Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Néolithique (suite)

Le Chasséen revêt différents aspects suivant les industries lithiques associées. Ainsi, dans le midi de la France, les objets en bois de cervidés sont rares, mais les outillages sur lamelles (grattoirs, perçoirs) sont caractéristiques. Les instruments du Bassin parisien sont plus massifs. Vers l’ouest, l’industrie est pauvre. En revanche, l’Est possède de belles lames retouchées, des pointes de flèches triangulaires et de nombreux objets en bois de cerf.

Le Cortaillod caractérise les palafittes suisses. Cette céramique se singularise par ses décors en relief.

La céramique de Lagozza, lissée et peu décorée, recouvre le nord-ouest de l’Italie. Des lames bien retouchées et des microlithes géométriques constituent l’essentiel de l’industrie associée.


Le Néolithique tardif et le Chalcolithique

Les cultures du Néolithique tardif (fin du IIIe millénaire - début du IIe millénaire) accusent une très nette diversification. Néanmoins, la céramique « campaniforme » (appelée aussi gobelet caliciforme), venant du sud de la péninsule Ibérique, s’étend sur toute l’Europe occidentale et une bonne partie de l’Europe centrale, où elle se mêle à un autre faciès néolithique provenant de Russie, celui de la poterie « cordée ». Cette dernière a couvert la plus grande partie de l’Europe septentrionale. Signalons enfin les cultures de Horgen (Suisse), de Seine-Oise-Marne, de Vienne-Charente et de Fontbouisse. La céramique est grossière et peu décorée, mais l’industrie lithique apparaît très riche.

Notons que, tout au long du Néolithique, se développe l’échange de coquillages, de pierres et de l’ambre ainsi que du cuivre au Chalcolithique. Ces échanges s’épanouiront en véritable commerce de matières premières aux âges suivants.

Vers 1800 av. J.-C., l’alliage du cuivre et de l’étain fait entrer l’Europe dans l’âge du bronze*.


Le Néolithique dans les autres parties du monde

Comme il est noté plus haut, le terme Néolithique est réservé en principe aux cultures proprement occidentales. Les nouvelles théories relatives à cet âge nous amènent cependant à décrire les phases culturelles des autres parties du monde correspondant à ce stade, l’aspect économique des choses étant prédominant.


Afrique

Les influences asiatiques atteignent rapidement l’Afrique septentrionale, dont la partie orientale semble être alors dans un état « subnéolithique ». L’agriculture apparaît d’abord dans la partie nord de la plaine du Nil, vers le Ve millénaire, et se répand très vite ensuite vers le sud, jusqu’à la Nubie. Le Néolithique égyptien est court ; très vite apparaissent les civilisations pharaoniques et les périodes historiques.

À partir de la vallée du Nil, le Néolithique se disperse lentement vers le sud, pour atteindre l’Érythrée, plus rapidement à l’ouest. Les fresques du Sahara témoignent de l’importance des bovidés dans ce qui est aujourd’hui un désert. La céramique s’inspire de l’Égypte ; seul le Maroc subit les influences de l’Europe méridionale.


Asie méridionale

La plaine alluviale de l’Indus* connaît le même phénomène que l’Égypte. Soumise aux influences iraniennes, cette civilisation entre rapidement dans l’histoire et ne connaît guère du Néolithique que les périodes chalcolithiques naissantes. La plaine du Gange semble avoir connu un développement parallèle à celui de l’Indus. À mesure qu’on s’éloigne de l’Iran, le riz tend à remplacer le blé comme base de l’agriculture.


Extrême-Orient

Les préhistoriens n’ont pu encore déterminer avec certitude si le Néolithique extrême-oriental est né indépendamment de l’Asie Mineure. Il semble bien cependant, eu égard à l’originalité de ses caractères tant agricoles que technologiques, que le Néolithique chinois ne doive rien au monde occidental. Il est difficile d’en préciser les débuts, que l’on situe généralement vers le IIIe millénaire. Mais il est fort possible qu’il nous faille remonter un jour plus loin dans le temps. Certains auteurs avancent le VIe millénaire. Le long du cours moyen du Huanghe (Houang-ho) en Chine du Nord, on cultive le millet, puis le riz apporté du Sud-Est asiatique. Cela indique des liens étroits entre l’Asie tropicale et la Chine du Nord.

La civilisation de Yangshao (Yang-chao) caractérise le Néolithique ancien. Elle se présente brusquement à nous, pleinement développée : ce fait semble donner raison aux défenseurs de l’« invention » chinoise. On ne connaît pas à ce jour de phase de transition entre le Paléolithique et cette civilisation. L’élevage, qui semble postérieur à l’agriculture, s’appuie essentiellement sur le porc et le chien, un peu moins sur le bœuf et le mouton. La forme des maisons est ronde ou rectangulaire, les murs sont d’argile et le centre occupé par un foyer. Une belle céramique polychrome côtoie une poterie d’usage à impressions de tissus et caractérise cette phase ancienne.

La culture de Longshan (Long-chan) s’épanouit entre 2400 et 1850 av. J.-C. Elle constitue le Néolithique récent et se différencie nettement de la culture précédente, en particulier par sa fine céramique noire lustrée. Elle se situe d’autre part plus à l’est, vers la mer de Chine. Notons la pratique de la « scapulomancie », c’est-à-dire la divination par l’interprétation des os éclatés à la chaleur. (Ce système est sans doute à l’origine de l’écriture chinoise.) Les techniques étaient évoluées : faucilles en pierre polie et polissage du jade. La Chine évolue alors rapidement et entre dans les périodes dynastiques.

Parti du nord, le courant de néolithisation descend vers le sud en s’adaptant aux conditions locales. La région de Hoa Binh (Viêt-nam) présente déjà un faciès culturel protonéolithique lorsque le courant chinois se combine avec lui pour créer un Néolithique assez original dans tout le Sud-Est asiatique. Ce faciès est caractérisé par son outillage (herminettes à tenon). Au Japon, la culture « jōmon » correspond au Néolithique.