Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nanisme (suite)

Les nanismes de causes inconnues

On peut observer : un nanisme avec sénilité précoce aboutissant à l’infantilisme et à la mort à l’âge adolescent ; un nanisme microcéphale avec petite tête et cachexie ; un lepréchaunisme (de Leprechaun, lutin d’un conte irlandais) avec faciès difforme qui fait comparer ce type de nains à des gnomes.

J. C. D.

Nankin

En pinyin Nanjing, v. de Chine, située sur la rive sud du Yangzijiang (Yang-tseu-kiang), dans le sud-ouest de la province du Jiangsu (Kiang-sou), dont elle est le chef-lieu.


De fondation ancienne et capitale à plusieurs reprises, Nankin (« Capitale du Sud ») reste un centre économique et culturel très important 1 670 000 hab. en 1965. Elle est reliée par chemin de fer à Pékin au nord et à Shanghai (Chang-hai) au sud.

Le site était occupé dès le IVe millénaire av. J.-C. ; on y fondait le bronze dès le IIIe millénaire. Les avantages stratégiques du site sont réels : le lit du Yangzijiang est ici étroit (600-700 m), c’est donc un point de franchissement presque obligatoire. Sur la rive gauche s’étendent la plaine alluviale, large de 3 km, et, au-delà, sans aucun obstacle de relief, la Grande Plaine du Nord, qu’annoncent les premiers dépôts de lœss. Sur la rive droite, au contraire, le fleuve est immédiatement au contact de collines vigoureuses qui sont l’extrême avancée vers le nord des « basses montagnes » de la Chine méridionale : Shizishan (Che-tseu-chan, « colline du Lion », qui domine immédiatement le fleuve), Huayuangang (Houa-yuan-kang, « monts des Jardins Fleuris »), Qingliangshan (Ts’ing-liang-chan), celles-ci dominant le resserrement du fleuve et un peu au-delà, en amphithéâtre, Zijinshan (Tseu-tsin-chan, « mont d’Or Pourpre »), Yuhuatai (Yu-houa-t’ai), Niushoushan (Nieou-cheou-chan). Entre les collines, les parties basses, étroites étaient marécageuses, découpées partiellement par des lacs. La position était forte, face au nord et à l’ouest. La fortune de Nankin tient précisément à ces avantages définitifs du site face au nord qui firent choisir la ville comme capitale de l’Empire par le premier Ming.

La fondation de la ville proprement dite remonte à l’époque des Printemps et Automnes et à celle des Royaumes combattants (722-221 av. J.-C.). La présence de minerais dans le sol des collines entraîna la formation d’une petite agglomération de forgerons. En 473 av. J.-C., le roi de Yue se fortifia dans la région de Nankin dans l’intention d’attaquer l’État de Chu (Tch’ou). On a retrouvé, au sud de la ville actuelle, les traces de son fortin, connu ultérieurement sous le nom de Yue cheng (Yue tch’eng, « forteresse de Yue »). À la fin du ive s. av. J.-C., le roi de Chu, qui avait triomphé de Yue, s’installa à son tour sur une colline où il fonda le bourg de Jinling (Kin-ling, « le Tertre d’or »). Lorsque Qin Shi Huangdi (Ts’in Che Houang-ti) eut unifié l’Empire (221 av. J.-C.), il y établit une commanderie.

L’essor de la ville ne commença réellement qu’à partir du iiie s. apr. J.-C. et se poursuivit pendant la période des dynasties du Sud. En 229, la ville porta le nom de Jianye (Kien-ye) et devint la capitale de l’État de Wu (Wou), récemment fondé par la famille des Sun (Souen). Une agglomération de plan rectangulaire, comportant une enceinte de 10 km de pourtour, fut construite juste au sud du lac Xuanwu (Hiuan-wou). Le palais se trouvait dans le nord de la ville ; en 247, en l’honneur de moines venus d’Occident, on construisait le premier temple bouddhique. En 317, Jianye passait aux mains des Jin (Tsin) orientaux, qui lui donnaient le nom de Jian-kang (Kien-k’ang). Puis, aux ve-vie s., ce furent les Song, les Qi (Ts’i), les Liang (Leang) et les Chen (Tch’en) qui tous eurent leur capitale à Jiankang. Les dimensions de l’agglomération étaient à peu de chose près celles de Jianye. La ville était un centre économique important, réputé pour ses forges, ses fonderies (dont la spécialité était de produire un « acier cent fois recuit » et un « acier mêlé »), ses ateliers de tissages et ses fours à céramiques. La ville comptait alors quatre grands marchés et plus de dix petits. Des contacts ayant été noués par mer avec les pays des mers du Sud, on y trouvait de nombreux produits exotiques. Jiankang était aussi un centre culturel où vivaient de nombreux penseurs et artistes, tels Fan Zhen (Fan Tchen), auteur du Discours sur la destruction de l’esprit (507), le poète Xie Lingyun (Sie Ling-yun, 385-433), le calligraphe Wang Xizhi (Wang Hi-tche, 321-379), le peintre Gu Kaizhi (Kou K’ai-tche*). C’est à Jiankang également que le pèlerin bouddhique Fa Xian (Fa Hien) [ive-ve s.] rédigea ses mémoires après un long voyage à travers l’Asie centrale, l’Inde et l’Insulinde. Sous le règne de l’empereur Wudi des Liang (502-549), le bouddhisme connut un grand essor, et de nombreux temples furent construits. De la fin du vie s. au milieu du xive s., la ville, si on excepte quelques années pendant lesquelles elle redevint la capitale de la dynastie locale des Tang du Sud (937-975), ne fut plus qu’un centre local.

À la fin de l’époque Yuan, en 1356, Zhu Yuanzhang (Tchou Yuan-tchang, le futur empereur Hongwu, fondateur de la dynastie des Ming) s’empara de la ville et lui donna le nom de Yingtianfu (Ying-t’ien-fou). En 1368, après s’être rendu maître du pays, il en fit le siège de sa nouvelle capitale (Yongle [Yong-lo] devait la transférer en 1403 à Pékin). C’est aux Ming que Nankin doit sa physionomie actuelle. On construisit une première enceinte de plan irrégulier, en brique, longue de 57 km et englobant, outre la ville des Song et des Yuan, un vaste espace situé au nord entre le Yangzi et le lac Xuanwu et une moindre superficie au sud-est, autour du nouveau palais impérial. La ville était traversée de belles artères dallées. Afin de peupler la nouvelle capitale, on fit venir 20 000 familles aisées. L’industrie s’y développa considérablement (chantiers navals, tissages, imprimeries…). C’était un centre culturel important. Au collège impérial, une équipe de lettrés compilait l’énorme Encyclopédie de Yongle (Yongle dadian) ; des astronomes musulmans y mettaient au point le calendrier officiel ; en 1599, le jésuite Matteo Ricci obtenait l’autorisation de s’y installer.