Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nématodes pathogènes (suite)

• Les Ankylostomes. Tout aussi fréquente, sinon plus que la précédente, apparaît l’ankylostomiase (autrefois appelée ankylostomose), due à deux variétés d’Ankylostomes (ou Ancylostomes) [Ankyslostoma duodenale et Necator americanus]. Transmise par pénétration transcutanée de larves strongyloïdes, cette parasitose a presque la même répartition géographique que l’anguillulose. En France, elle a parfois été observée comme maladie professionnelle des mineurs travaillant dans des galeries profondes, chaudes et humides. Les Ankylostomes provoquent des crises douloureuses épigastriques associées à des signes d’anémie parfois intense en raison de la spoliation sanguine dont ils sont responsables et grâce à laquelle ils assurent leur subsistance (on a ainsi calculé qu’un Ankylostome adulte fixé au duodénum par ses crochets a besoin de 0,2 ml de sang par jour ; et il n’est pas rare d’observer 500 parasites adultes chez un sujet infesté). Le diagnostic est confirmé par l’examen parasitologique des selles montrant les œufs d’Ankylostomes sensiblement différents selon l’espèce en cause. Le traitement médical tend à tuer le parasite par diverses médications, dont la plus active reste le tétrachloréthylène, mais il consiste aussi à rétablir le taux d’hémoglobine très abaissé dans les formes graves de l’enfant ou de la femme enceinte. En fait, seule une prophylaxie par l’éducation sanitaire et par l’octroi d’une paire de souliers fermés aux populations exposées et démunies permettrait sinon d’éradiquer cette parasitose, du moins d’abaisser notablement son incidence.


Vers de la peau

Les filarioses constituent un ensemble d’helminthiases particulièrement polymorphes.

On distingue les filarioses lymphatiques et sanguicoles des filarioses cutanéo-dermiques.

Les filarioses lymphatiques observées en zone intertropicale sont dues à la présence dans les ganglions et les canaux lymphatiques de Filaires adultes spécifiques (Filaire de Bancroft, ou Wuchereria Bancrofti, et Pilaire de Malaisie, ou Brugia malayi). Les femelles émettent des embryons, ou microfilaires, qui se trouvent en permanence dans la lymphe et périodiquement (souvent la nuit) dans le sang. Transmises par des Moustiques vecteurs, ces filarioses sont responsables de lymphangites aiguës des membres ou des organes génitaux, auxquelles peuvent succéder diverses manifestations chroniques (gros ganglions, présence de chyle dans les urines et surtout éléphantiasis). Le diagnostic de certitude est apporté par la découverte de microfilaires dans le sang ou dans les liquides d’épanchement chyleux. Le traitement des manifestations précoces est à base de diéthylcarbamazine. Celui des lésions tardives est assez souvent chirurgical.

La loase, due à la Filaire Loa loa, strictement africaine, est transmise par un Taon (Chrysops) encore appelé Mouche filaire. Elle sévit dans l’ouest et le centre de l’Afrique noire, se manifestant par des migrations parasitaires adultes sous la conjonctive de l’œil ou sous la peau, responsables de l’œdème de Calabar. Des complications neurologiques, cardiaques et rénales ont été décrites, mais dans l’ensemble cette filariose reste bénigne. Le danger serait de la traiter par des doses de charge de diéthylcarbamazine qui risqueraient d’entraîner d’importantes réactions de lyse parasitaire. Aussi faut-il effectuer avant tout traitement une numération des microfilaires dans le sang afin d’avoir la certitude diagnostique et de savoir si l’on peut ou non commencer le traitement.

L’onchocercose est une filariose cutanéo-dermique redoutable par ses complications oculaires. Elle sévit en Afrique intertropicale, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Elle est due à la Filaire Onchocerca volvulus, qui vit dans le derme, soit libre, soit dans des nodules fibreux (onchocercomes), les femelles émettant des embryons, ou microfilaires, qui se répandent dans le derme sans périodicité. Le vecteur est une Simulie, petit Diptère ressemblant à un Moucheron noir dont les gîtes larvaires se trouvent dans les berges des cours d’eau rapide. L’onchocercose se manifeste cliniquement par des signes cutanés (prurigo pouvant aboutir au tableau de gale filarienne), sous-cutanée (les onchocercomes) et oculaires (kératite, iritis et choriorétinite pouvant aller jusqu’à la cécité). Le diagnostic est assuré par la biopsie cutanée, qui met en évidence les microfilaires dermiques, ou par l’extirpation des nodules, ou bien encore par la découverte de microfilaires dans la chambre antérieure de l’œil. Le traitement par la diéthylcarbamazine (à la base du test diagnostique de Mazzotti), suivi de suramine sodique à visée macrofilaricide, comme la nodulectomie, n’est qu’un palliatif. La prophylaxie de l’onchocercose, qui constitue un problème de santé publique, doit porter sur les Simulies, mais il se révèle difficile.

La dracunculose est due au Ver de Guinée, ou Filaire de Médine (Dracunculus medinensis). Cette filariose cutanéo-dermique sévit en Afrique noire et en Asie. Transmise par l’eau de boisson puisée dans les marigots ou dans les puits contenant un petit Crustacé, le Cyclops, qui est l’hôte intermédiaire, l’affection se caractérise par la présence sous la peau des membres inférieurs surtout, mais aussi en d’autres territoires, de la femelle adulte. Celle-ci fait irruption au contact de l’eau, qui ramollit la peau en regard, et libère ses embryons qui seront hébergés par le Cyclops. Elle est responsable d’abcès sous-cutanés parfois très invalidants. Le seul traitement consiste dans l’extirpation artisanale des vers, que l’on enroule autour d’un bâtonnet. Dans les pays d’endémie, la dracunculose, par les effractions cutanées qu’elle entraîne, est une source non négligeable de tétanos.


Autres affections dues à des Vers

Il reste enfin, parmi les helminthiases à Nématodes, quelques particularités parasitaires observées de temps à autre en pathologie humaine : la toxocariase, atteinte parasitaire par la larve d’un Ascaris du Chien, l’angio-strongylose, responsable de méningites à éosinophiles dans certains territoires du Pacifique, ou encore l’avisakiase, contractée à partir de Poissons crus et responsable de troubles abdominaux.

M. R.

➙ Parasitisme.