Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nerfs (suite)

Les affections du nerf périphérique

Les troncs nerveux sont relativement exposés lors des traumatismes des membres, surtout en cas de fracture ou de luxation. Le pronostic du déficit entraîné est fonction du mécanisme de la lésion : section qui peut éventuellement faire l’objet d’une suture, compression, élongation. Une place particulière doit être faite aux lésions consécutives à des microtraumatismes répétés, qui peuvent à la longue léser un tronc nerveux. Les tumeurs des nerfs périphériques sont relativement rares et généralement bénignes (neurinome, neurofibrome). Des lésions vasculaires intéressant les artères nourricières des troncs nerveux peuvent entraîner une lésion de ceux-ci ; c’est le cas dans le diabète* et dans la périartérite noueuse.

Un certain nombre de toxiques agissent sur le système nerveux périphérique, donnant habituellement lieu à des polynévrites, c’est-à-dire à des atteintes bilatérales symétriques et distales des membres. Les toxiques en cause sont nombreux, la première place revenant toutefois à l’alcool. Les états inflammatoires peuvent s’observer, réalisant des polynévrites, des polyradiculonévrites ou des multinévrites plus ou moins asymétriques. Les affections dégénératives ou héréditaires sont rares au niveau du système nerveux périphérique.

J. E.

➙ Nerveux (système) / Sensibilité.

 P. Chauchard, le Cerveau humain (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 4e éd., 1968). / D. Nachmansohn, Molecular Biology. Elementary Processes of Nerve. Conduction and Muscle Contraction (New York, 1960). / P. Laget, Relations synoptiques et non synoptiques entre les éléments nerveux (Masson, 1970).

Nernst (Walther)

Physicien et chimiste allemand (Briesen, Prusse-Occidentale, 1864 - Ober-Zibelle, près de Muskau, 1941).


Le jeune Nernst fait ses études aux universités de Zurich, Berlin, Graz et Würzburg, puis devient assistant à l’université de Leipzig. En 1891, il est nommé professeur à celle de Göttingen, où il fonde un centre d’études pour les électrolytes. En 1905, il obtient une chaire de chimie physique à Berlin ; enfin, à partir de 1925, il y assure la direction de l’Institut de physique.

Nernst fait preuve d’une infatigable activité, qui va l’entraîner dans des domaines fort variés de la science. En chimie physique, spécialité dont il est un des créateurs, il est l’auteur de travaux sur les équilibres physico-chimiques. Il apporte surtout, en 1889, une contribution fondamentale à la théorie des solutions, plus spécialement à la dissociation ionique des électrolytes, à leur diffusion et à leur hydratation ; il édifie une théorie des générateurs électrochimiques, permettant le calcul de la force électromotrice des piles.

Il invente, en 1898, une lampe électrique à incandescence, constituée avec de la magnésie et des terres rares rendues conductrices par un chauffage préalable. Très en vogue pendant un certain temps, cette lampe a été détrônée par les ampoules usuelles à filament métallique incandescent ; elle a néanmoins conservé une certaine utilité au laboratoire, en raison de sa luminance élevée.

En physique proprement dite, Nernst a imaginé la méthode électrique en calorimétrie ; il l’a employée, en collaboration avec F. A. Lindemann (lord Cherwell, 1886-1957), pour des mesures de chaleurs massiques effectuées aux très basses températures ; il a ainsi montré, en 1906, qu’au voisinage du zéro absolu les chaleurs massiques et les coefficients de dilatation tendent vers zéro.

Théoricien autant qu’expérimentateur, il en a déduit la proposition, souvent qualifiée de « troisième principe de la thermodynamique », selon laquelle l’entropie d’un corps homogène solide ou liquide est nulle au zéro absolu. Parmi les conséquences de cette affirmation, on note la possibilité de prévoir l’affinité chimique d’un atome pour un autre. De plus, ce résultat, qui a mis Nernst en contact avec les théories quantiques, explique l’intérêt qu’il va porter aux conceptions de son collègue Planck*.

Ces travaux lui ont valu le prix Nobel de chimie en 1920.

Notons enfin que, parmi divers ouvrages, il a publié en 1893 une Theoretische Chemie qui, pendant trente ans, est restée le traité classique de la physico-chimie.

R. T.

Néron

En lat. Lucius Domitius Tiberius Claudius Nero (Antium 37 apr. J.-C. - Rome 68), empereur romain (54-68).



L’homme

Petit-fils de Germanicus par sa mère Agrippine la Jeune et fils du patricien Cneius Domitius Ahenobarbus, Lucius Domitius, le futur Néron, voit son éducation confiée à des esclaves, puis à des affranchis. D’intelligence précoce, mais pratiquement abandonné à lui-même, il est, grâce aux intrigues de sa mère, fiancé très jeune à Octavie, la fille de l’empereur Claude*. Adopté par ce dernier (févr. 50), il ne semble à cette date ne manifester de goût que pour l’art et les courses de chevaux, jusqu’au jour où Sénèque, de retour d’exil, reçoit la charge de l’instruire. Sans grand succès, le philosophe s’efforce de développer ses dons oratoires et encourage ses dispositions naturelles pour le chant et la poésie. En 51, le sénat, dûment chapitré par les émissaires d’Agrippine, déclare Néron prince de la jeunesse, tandis que l’héritier légitime du trône, Britannicus, le fils de Claude, doit se contenter de jouer un rôle subalterne. Au printemps 53, Néron épouse Octavie. Un an plus tard, Claude meurt empoisonné par Agrippine (oct. 54) et Néron, qui n’a pas dix-sept ans, est proclamé empereur par les prétoriens, choix que le sénat ratifie.

Agrippine la Jeune

Fille aînée de Germanicus, Agrippine naît le 6 novembre de l’an 16 de notre ère. Mariée très jeune à Lucius Domitius Ahenobarbus, personnage aux mœurs dissolues de quelque vingt-cinq ans son aîné (il mourra en 40), elle se voit exilée pour avoir conspiré contre son frère, Caligula*. De retour à Rome après l’assassinat de ce dernier (41), elle se remarie avec le célèbre et richissime orateur Caius Passienus Crispus. D’une ambition insatiable, elle ne néglige rien pour capter la confiance du nouvel empereur, son oncle Claude*. Au début de l’année 49, quelques mois après le meurtre de Messaline et, coïncidence providentielle, juste après le décès de son second mari, elle parvient à épouser Claude. Intelligente, impérieuse, cupide et calculatrice, elle prend une part effective dans l’exercice du gouvernement. En 53, elle atteint le second objectif qu’elle s’est fixé : le mariage de Néron avec Octavie. Craignant par la suite que Claude ne proclame Britannicus son successeur au lieu de Néron, elle fait empoisonner l’empereur (oct. 54).