Navarre (suite)
Les derniers rois de Navarre
La mort de la reine Blanche Ire en 1441 entraîne de violentes querelles. De par son testament, son fils Charles IV (1421-1461), prince de Viane, est nommé lieutenant général à la condition qu’il ne s’attribue pas le titre de roi avant la mort de son père. La haine farouche que voue Jean II d’Aragon (1458-1479) au successeur légitime divise le royaume en deux clans : les agramonteses, favorables à Jean II, et les beaumonteses, qui défendent le prince de Viane. La guerre civile éclate. La fortune est contraire au prince de Viane, qui, incarcéré, ne doit la liberté qu’à l’intervention des Catalans, qui l’accueillent en grande pompe à Barcelone.
C’est pourtant dans cette ville qu’il trouve la mort quelques jours plus tard, empoisonné sur ordre de son père si l’on croit ses partisans. Le même sort est d’ailleurs réservé à sa sœur Blanche, à qui il avait transmis ses droits. Lorsque Jean II disparaît en 1479, c’est sa fille préférée Eléonore (v. 1420-1479), unie depuis 1436 à Gaston IV († 1472), comte de Foix, qui reçoit la couronne. Elle n’occupe le pouvoir que très peu de temps et est suivie par son petit-fils François Phébus (1479-1483), puis par la sœur de celui-ci, Catherine (1483-1517), épouse de Jean III d’Albret. Après l’occupation (1485) et l’annexion (1512) par Ferdinand II* le Catholique, la famille d’Albret ne conserve plus que la Basse-Navarre, qui revient aux Bourbons par le mariage, en 1548, de Jeanne III d’Albret (1555-1572) et d’Antoine de Bourbon, duc de Vendôme. L’accession de leur fils Henri III, roi de Navarre en 1562, au trône de France sous le nom d’Henri IV* (1589) lie la Basse-Navarre à la France, dont les souverains vont, dès lors, porter le titre de rois de France et de Navarre.
La Navarre intégrée à l’Espagne
Sous la maison d’Autriche, la partie qui reste à l’Espagne garde ses coutumes, sa monnaie et ses institutions. En 1648, les Navarrais tentent, en vain, de récupérer l’indépendance qu’ils ont perdue. Pendant la guerre de la Succession* d’Espagne, ils appuient Philippe d’Anjou, futur Philippe V, et, au cours de la guerre de l’Indépendance, qui voit s’illustrer deux des leurs, Francisco Espoz y Mina et Francisco Xavier Mina, une junte provinciale dirige la résistance. De 1820 à 1823, des factions royalistes s’opposent aux libéraux. La Navarre est l’un des principaux théâtres d’opérations durant la première et la troisième guerre carliste (v. carlisme), les Navarrais voulant, avant tout, conserver leurs privilèges face aux tendances centralisatrices des libéraux, ce qu’ils obtiennent par la convention de Vergara (1839). À partir de 1841, la Navarre perd le droit de frapper sa monnaie et de réunir des Cortes, mais son autorité administrative est maintenue. Dès le début de la guerre civile en 1936, elle participe au conflit du côté nationaliste.
R. G.-P.
➙ Basques (provinces) / Espagne / Reconquista.