Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nématodes pathogènes (suite)

Parasitoses dues aux Nématodes


Vers de l’intestin

Parmi les helminthiases intestinales dues à des Vers ronds figurent l’ascaridiase, l’oxyurose, la trichocéphalose, l’anguillulose et l’ankylostomiase.

• Les Ascaris. L’ascaridiase est une des parasitoses les plus répandues dans le monde : un individu sur quatre a hébergé, héberge ou hébergera le parasite, qui est l’Ascaris (ou Ascaride) [Ascaris lumbricoides]. Ce Ver rond aux extrémités effilées, rosé, est recouvert d’une cuticule épaisse. Les sexes sont séparés. La femelle mesure de 20 à 25 cm, et le mâle de 15 à 17 cm de long. L’Homme s’infeste en ingérant des œufs embryonnés avec des aliments crus et insuffisamment lavés. Parvenu dans l’estomac, l’œuf embryonné libère sa larve, qui gagne le foie par la veine porte. De là, cette larve parvient au cœur droit et passe dans l’artère pulmonaire. Elle quitte alors la voie sanguine pour la voie aérienne, franchissant par effraction les parois des alvéoles du poumon, et remonte jusqu’à la trachée pour basculer au niveau du carrefour aérodigestif dans l’œsophage. Elle deviendra adulte dans l’intestin grêle, et la femelle fécondée pondra des œufs émis dans les selles 60 jours après la contamination. Ce cycle parasitologique, particulièrement complexe, explique les diverses manifestations cliniques qui correspondent aux deux stades : larvaire, à tropisme tissulaire, et adulte, à tropisme purement digestif. Le premier stade de migration larvaire peut être tout à fait latent, mais peut aussi s’individualiser sous forme d’un syndrome de Löffler, caractérisé par des infiltrats pulmonaires labiles visibles radiologiquement, et par une hyperéosinophilie sanguine parfois rehaussée de fièvre et de toux avec quelques crachats sanglants. Le second stade, adulte, se traduit essentiellement par des signes digestifs à type de douleurs abdominales, d’anorexie, avec parfois vomissements et diarrhée. Des troubles nerveux et méningés peuvent éventuellement s’observer, surtout chez l’enfant, ainsi que des complications chirurgicales, en fait rares (appendicite, cholécystite). Le diagnostic de l’ascaridiase est habituellement porté lors de l’émission de Vers adultes soit dans les vomissements, soit dans les selles. À partir du 60e jour du cycle, les examens des selles permettent la mise en évidence des œufs, tout à fait caractéristiques. Enfin, à la phase initiale, les examens immunologiques peuvent servir d’appoint. Le traitement est essentiellement médical. Il reposait autrefois sur la santonine. Actuellement, deux types de médications sont utilisés : soit les dérivés de la piperazine, soit les dérivés du tétramisole. Les résultats en sont très bons, du moins dans l’immédiat ; rarement s’imposera une intervention chirurgicale. Mais le vrai problème est celui de la prophylaxie, principalement dans les pays en voie de développement, où seule l’éducation sanitaire devrait permettre d’assister à une régression de cette parasitose, à laquelle l’enfance paie un lourd tribut.

• Les Oxyures. Plus bénigne paraît l’oxyurose, due à un autre Ver rond, l’Oxyure (Enterobius vermicularis). Ce ver, décelable à l’œil nu, est fusiforme. La femelle mesure 10 mm de long, le mâle 3 mm. Les œufs sont absorbés avec les aliments, mais une fois infesté, l’enfant peut se réinfester, car les femelles viennent pondre au niveau de la marge de l’anus. Le prurit anal, qui est le symptôme majeur, est à l’origine de l’auto-infestation, l’enfant portant inconsciemment sa main à la bouche. Comme pour d’autres verminoses, l’on décrit des troubles nerveux au cours de l’oxyurose. Le diagnostic est le plus souvent fait par une mère de famille attentive qui découvre des « vermissaux blanchâtres » dans les selles. Le test au papier adhésif appliqué sur la peau de la marge anale permet d’autre part de découvrir les œufs embryonnés déposés durant la nuit. Le traitement actuel est à base de dérivés de la pipérazine ou de sels de pyrvinium. Toutefois, les effets de tels traitements médicamenteux ne sauraient être que transitoires si l’on n’y ajoutait des mesures prophylactiques, consistant dans une hygiène efficace et dans une éducation sanitaire. D’autre part, il est indispensable de traiter simultanément tous les membres d’une famille ou d’une collectivité parasitée.

• Les Trichocéphales. La trichocéphalose, due au Trichocéphale (Trichuris trichiura), Nématode de 3 à 5 cm de long, est sans doute la plus anodine des helminthiases intestinales cosmopolites. Dans l’immense majorité des cas, aucun symptôme n’apparaît ; exceptionnellement, chez l’enfant ou sur terrain carence, des infestations massives sont à l’origine de troubles abdominaux ou de diarrhées. L’examen coprologique permet le diagnostic par la présence d’œufs caractéristiques présentant un bouchon clair aux deux extrémités. Aucun traitement ne s’impose en règle générale contre cette parasitose bénigne.

• Les Anguillules ou Strongyloides. Sévissant plus particulièrement en zone tropicale, l’anguillulose, ou strongyloïdose, est due au parasitisme duodénal de l’Anguillule (Strongyloides stercoralis). La femelle parthénogénétique, enfouie dans la muqueuse duodénale, pond des œufs éclos dans l’intestin, d’où des larves dites « rhabditoïdes » s’échappent, qui seront émises avec les selles. Il existe alors trois cycles possibles : un cycle externe asexué direct, encore appelé parthénogénétique ; un cycle externe sexué indirect, encore appelé hétérogonique ; enfin, un cycle interne, ou cycle d’auto-infestation endogène. Ces trois cycles aboutissent à la pénétration par voie cutanée de larves strongyloides infestantes succédant aux larves rhabditoïdes. L’Homme se contamine le plus souvent en marchant pieds nus dans la boue, et l’anguillulose sévit principalement dans les régions chaudes et humides du globe (Afrique tropicale, Amérique latine, Antilles, Sud-Est asiatique). Les symptômes cliniques se déroulent en trois phases : tout d’abord cutanée avec prurit inconstant, ensuite laryngo-pulmonaire, souvent complètement muette, enfin digestive, caractérisée par des douleurs abdominales avec diarrhée, associées parfois à des signes cutanés. Cette parasitose s’individualise par sa durée, qui peut-être très prolongée, jusqu’à trente ans. Le diagnostic repose sur les examens coprologiques spécialisés et le traitement actuel consiste dans l’administration de thiabendazole.