation du nourrisson rejoindra progressivement celle de l’adulte, en évitant toutefois les sauces, épices et plats indigestes, cependant que sa dentition lui permet peu à peu la mastication.


Hygiène

Le nourrisson doit être raisonnablement couvert, pour le protéger du froid, mais pas trop, car la chaleur est beaucoup plus à craindre, en raison de l’incapacité de sa thermorégulation à lutter contre elle. Il doit être fréquemment changé, les couches étant lavées avec soin, sans produits chlorés. Dans son berceau, il convient de le placer alternativement sur le côté droit et sur le côté gauche. Il doit être sorti en plein air à partir du 15e jour, en été ; à la fin du 1er mois, en hiver, mais ne doit jamais être exposé à l’action directe du soleil. Les soins de la peau doivent consister essentiellement en une hygiène rigoureuse, car son revêtement cutané est vulnérable aux infections microbiennes. Cela implique un bain quotidien, suivi d’application de talc ou de pâte à l’eau au niveau du siège et des plis de flexion.

Dans la première année, on pratique les vaccinations suivantes : antivariolique, antidiphtérique et antitétanique, anticoquelucheuse, antipoliomyélitique et B. C. G. (v. vaccin).


Psychologie

La psychologie d’un nourrisson a autant de réalité que celle d’un adulte. Elle est seulement plus sommaire et moins formulée. Il faudra donc le faire bénéficier très vite des fruits de l’ambiance : le sortir, le promener, l’asseoir, lui montrer et lui faire saisir un objet, lui parler, bref s’intéresser à lui et communiquer avec lui. Par ailleurs, il faudra entretenir autour de lui une atmosphère de calme, de sang-froid et de fermeté. De même, il faudra savoir accueillir ses pleurs ou ses refus de manger avec une indifférence totale. En définitive, l’attitude raisonnable à avoir vis-à-vis d’un nourrisson doit être empreinte du même contrôle affectif qui règne — ou devrait régner — entre les adultes.

Ph. C.

 M. Van Blankenstein, U. R. Welbergen et J. H. De Haas, le Développement du nourrisson (trad. du néerl., P. U. F., 1963). / V. von Riederer, Alimentation moderne du nourrisson (Maloine, 1969). / E. Vurpillot, les Perceptions du nourrisson (P. U. F., 1972).