Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

neige (suite)

Conclusion

Ainsi, la neige apparaît comme un phénomène majeur à la surface du globe : phénomène intégré au milieu naturel et aussi à la vie de l’homme, à qui il sert de support dans le cadre de la « civilisation des loisirs » en même temps que dans celui d’une société vouée aux grandes consommations énergétiques (équipement hydroélectrique de la Columbia et du Fraser).

P. P.

 C.-P. Péguy, la Neige (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 2e éd., 1968). / J. Corbel, Neiges et glaciers (A. Colin, 1962). / S. Orvig, Climates of the Polar Regions, t. XIV de World Survey of Climatology (Amsterdam, 1970). / P. Pagney, les Climats polaires (C. D. U., 1970).

Nekrassov (Nikolaï Alekseïevitch)

Poète et publiciste russe (Iouzvino, près de Vinnitsa, 1821 - Saint-Pétersbourg 1877).


Comme éditeur et comme critique, Nekrassov a été le bienfaiteur des lettres russes. Pendant plus d’un quart de siècle, avec ses deux revues, le Contemporain et les Annales de la patrie, il a découvert, lancé, encouragé tout ce que la Russie comptait de talents littéraires, à une époque où la moisson était abondante. Le jeune Dostoïevski* lui confie ses Pauvres Gens, Tourgueniev* les Récits d’un chasseur ; Tolstoï* lui envoie sa première nouvelle, Enfance. Il découvre encore Tiouttchev* et publie des articles de Herzen*.

Comme écrivain, Nekrassov n’a pas tout à fait témoigné du même goût ni du même jugement. Ses contemporains ont apprécié en lui le défenseur des humbles, l’apôtre au service de la cause radicale, plutôt que le poète, et ses vers, parfois sublimes, n’ont pas toujours évité le ridicule et le pathos larmoyant.

Mais, au fur et à mesure que s’estompait le contexte politique, on découvrit en Nekrassov une sorte de conteur, ou de chanteur populaire, simple et vigoureux, qui aima de toutes ses forces le peuple russe, et en montra la beauté dans un mélange original de mythes et de réalité, de rêves et de satire.

Nekrassov naît dans une riche famille de propriétaires terriens, plutôt bornés, avec laquelle il se brouille très jeune. Il n’achève même pas ses études secondaires, suit des cours à l’université et gagne sa vie comme il peut en vendant de la littérature : feuilletons rimes, vaudevilles, mélodrames. Son premier recueil, Rêves et sons (1840), écrit avec beaucoup de facilité, est jugé sévèrement par le critique Belinski*. Cinq ans plus tard, Nekrassov est un jeune auteur célèbre : il publie la Physiologie de Pétersbourg, se lie avec Belinski, édite les œuvres de la nouvelle école littéraire et, en 1847, rachète à Petr A. Pletnev (1792-1865) le Contemporain de Pouchkine. Cette revue sera l’organe des radicaux, jusqu’à ce qu’elle soit interdite en 1866, à la suite de l’attentat contre le tsar Alexandre II. Nekrassov prendra deux ans plus tard, avec le terrible satiriste Saltykov*-Chtchedrine, la direction des Annales de la patrie.

L’origine sociale de Nekrassov, jointe à ses choix politiques, fait de lui un déclassé ; son caractère s’en ressent. De santé fragile, il a l’humeur sombre, vindicative, morose, et il appelle lui-même sa muse la « muse de la vengeance et de la tristesse ». Il a gardé de sa naissance le goût du luxe et de la bonne chère, des femmes et du jeu — où il gagne une petite fortune —, ce qui s’accommode assez mal avec ses professions de foi radicales. Éditeur de gauche, il ne dédaigne pas la compagnie des « hommes arrivés », même réactionnaires. Ces paradoxes lui valent quelques solides inimitiés. Du reste, Nekrassov n’est pas un homme heureux. Son amour pour la femme de I. I. Panaïev (1812-1862) lui cause plus de souffrances que de joies et son mariage avec une fille de modeste condition le déçoit. Sa vie privée est à peu près entièrement absorbée par sa vie professionnelle. Et, bien que sa renommée de poète social ne cesse de s’étendre, les esthètes et les tenants de l’art pur continuent de le tenir pour négligeable.

Pourtant, Nekrassov réussit ce rare mélange d’être bon journaliste et bon poète, l’un enrichissant l’autre. Il puise son inspiration à une seule et même source, l’amour du peuple, ressenti d’une manière subjective et sentimentale. À côté de vastes poèmes idéalistes à la gloire de la patrie et des femmes russes, ou sur les souffrances du peuple, il écrit des poésies plus intimes dont l’âpreté et l’intensité atteignent des sommets tragiques, tels ces vers de jeunesse : « Qu’il m’arrive de rouler la nuit dans une rue sombre... », ou ses poèmes sur un amour malheureux. Enfin, dans la seconde moitié de sa vie, Nekrassov s’oriente vers des pièces plus courtes, d’un réalisme vigoureux, parfois pleines de sarcasmes, parfois pleines de drôleries (le Général Toptiguine). Satirique, ou tragique, l’expression est toujours puissante. Le Gel au nez rouge (1863) constitue une sorte d’épopée de la vie paysanne, merveilleux tableau de simplicité et de grandeur, où la rudesse des longs hivers russes et la pauvreté des paysans sont magiquement transfigurées par Gel, le prince des forêts glacées. Qui vit heureux en Russie ?, le chef-d’œuvre de Nekrassov, raconte avec beaucoup de verve comment sept paysans parcourent à pied la Russie pour découvrir qui est heureux. Cette longue randonnée donne prétexte à une savoureuse description de différents types de la société russe, paysans, seigneurs et popes. Toutes ces variations autour d’un même thème central, la grandeur du peuple, rappellent le ton des chansons populaires et haussent la poésie sociale à la hauteur d’un art profondément original.

S. M.-B.

 C. Corbet, Nekrassov, l’homme et le poète (Institut d’études slaves, 1950). / V. E. Evgueniev-Maksimov, la Vie et l’activité de Nekrassov (en russe, Moscou, 1952 ; 3 vol.).

Nelson (Horatio Nelson, vicomte)

Duc de Bronte, amiral britannique (Burnham Thorpe, Norfolk, 1758 - au large du cap de Trafalgar 1805).



Les débuts

Fils d’un pasteur, il entre, à douze ans, dans la marine. Il sert aux Indes orientales, puis dans les régions arctiques et est promu lieutenant (1777). Il prend alors part à la guerre d’Amérique, heureux de se mesurer contre les Français, et obtient un avancement rapide grâce à ses brillantes qualités. Après un voyage en France, à la suite du traité de Versailles (1783), il attire l’attention de son gouvernement sur la corruption de ses compatriotes. Rattaché à l’escadre de la Méditerranée (juin 1793) commandée par l’amiral Alexander Hood (1727-1814), il est chargé d’annoncer la nouvelle de la prise de Toulon à Naples, où il rencontre le ministre de la cour, sir William Hamilton (1730-1803), et son épouse Emma (v. 1765-1815), qui va jouer un grand rôle dans sa vie. L’année suivante, il contribue à l’occupation de la Corse, se distinguant aux sièges de Bastia (avr.-mai 1794) et de Calvi (juin-août), où il perd son œil droit. Lorsque l’Espagne déclare la guerre à l’Angleterre, il s’illustre, sous les ordres de l’amiral John Jervis (1735-1823), à la bataille du cap Saint-Vincent (14 févr. 1797). Nommé contre-amiral, il coopère au blocus de Cadix, tente d’attaquer l’île de Tenerife, mais est repoussé (juill.) après avoir perdu son bras droit.